Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


L’autre ville

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 2 décembre 2004 11 commentaires

De nouveaux développements résidentiels, dans l’arrondissement Charlesbourg, achèvent l’urbanisation de la Montagne des roches. Les médias couvrent convenablement la revitalisation de Saint-Roch, ainsi que la construction des édifices publics à travers la ville. Toutefois, les développements résidentiels en banlieue se font à l’insu des citoyens et sont ainsi exclu du débat public. L’exemple du Domaine Marigot démontre bien comment l’information fait défaut. Sans information publique, sans débat public, de nombreuses questions ne sont même pas posées. Par exemple, la Ville peut-elle se permettre d’étendre son reseau d’égout et de rues ? Est-ce que le nombre de personnes qui habiteront ce quartier justifie le sacrifice de terres agricoles, de forêts, de marais ?

Dans la Montagne des roches, c’est autour de 20 ha de terres qui auront été consommées en 2004-2005 par l’urbanisation, sans que les citoyens en ait été informés. (L’espaces sans rue entre Jean Talon, Caré Tracy et les lignes à haute tension au sud de Château-Bigot que l’on peut contempler sur la carte du site internet de la Ville de Québec) Le sacrifice des terres agricoles et autres écosystèmes s’est fait sans que l’on en ait débatu publiquement, alors que l’on payera collectivement pour ces équipements.

Pendant qu’on laisse les entrepreneurs étendre la ville au rythme de la croissance économique, les absurdités se multiplient. Sur cette photo, on voit l’espace qu’occupera une rue et l’exploitation agricole qui sera prise en étau entre deux parties du nouveau quartier. À Saint-Augustin, on pourrait parler de l’impact qu’on eu les développements sur le lac. Autre absurdité, on ne sait pas combien de temps les nouveaux quartiers continuerons à être attrayants. Est-ce qu’une fois qu’on se sera tanné du style on les détruira comme c’est la vogue ailleurs ? Est-ce que le phénomène de désertion, de destruction puis de reconstruction qu’on connu D’Estimauville et Lebourneuf va se transmettre au domaine de l’immobilier ?

Il me semble qu’il devrait y avoir au moins un espace sur le site de la Ville où les projets seraient communiqués. Mais l’idéal serait qu’il y ait des consultations publiques sur l’orientation que prend le développement de la ville.

La photo de Caré Tracy Ouest montre comment l’ouverture de nouveaux développements est destructeur. L’autre photo montre les arbres de ce que l’entrepreneur a appellé le Boisé du Bourg-Royal. La suivante montre ce qui reste de la forêt d’érables remplacée par le Dé-Boisé de la Montagne des roches.

Le développement de la Montagne des roches à partir de la toute première phase a certe provoqué des débats, mais jamais autant que le projet de la place de France. C’est vrai que la banlieue n’a pas valeur de symbole (elle le serait peut-être si elle ne ressemblait pas à n’importe quelle banlieue de Montréal, Laval, Sherbrooke… ) et que le coût de sont développement n’est pas aussi publicisé que celui du projet du maire. Pourtant, il s’agit d’un projet qui influencera tout autant l’avenir de la ville. Il faut ici choisir l’autre ville, celle que l’on emprunte aux générations futures, et son interaction avec le territoire. Il faut que l’on puisse répondre à toutes ces questions qui restent, pour le moment, sans réponse.

[Texte et photo par Jean-Thomas Lortie]

Voir aussi : Étalement urbain, Environnement.


11 commentaires

  1. Francois

    2 décembre 2004 à 20 h 15

    Le problème, c’est que ces développements vont dans le sens d’une culture : ils ne heurtent pas et signifient progrès. Même s’ils détruisent des espaces et des milieux, ces derniers n’ont pas de valeur et en quelque sorte, sont des résidus de l’urbanisation.

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  2. Jean Cazes

    2 décembre 2004 à 22 h 39

    Bravo, Francis

    Bravo, oui, de vulgariser à ta façon, par tes photos et tes rubriques, l’actualité couvrant le portrait social, urbain et environnemental de notre ville!

