Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Éloge du bungalow

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 26 juillet 2004 14 commentaires

Qui a dit que les bungalows du Québec étaient sans intérêt ? Sûrement pas Lucie K. Morisset.  » Il n’y en a pas deux pareils, contrairement à ce qui se construit en banlieue aujourd’hui « , lance-t-elle.

Professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM et chercheuse à la chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, Lucie K. Morisset a étudié le bungalow des années 50 et 60 avec son collègue Luc Noppen. Résultat ? De multiples mythes et clichés persistent autour de cette petite maison d’un seul étage.

Ce sont d’abord les Britanniques qui découvrent dans leurs colonies un type de maison qu’ils appellent bungalow, qui vient de bangla ( » du Bengale  » en hindi). Au XIXe siècle, un bungalow est une maison de villégiature d’un seul étage et garnie de grandes galeries. C’est une construction en bois qui est considérée, en Europe, comme une résidence exotique.

Ici, plusieurs croient que le bungalow québécois à la Elvis Gratton, décrié comme un signe de perte d’identité, est une importation des États-Unis.  » Faux, répond Lucie K. Morisset. Au Canada, c’est la Société centrale d’hypothèques et de logement qui a proposé des plans de maisons à un seul étage, dès 1947.  » Mais le bungalow du Québec est unique au monde et il a bien souvent été construit sans… plan !

Dans le reste du pays, ce sont des promoteurs qui, après avoir acheté de grands terrains, construisent une multitude de maisons selon leurs plans ou ceux de la SCHL. Au Québec, la construction résidentielle s’est faite autrement. Les petites municipalités de banlieue tentent d’attirer les constructeurs en viabilisant des terrains. Ces constructeurs prendront rapidement le nom de contracteurs. Ils n’achètent que quelques terrains à la fois, voire un seul, pour y bâtir une maison sans plan. Ils financent chaque nouvelle propriété grâce aux profits obtenus de la vente de la précédente. Les bungalows à long pan (environ 40 pieds sur 25) vont alors se mettre à pousser comme des champignons… Le carport, cette variante économique du garage, typique des années 50 et 60, se multipliera lui aussi.

 » L’entrepreneur qui construit lui-même ses maisons possède un savoir-faire vernaculaire. C’est pour cette raison, entre autres, que l’art ancestral québécois de la charpente s’est retrouvé dans le plancher du rez-de-chaussée de certaines maisons « , explique Lucie K. Morisset. A preuve, des croix de Saint-André plutôt que de simples entretoises maintiennent l’écartement entre les solives des bungalows.

Tous les styles

Du kitsch bien gratiné à la simplicité irréprochable, tous les styles ont fleuri dans les banlieues. Le Québécois s’approprie le bungalow. Il le personnalise grâce, entre autres, à l’arrivée des matériaux modernes. Nous sommes dans les années d’Elvis (Presley) et tout est permis. Les propriétaires de maisons de plain-pied n’hésitent donc pas à utiliser de l’arborite, du formica, du masonite, du rustico ou même du piertex.

Le bungalow québécois se distingue également par sa cuisine, beaucoup plus vaste qu’ailleurs au pays. Cette pièce s’impose plutôt comme une salle familiale; elle empiète sur le salon et même sur le vestibule. La porte principale sera d’ailleurs pratiquement condamnée. C’est l’entrée latérale, sous l’abri d’auto, qui sera privilégiée. Pratique, elle permet d’entrer directement dans la cuisine ou d’accéder au sous-sol. Comme nous le rappelle le film Éloge du bungalow, de Danielle Pigeon, seuls les vendeurs itinérants se laissent duper par l’entrée principale…


17 juillet 2004. Reproduit avec autorisation

Voir aussi : Résidentiel.


14 commentaires

  1. jaco

    26 juillet 2004 à 13 h 26

    Je crois pas que la critique du bungalow était surtout architecturale. C’était plutot pour les rapports sociaux , les services de proximité, et la mobilité spatiale que ce genre d’habitat induit !

    -Souvent le bungalow nécessitait l’automobile toujours et tout le temps! (même pour acheter une pinte de lait)

    -les ados manquent de lieu pour eux et viennent « bummer » au carré d’youville.
    – Si les 4 voisins immédiats n’ont pas d’enfants du même age que les votres, il faudra attendre la rentrée scolaire pour « se faire des amis » ou les inscrire à des activités organisés.
    – bref tout le monde est dépendant de l’automobile pour organiser ses activités, ses loisirs.

    La critique du bungalow était donc surtout LA DÉPENDANCE TOTALE DE L’AUTOMOBILE à mon avis!

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  2. Francis Vachon

    26 juillet 2004 à 13 h 36

    Sur ce sujet, voir la dernière citation de ce billet

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  3. jaco

    26 juillet 2004 à 15 h 12

    Je suis d’accord entierement avec la citation du billet à savoir que le bungalow brise l’équilibre (sain à mon avis) entre l’espace PRIVÉ et l’espace PUBLIC…
    Tout est désormais centré sur son « private Home »…

    Il y aurait une étude psychologique intéressante à faire car je sais que beaucoup de gens apprécient beaucoup cet environnement alors que moi , au contraire j’étouffe!
    Pour moi , me couper de la cité serait comme louer un chalet à Oguquit et me couper de la mer; tout perdrait son sens!
    L’inverse (les cités de tours) ne serait pas mieux… vive la mixité alors!

