Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Projet récréotouristique le marigot; Seul le cypripède royal pourrait être menacé

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 28 juin 2004 3 commentaires

Les écologistes qui se soucient d’avance de la protection des espèces floristiques ou fauniques dans les grands projets de développement en milieu urbain auront de quoi prendre leur souffle : il n’existe qu’une seule plante d’intérêt sur les vastes terrains qui bordent le Jardin zoologique du Québec où le promoteur Denis Robitaille veut aménager, au coût de 60 millions $, un terrain de golf, un hôtel et un complexe résidentiel de 280 condos de luxe.

Il s’agit du cypripède royal (Cypripedium reginae), une orchidée susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec.

Pour l’instant, cette plante ne figure pas sur la liste des 34 espèces de la flore légalement désignées menacées ou vulnérables au Québec, selon le Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec.

La cuvette de Charlesbourg

Le site d’observation d’un cypripède royal est situé en bordure d’une cédrière, sous la ligne hydroélectrique, dans ce que l’on appelle  » la cuvette de Charlesbourg « , plus précisément à la latitude 465 156 et à la longitude 711 758.

Le projet récréotrouristique Le Marigot est borné à l’ouest par l’autoroute Laurentienne, au sud par les lignes de transport d’énergie parallèles au boulevard Jean-Talon, au nord par le Jardin zoologique du Québec et à l’est par la rivière du Berger.

Selon la firme FORAMEC et le botaniste Jean Deshaye, qui ont mené une étude sur le sujet,  » aucune plante d’intérêt  » n’a donc été trouvée sur ces terrains.  » De façon générale, écrit M. Deshaye, il s’agit de terrains à vocation autrefois agricole (champs en friche depuis 30 ou 40 ans localement en voie de reboisement).  »

 » On y trouve beaucoup de plantes de marécages (saules, peupliers, mélèzes, fougères, pigamon, choux puants, quenouilles, carex, etc.) « , écrit encore le botaniste qui estime de plus que les rives de la rivière Berger  » ne supportent pas davantage de plantes d’intérêt « , bien qu’on y observe des espèces propres à ces milieux, comme l’orme d’Amérique, la grande berge et la matteucie (têtes de violon).

Le biologiste Pierre Bellefleur, du ministère de l’Environnement, a recensé, quant à lui, 82 plantes vasculaires sur le terrain, lors d’une visite le 9 juin. Les architectes du projet, la firme APP inc., ont fait savoir à M. Bellefleur que le cycpripède royale n’a été observé qu’une seule fois et que  » rien ne permet de suggérer que cette même espèce végétale peut raisonnablement se retrouver sur les terrains de golf « .

Pas de piste cyclable

Par ailleurs, le président d’APP, Philip M. Watson, rejette l’idée qu’une piste cyclable soit aménagée en bordure du complexe récréotouristique. Dans une lettre adressée au Service de développement économique de la Ville de Québec, le 31 mai, M. Watson écrit que  » les clients utilisateurs d’une piste cyclable ou piétonnière, à proximité d’un parcours de golf, ne font jamais bon ménage (avec les golfeurs) « .

 » Dans ce cas précis, soutient-il, les utilisateurs de vélos longeraient le parcours de golf, à quelques mètres de distance des golfeurs.  »  » Je ne veux même pas imaginer le nombre de plaintes à venir de la part des golfeurs face à ce dérangement « , écrit M. Watson.

Pour lui, la protection des cyclistes présenterait des problèmes de logistique, d’assurance des lieux et de réaménagement des plans d’architecture.  » L’installation d’une barrière de protection ou filet protecteur n’est pas envisageable à cet endroit, sans remettre en question l’aspect visuel des lieux « , croit encore M. Watson. Il conclut en disant que  » vouloir remettre cette idée à l’ordre du jour pourrait soulever des agacements auxquels le promoteur ne désire pas être confronté « .

Le projet nécessite une modification du schéma d’aménagement urbain de la Communauté urbaine de Québec. Un avis de motion en ce sens a été donné lors d’une séance spéciale du conseil municipal de Québec, le 23 juin.


Claude Vaillancourt, 28 juin 2004. Reproduit avec autorisation

Voir aussi : Arrondissement Charlesbourg, Commercial, Condo, Environnement, Projet - Condos et golf marigot.


3 commentaires

  1. Sébastien

    30 juin 2004 à 21 h 16

    Je connais ces terrains comme le fond de ma poche, j’y aie passé toute mon enfance! Ce sont des swomp (marécages) d’un bout à l’autre! Mais comment s’y prendront-ils pour remblayer tout ça?? c’est énorme!

    Un autre milieu humide qui disparait…

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  2. neige

    30 juin 2004 à 23 h 02

    Exactement – ce n’est pas le cypripède qui est en cause ou quelques autre plante mais la disparition d’un autre immense milieu humide qui recèle et abrite une foule d’habitats, qui régularise et clarifie les eaux sous la surface, purifie l’air, offre des continuetés et corridors à la faune, etc. A Québec, on se donne la spécialité de détruire ces milieux, on est champion dans le domaine, on agit en vrai ignorant, comme ça l’a toujours été. Un milieu humide tout aussi grand a été complètement détruit (à 100%) à Beauport sur le site du ridicule et tout bétonné Power Center, on en a détruiit un autre au site de dépot des neiges usées, coin Henri IV et Hamel (un grand marécage rempli d’épinoches et d’une multitude d’oiseaux). On pourrait en nommer d’autres, encore à Beauport (la ville qui détruit tout ce qu’il y a de naturel, cela est même devenu la spécialité du maire (jadis) Langlois – et cela sans que jamais personne n’élève la voix) et ailleurs ausi, c’est tout aussi pire.

    La préoccupation environnementale dans le grand Québec, c’est pratiquement nul… niet… rien. C’est zéro si on la compare à la Commission de la capitale nationale d’Ottawa, avec sa Ceinture de Verdure (Green Belt). A Québec c’est ceinture d’asphalte et béton et c’est pas demain que ça va arrêter.

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  3. Jean Cazes

    1er juillet 2004 à 23 h 27

    Vous m’enlevez les mots de ma bouche, Neige!

    Avant-hier, j’en ai profité justement pour faire une safari-photo-nature – en vélo – du côté de la Base de plein-air de Sainte-Foy: heureusement que sa tourbière est provisoirement protégée, car tout ce qu’il y a autour – forêt, autres petites tourbières – ne sera bientôt que souvenir, écrasé par les mégacis et les mégaças!!

    Je n’ai pas ôsé aller prospecter du côté de la batture de St-Augustin, où j’avais l’habitude de photographier la flore intertidale, il y a une dizaine d’années: propriétés privées en perspective tout partout pour des préretraités syndiqués jusqu’au cou!

    Ottawa est en effet un modèle à suivre, et saluons au passage les initiatives de gens de la rive-sud qui ont su préserver la tourbière Grande Plée Bleue, grâce notamment à l’appui de GIRAM!

    Dieu soit loué, en passant, que le gouvernement actuel ne soit pas conservateur… et vive les oiseaulogues rêveurs! ;-)

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