    Je ne suis sûrement pas le seul à considérer ton site exceptionnel et tout à fait exemplaire: longue vie à Québec Urbain, le premier site que je consulte quand je reviens du travail, le soir! :-))

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  3. Francis Vachon

    3 décembre 2004 à 07 h 51

    Merci Jean :)

    Par contre, ce texte-ci (L’autre ville), n’est pas de moi mais bien de Jean-Thomas Lortie comme indiqué à la fin du du dit-texte :)

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  4. Jean Cazes

    3 décembre 2004 à 10 h 14

    Reallo,

    Pas grave: à mon sens, tu pratiques fort bien ton « métier » de journaliste et de chroniqueur urbain, de même que celui de « veilleur d’informations urbaines », comme en témoigne le présent sujet.

    Longue vie à Québec Urbain!

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  5. Simon Bastien

    3 décembre 2004 à 13 h 13

    Des exemples comme celui cité dans cet article, il y en a des dizaines. On n’a qu’à penser aux boisés qu’on gruge continuellement dans le secteur de l’édifice Marly (pointe Sainte-Foy) pour construire des condos. Pour donner l’impression qu’on préserve la nature, on laisse ça et là des touffes d’arbres matures qui vont finir par mourir du choc d’un changement d’environnement (drainage, vents et lumière).

    Je croyais qu’avec les fusions municipales, on gèrerait le développement résidentiel avec une nouvelle vision plus régionale, de façon à concentrer celui-ci vers les espaces disponibles plus près de la ville, mais ça ne semble pas encore se réaliser. Un bon exemple : je viens d’emménager dans le secteur de l’Atrium, près des services et des autoroutes, ou le développement va bon train, mais il reste encore d’immenses terrains vagues ou aucun projet ne semble annoncé pour combler ces trous. Ce sont des endroits moins attrayants pour du développement résidentiel plus haut-de-gamme, alors on préfère se rapprocher de ce qui reste d’environnement naturel autour de la ville pour mieux l’étendre et augmenter la pollution.

    Il faudrait qu’un organisme comme la Commission de la Capitale Nationale se serve de son mandat pour protéger les zones naturelles de la grande ville de Québec plus souvent (comme elle l’a fait pour le boisé des Compagnons de Cartier). Ça fait effectivement partie de la mise en valeur de la nouvelle grande ville, à mon avis.

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  6. Christine

    6 décembre 2004 à 13 h 39

    L’absence de débat public autour des nouveaux développements en banlieue met en danger le paysage du Québec (un paysage par ailleurs déjà assez magané parce que tout au long du 20e siècle, on ne s’en est guère soucié).

    On pourrait croire qu’aujourd’hui, dans une société plus éduquée qu’autrefois et plus sensible aux questions d’esthétique en général, les choses s’amélioreraient. Mais non. C’est comme si la zone du centre-ville de Québec était la seule à mériter qu’on se soucie du paysage urbain.

    Voyez combien le paysage du boulevard Laurier à Sainte-Foy est laid. On se dit: « normal, dans les années 60 on se foutait de la beauté du paysage. » Pourtant, en 2004, dans les champs vierges des zones suburbaines, on ne trouve rien de mieux que d’installer d’horribles « power centers », sans se soucier de les intégrer de manière intelligente au paysage.

    C’est vrai que les médias ne s’intéressent pas aux développements résidentiels de banlieue et encore moins à leur critique. Sauf Le Devoir.

    Le 2 novembre dernier, Le Devoir publiait en couverture une entrevue avec Sylvain Paquette et Philippe Poullaouec-Gonidec, chercheurs à la Chaire UNESCO en paysage et environnement de l’Université de Montréal. Voici ce qu’ils disent de la nouvelle banlieue de Mtl:
    «C’est ici que sont en train de se définir les nouveaux paysages suburbains, la nouvelle identité de la périphérie de Montréal. Cette identité est laissée entre les mains du secteur privée et elle échappe totalement au débat public. C’est amusant à une époque où l’on parle de plus en plus de valoriser les paysages du Québec…»

    Plus loin:
    «Sur d’immenses surfaces, une histoire urbaine importante est en train de s’écrire dans la plus grande indifférence de tous. Or, la création de ces paysages factices est dictée par des promoteurs qui imposent des règles strictes dans l’architecture et l’urbanisme pour que le développement soit harmonieux. Cela fait table rase sur la toponomie originale des lieux, sur son histoire même et empêche également les gens qui y vivent de s’approprier ces lieux pour les faire évoluer. Forcément, l’identité culturelle en prend un coup.»

