Le quartier Limoilou, en basse ville de Québec, n’est pas du tout en train de s’embourgeoiser, contrairement à ce que pourrait laisser croire une certaine concentration d’appartements à vendre dans sa plus vieille partie délimitée par la 1re et la 4e avenues dans l’axe nord-sud, et par la 4e et la 18e rues dans l’axe est-ouest.
Des recherches effectuées par LE SOLEIL démontrent que Limoilou est très loin de suivre le mouvement qui a rapidement transformé de nombreux logements de Saint-Jean-Baptiste et d’une partie de Montcalm en condominiums ou en copropriétés indivises, dans les années 80 et 90.
Limoilou reste massivement un quartier de locataires, estime Carole Despré, spécialiste de l’habitation à l’école d’architecture de l’Université Laval. Certains Québécois y recherchent un appartement à acheter pour retourner dans le quartier de leur enfance, ou comme étape de transition vers quelque chose, plus tard. Mais il y a très peu de logements qui sont vendus, tout compte fait.
Les statistiques de la Régie québécoise du logement confirment l’avis de Mme Despré. Pour toute la ville de Québec, seulement 12 demandes de transformations de logements en condominiums lui sont parvenues depuis 2002. Le boum est définitivement passé, dit Lyne Bonneville, porte-parole de l’organisme.
Ce qui est cependant incontestable, dit l’urbaniste Paul Villeneuve, de l’Université Laval, c’est qu’il y a beaucoup de mouvance locative à Limoilou, parce que c’est le deuxième arrondissement de la grande ville de Québec vers lequel les citoyens de cette dernière migrent le plus.
Seulement trois arrondissements de Québec sont en surplus
migratoire, constate Villeneuve. Le premier est celui de La Cité, ce qui n’étonnera personne ; le deuxième, celui de Limoilou ; et le troisième, celui de Sillery-Sainte-Foy. « C’est là que déménagent les Québécois de Québec quand ils le font, dit Villeneuve. Tous les autres arrondissements sont en déficit migratoire. C’est la natalité qui parvient à maintenir leur niveau de population. »
Les trois arrondissements en surplus migratoire sont les trois arrondissements plus urbains de la région, note l’urbaniste. Ce qui constitue à son avis un revirement majeur. Le retour en ville n’est pas qu’une impression, dit-il, il est réel.
Alain Bouchard, 20 juin 2004. Reproduit avec autorisation