Un débat sur la place des marchés publics ? Le directeur général du Marché du Vieux-Port le souhaite. Mais plus que des idées lancées ici et là, il croit que ce type de commerce mérite un véritable « débat de société ».
Depuis que la Corporation des gens d’affaires du centre-ville de Québec (CGACVQ) a dévoilé son idée, le directeur général du Marché du Vieux-Port, André Filteau déplore que plusieurs réactions lui proposaient d’aller voir des exemples de marchés publics en dehors du Québec. « On nous dit de s’inspirer ailleurs alors que ça fait des années qu’on fait le tour des marchés, en Ontario comme ailleurs. On sait de quoi on parle ! ». Or, transplanter à Québec un modèle extérieur n’est pas si simple, dit-il.
En fait, dans tout ce débat et face aux critiques formulées quant au site de son marché, M. Filteau craint avant tout que l’on oublie la définition même d’un marché public. « Un marché public doit permettre aux coopératives de producteurs de vendre leurs produits directement à la population ». Or, il estime que la tendance actuelle tend à perdre de vue cette façon de faire au profit de simples vendeurs. Et le fameux Marché By, cité en exemple, en est un cas flagrant, dit-il. « Moins de 5 % des locataires du Marché By sont des producteurs et la Ville tente actuellement de les réintroduire. » Les agriculteurs sont présents au Marché By, poursuit M. Filteau, mais il sont dans des emplacements « bordés par des clôtures Frost ! ». « Les producteurs sont dans des cages à poules tout le tour, est-ce que c’est ça qu’on veut ? », demande-t-il.
Pour lui, la question des marchés publics tient du véritable « débat de société ». Un débat auquel il prendrait part volontiers. A condition d’être consulté. Ce qui n’a pas été le cas avant que la CGACVQ ne dévoile son projet en conférence de presse, rappelle-t-il. Sur ce point, le président de la Corporation, Stéphane Boutin, se défend bien d’avoir voulu faire cavalier seul. Cette façon de faire, dit-il, était délibérée et visait à tâter le pouls de la population avant d’aller plus loin avec les autorités politiques. Il affirme que « la balle est maintenant dans le camp de la Ville » qu’il espère rencontrer bientôt.
S’il arrive à convaincre la Ville du sérieux de son projet, M. Boutin assure qu’il refera surface avec un projet détaillé. « Je travaille présentement au montage financier et à la maquette. » Il soutient avoir l’appui de deux promoteurs.
De son côté, la Ville de Québec a clairement réaffirmé sa volonté de miser sur le Marché du Vieux-Port avec un investissement de 4 millions $. Seules quelques formalités restent maintenant à régler avant que ne soit ratifié un protocole d’entente de 15 ans avec la coopérative des horticulteurs.
Valérie Gaudreau, 19 avril 2004. Reproduit avec autorisation