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  4. Christine R.

    27 juillet 2004 à 12 h 45

    Je vivais depuis 10 ans dans Montcalm et je suis déménagée en banlieue l’année dernière (St-Louis de-France à Ste-Foy). Et je peux vous dire que j’adore mon nouvel environnement.

    À mon avis, l’opposition banlieue-ville est surfaite à plusieurs égards. En ce qui concerne la dépendance à la voiture par exemple, ça dépend du genre de banlieue où vous vivez. Dans une ancienne banlieu comme la mienne, la voiture n’est pas plus nécessaire qu’en ville. En ce qui concerne les enfants, il n’y en a pas plus au pied carré dans les rues de la ville que dans les rues de banlieue.

    En fait, quand j’habitais Montcalm, je me sentais déjà pas mal en banlieue (barbecue, tranquilité, petit terrain à entretenir, utilisation fréquente de l’auto, discussions avec mes voisins, etc). Mais c’est le genre de chose qu’il ne faut pas dire car les résidents de la ville aiment bien l’idée qu’ils se distinguent en étant des « urbains » (surtout peut-être les baby boomers et les jeunes qui « arrivent en ville » après plusieurs années de banlieue…)

    Il y a quelques désaventages à habiter en banlieue (rareté des trottoirs, pauvreté du paysage par endroits, moins de services communautaires, par exemple) mais je n’échangerais jamais le beau bungalow et le coin verdure que je possède maintenant contre la promiscuité de la ville.

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  5. jaco

    27 juillet 2004 à 13 h 22

    Christine
    Je comprends ce que tu veux dire car j’ai demeuré à St-Louis de France mais ,pour moi ce n’est plus la « banlieu ».
    La « vrai banlieu » pour moi ,signifie « au ban du lieu.; donc que tu te trouves éloigné de tous les équipements urbains de la cité …
    Quand je demeurais à St-louis-france, j’étais à proximité de l’université Laval, du meilleur hopital de Québec(CHUL) , et du plus gros centre commercial régionnal( Place Laurier+Ste-Foy)
    Donc j’étais à proximité des services que les gens de Québec étaient obligés de fréquenter par l’autobus ou l’auto!!
    C’est eux alors qui étaient éloignés des service régionnaux alors que moi je m’y rendais simplement à pied ou en byciclette!!!

    Les limites géographiques de banlieu/ville ne collent pas aux limites administratives …ste-foy/quebec ; ce que la fusion vient rétablir…(a suivre)

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  6. jaco

    27 juillet 2004 à 13 h 51

    Pres du centre commercial »Quatre-Bourgeoys », tu retrouves plus l’ancien vrai décor géographique de la banlieu; un immense parking pour quelques magasins, à proximité d’un immense autoroute bruyante(HenriIV)
    Bref un décor d’autoroutes, de parkings immenses et d’enseignes commerciales archi-laides et ou tu sens que tout est planifié en fonction de l’automobile!
    Ca ce décor la ,pour moi, est la VRAI banlieue… que je déteste!
    Pas de trottoirs,pas d’arbres,pas de bancs ou s’assoir…que du béton et la lumière blafarde au néon des lampadaires de boulevard.
    Pas de lieu public sauf le Canadian Tire: c’est là que tu croises des voisins ou des amis et que se fait la vie sociale de quartier! eurk!

    La critique de la banlieu ou du bungalow, a mon avis est tout ce décor et aussi que la vie sociale est orienté vers la consommation: Les femmes se rencontrent au Zellers et les hommes au Canadian tire. Eurk! (Wall-Mart city)

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  7. jaco

    27 juillet 2004 à 14 h 11

    Les espaces publics en ville sont plus attrayants à mon avis car ils ne sont pas rattachés nécessairement à la consommation (comme c le cas en banlieu avec les centres d’achat)
    Par les ex les plaines Abraham, les rues piétonnieres,les musées,les places,parcs, carré d’youville etc
    En ville , il n,y a pas cette pression à trouver son bonheur dans la consommation: ce n’est qu’une facette parmi d’autres!
    La banlieu possede aussi son « Chateau Frontenac »; C’est le WALL-MART qui trone sur ses sujets!
    Je trouve ca un peu aliénant!

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  8. Olivier Niquet

    28 juillet 2004 à 10 h 08

    Avis aux intéressés, le site de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain (http://www.patrimoine.uqam.ca) de Lucie K. Morriset et Luc Noppen s’est refait une beauté.

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  9. Vincent

    26 juin 2006 à 02 h 36

    À Power:

    Est-ce que «I would add some pictures» est la seule chose que tu sais dire, parce que ce n’est pas vraiment constructif…

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  10. Lisette

    26 juin 2006 à 08 h 51

    C’est simplement qu’il manque de Power…

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