Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a décerné une bourse de carrière de 60 000 $, hier, à Montréal, à l’architecte de Québec Jacques Plante. Pendant deux ans, il élaborera un projet de « lieu de théâtre inusité » qui pourrait se concrétiser dans le tunnel de l’autoroute Dufferin-Montmorency, à temps pour le 400e anniversaire de la ville.
En 1979, alors qu’il terminait son bac en architecture à l’Université Laval, Jacques Plante s’intéressait déjà à cette bretelle sans issue de l’autoroute, puisqu’il avait déposé un travail de fin d’études sur ce singulier tunnel. L’automne dernier, il y a emmené ses propres étudiants en architecture, qui ont été « assommés » par la beauté du lieu : un espace de 500 pieds de longueur, haut de deux étages, avec la falaise à nu en guise de paroi.
« L’endroit est théâtral en lui-même », a-t-il commenté au SOLEIL, la semaine dernière, alors que l’attribution de sa bourse n’était pas encore officiellement annoncée.
A 50 ans, Jacques Plante éprouve le désir « se renouveler ». Cette bourse lui donnera l’occasion « d’explorer de nouvelles avenues ». Au cours des deux prochaines années, il se rendra ainsi à New York et à Londres pour collaborer à diverses réalisations scénographiques. Il visitera aussi des lieux de spectacle inusités, tels ce théâtre, en Suède, lové au coeur d’une carrière de pierre et dépourvu de technologie lourde.
Pour son projet de création, il s’inspirera du « théâtre total » de l’architecte allemand Walter Gropius, qui avait imaginé, en 1920, une salle de spectacle flexible, dont la scène se déplaçait en mouvements automatiques. « Il n’y avait pas de barrière entre les acteurs et les spectateurs, explique-t-il. Je veux comprendre le principe, pour l’expérimenter ensuite avec mes étudiants. »
Jacques Plante estime que nos salles de spectacle sont « figées ». « Mais avant de penser à les adapter, il faudrait comprendre la technique avec laquelle on se sent pris, très souvent », constate celui qui a conçu la plupart des théâtres de Québec : la Bordée, l’Impérial, le Périscope, la Caserne de Robert Lepage. Avec le consortium M.U.S.E., il participe également à la réfection du Palais Montcalm.
Jacques Plante se sent très honoré de recevoir cette bourse que le CALQ remet à un architecte pour la première fois. « Les candidats étaient de gros calibre », fait-il observer. Tous les deux ans depuis 1998, l’organisme offre des bourses de carrière à des créateurs qui exercent leur art depuis au moins 20 ans. Cette année, outre Jacques Plante, les lauréats sont les écrivaines Denise Desautels et Suzanne Jacob et l’artiste en arts visuels Gilles Mihalcean.
Ils n’ont pas l’obligation d’aboutir à des résultats tangibles au terme de leurs deux années de recherche. Mais il est clair que l’architecte de Québec aimerait arriver avec une proposition marquante. Un spectacle unique présenté dans le tunnel de l’autoroute pour le 400e de Québec ? Une salle permanente aménagée dans ce souterrain inutile de la ville ? Un théâtre pour les Gros Becs ? Une scène à la Citadelle où Lysistrada pourrait être joué ? Jacques Plante est à la recherche du meilleur « lieu trouvé » en ville.
Michèle Laferrière, 9 mars 2005. Reproduit avec autorisation
9 mars 2005 à 19 h 57
Quel est ton point de vue sur le sujet, Jaco?… Un autre escalier qui ne verra jamais le jour?
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9 mars 2005 à 21 h 59
Ben , je trouve cela tres intéressant!
Disons que j’ai pas d’opinions ou de jugement sur le concept de théatre mobile…(tout ca est un peu abstrait dans ma tête)
Ce que je trouve intéressant, c’est que ca va mettre de la pression pour s’approprier le lieu, et éventuellement l’aménager…(si son projet fonctionne ce sera inévitable!)
A partir de ce moment là, les jours seront comptés pour les 2 bretelles Dufferin!
Avec un nouveau ministre des transports… on peut rêver que tout est possible encore!
