Il y a cinq ans, la Ville et le Conseil régional de concertation et de développement ont investi 500 000 $ dans un projet présenté par la Coopérative des horticulteurs pour revitaliser le marché du Vieux-Port. Peu de personnes s’étaient alors intéressées à cette dépense inutile pour financer un projet qui n’avait aucune chance de réussite. La Coopérative des horticulteurs a été incapable de rencontrer ses obligations et les lieux sont restés « vides, froids, isolés, impersonnels ».
Il existe deux marchés publics dans la nouvelle ville de Québec. Celui du Vieux-Port, ouvert à l’année et géré par les horticulteurs, coûte plusieurs centaines de milliers de dollars à la Ville. Celui de Sainte-Foy, saisonnier et géré par la Ville, fait ses frais et, semble-t-il, rapporte quelques milliers de dollars.
Un marché public est un lieu privilégié de rencontres sociales, un attrait touristique, un service public apprécié par la population. La Ville, qui en assume le financement, doit veiller sur sa gestion pour s’assurer que ses objectifs sont respectés. Elle ne devrait jamais s’en remettre à un groupe d’individus qui, sans en posséder la compétence, chercheront à protéger leurs propres intérêts.
C’est ce qui se passe au marché du Vieux-Port. Un petit groupe d’individus, de l’extérieur de la ville, exploitent à leur profit un espace commercial appartenant aux citoyens. Selon le direction de la Coopérative, le marché « représente un chiffre d’affaires de 12 millions $, et les activités commerciales connaissent une augmentation de 20 % par année ». Avec un tel montant, n’importe qui ferait fortune ! Pourquoi les utilisateurs du marché du Vieux-Port ne réussissent-ils pas à financer leur commerce ?
Le marché n’est plus le seul lieu où les citadins peuvent
s’approvisionner. Les temps ont changé. L’objectif premier doit être un service à la population. Les horticulteurs doivent comprendre que le marché appartient aux citoyens de Québec. Si la Ville injecte des millions $ dans l’agrandissement du marché du Vieux-Port, il ne faudrait pas que ses activités commerciales compétitionnent celles des entreprises établies qui paient leurs taxes sans recevoir de subventions en retour.
On doit dire oui à un marché public au centre-ville, mais à condition qu’il appartienne aux citoyens qui en assurent la presque totalité du financement. Les décisions concernant un investissement de 4 millions $ par la Ville de Québec ne doivent pas être prises sans que la population ne soit consultée. Sa réussite ne peut être assurée que si les décideurs sont attentifs aux suggestions de tous les intervenants, plus particulièrement des citoyens, car il s’agit de leur marché.
Paul Daoust
L’auteur est un homme d’affaires. Il a été un locataire du marché public de Sainte-Foy.
4 mai 2004. Reproduit avec autorisation