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10 mars 2005 à 02 h 10
Il y a quelques idées intéressantes pour l’instant, et elles tournent souvent autour de théâtre, musée, salle « multimedia ». Cette idée m’intéresse donc. Mais ce qui m’agaçe un peu, c’est qu’on est déjà la ville au Canada, à moins que je me trompe, qui a le plus de siège (ou de salle?) de spectacle par habitant. J’ai l’impression que c’est tout ce qu’on est capable de construire pour le 400e.
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10 mars 2005 à 19 h 05
Je verrais bien un nouveau cinéma à cet endroit. Comme tout le monde le sait, Place Charest n’est pas très accueillant comme cinéma. Saint-Roch en mériterait un nouveau.
Lorsqu’on y pense, l’endroit sera très bien choisi. Des salles de spectacles il y en a déjà un peu partout à Québec et on est loin de manquer de salles de ce genre. Ce n’est pas sans raison que l’agora ferme.
En tk, ce serait réaliste de voir un cinéma à cet endroit? Qu’en pensez-vous?
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10 mars 2005 à 19 h 39
Pas un cinéma à 10$ le billet j’espère ;)
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10 mars 2005 à 22 h 13
Le concept-idée qui me vient à la tête et que j’ai depuis les débuts du projet escalier pour le 400ieme est le suivant; » Il me semble qu’il n’y a presque aucun rappel de la civilisation amérindienne SUR LAQUELLE s’est bâtie la civilisation franco-canadienne en Amérique »
Je suis mal à l’aise avec cet ethno-centrisme…
c’est même un acteur incontournable de l’histoire de cette ville(Urselines, Augustines, Jésuites ; « les Robes noires » sont venues pour convertir..)
Je ne dis pas qu’il faudrait faire un musée de l’amérindien mais a tout le moins un endroit inspirée par la pensée amérindienne…peut-être naturaliste…consacrée à la déesse-mere.
Travailler en conjonction(50-50) avec les communautés amérindiennes pour aménager cette place…serait un beau geste!
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10 mars 2005 à 23 h 10
Quoi précisément, je ne sais pas, mais un truc éclaté et dynamique qui sortirait de l’éternel historico-franco-touristique.
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10 mars 2005 à 23 h 28
À ce compte là, si on est pour faire quelque chose avec les amérindiens, il faudrait aussi penser au quartier chinois qu’on a détruit en faisant cette autoroute.
Mais on peut aussi laisser faire toute saveur ethnique à ce projet…
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11 mars 2005 à 00 h 09
Peut-être pas « une saveur ethnique » , mais il y a déjé un theme dans l’axe de Dufferin(ou Honoré-mercier) ;
Saveur Naturaliste
– statue de l’indien en face du parlement,
– fontaine à theme naturaliste de Simons, -aménagements floraux et bocages le long de dufferin,
-falaise végétative , piliers.sculptures, etc etc
La saveur que je verrais ne serait pas ethnique mais plutot « naturaliste »; ce qui par un pur hasard coinciderait avec la pensée amérindienne pour qui la « Nature » est au coeur de Leur vie et de leur pensée » de leur Spiritualité.
En ce sens ca ne serait pas ethnocentrisme car les québécois se sont passablement « convertis » au respect de la nature (par les robes vertes)
Donc,à la fois les « blancs et les Indiens seraient visés par ce projet et non une ethnie en particulier. Même si un clin d’oeil serait présent inévitablement!
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11 mars 2005 à 13 h 20
A la suite de ce que je viens d’écrire; je suis donc d’accord avec Manu et Francois qu’il ne devrait pas sagir de « l’éternel historico-etnico-amérindien »ou »blanc »…-touristico
Faire du sens
Si on démolit les bretelles Dufferin, c pcq il y a eu un changement dans les « valeurs »; on est plus sensible à l’environnement, à la qualité de vie, à l’ecologie, à la préservation , àu respect de la nature etc etc
Le « blanc » convertit » l’indien mais l’Indien « convertit » le blanc…
Si le projet se réalise, il devra simplement témoigner d’un renouveau (On ne pense plus comme avant)
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