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  7. JT

    6 décembre 2004 à 22 h 16

    Pour ceux qui veulent lire le texte au complet : http://www.ledevoir.com/2004/11/02/67569.html

    Châteaux de banlieue ; Sécurité et prestige garantis pour 500 000 $ et plus

    Ce genre de question devrait être réglée par des plans d’urbanisme. L’adoption de ces plans devait effectivement être facilitée par les fusions municipales. Malheureusement, on attend toujours les résultats.

    C’est de moins en moins vrai que les milieux qui sont détruits sont des résidus de l’urbanisation comme le prétend François. Dans le cas de la Montagne des roches, la partie que je montre dans les photos était effectivement une friche dont le sol avait été scarifié il y a quelques décennies. Cependant, la première phase du développement de la Montagne des Roches s’est fait en partie sur des terres agricoles (je pense) et dans une forêt d’érables matures.

    En fait, la banlieue se fait de plus en plus dans des milieux qui étaient naturels avant leur « colonisation ». Pensons effectivement au boisé Marly et au Lac Saint-Augustin. Je pense que les entrepreneurs s’intéressent particulièrement aux beaux paysages qu’ils sacrifient pour leur prospérité. Les acheteurs sur papiers imaginent difficilement ce qui restera après la coupe de l’entrepreneur. Et ce, d’autant plus que celui-ci fait sa campagne marketing justement sur l’aspect nature du projet, avec des noms de développements tels que : les Boisé de la Montagne des Roches et le Boisé du Bourg-Royal.

    Le problème c’est que ces constructions resteront pour des dizaines d’années et les quartiers pour des centaines… Les chances que ces milieux soient restitués à la nature sont presque inexistantes.

    Or, nous n’avons pas besoin d’utiliser cet espace pour cet usage résidentiel. Et que savons-nous des besoins que nous auront demains ? Comment savoir si nous n’aurons pas besoins de ces terres pour un usage qui sera rendu impossible par les caprices de notre génération, l’intérêt des entrepreneurs et l’inaction complice du reste des citoyens ?

    Le tracé des plus vieilles rues de Québec continu aujourd’hui à influencer le mode de vie dans la capitale. Les choix que l’on fait aujourd’hui auront inévitablement des conséquences sur les manières de vivre de demain. En 1960, la construction des autoroutes devait faciliter le déplacement dans la ville de Québec. Ce choix a eu des conséquences que l’on ne pouvait pas imaginer à l’époque. Quelles seront les conséquences des décisions d’aujourd’hui ? Nous sommes-nous seulement donné le temps d’essayer de l’imaginer ? Je dis essayer parce qu’en 1960 nous imaginions un avenir où nous aurions besoin d’une autoroute passant sous la colline parlementaire…

    Notre incapacité à imaginer notre avenir fait peser sur nous de grands risques dont nous commençons à peine à saisir les contours. Nous agissons dans un monde incertain, nous prenons des décisions sans même réfléchir à leurs impacts et imaginons pouvoir connaître une croissance infinie, capable d’assurer la pérennité de notre mode de vie… et c’est moi que l’on traite d’idéaliste !

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  8. Francois

    7 décembre 2004 à 13 h 53

    Par résidu de l’urbanisation, j’entends des milieux agricoles ou forestiers à proximité des développements qui ont entraîné leur déqualification. Par exemple, le champ devient friche en raison de la proximité résidentielle et la pression du milieu sur les activités traditionnelles.

    L’espace perd alors sa substance, sa raison d’être et il est banalisé au point où on l’intègre dans le résidentiel.

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  9. JT

    14 janvier 2005 à 11 h 44

    Quand j’ai lu le règlement qui suit, je me suis
    dis que c’est peut-être parce que de 19h05 à 19h08 personne n’était là pour intervenir… Ce n’est pas l’heure de Virginie ca ? Ou bien que de toute façon personne ne peut comprendre de quoi il s’agit, à moins bien sûr de faire parti de l’organisation…

    RÈGLEMENT MODIFIANT LE RÈGLEMENT NUMÉRO 88-2053 « PLAN D’URBANISME » DE L’ANCIENNE VILLE DE CHARLESBOURG, R.V.Q.799, AFIN D’AGRANDIR L’AIRE D’AFFECTATION RÉSIDENTIELLE DE FAIBLE DENSITÉ À MÊME L’AIRE D’AFFECTATION RÉSIDENTIELLE DE MOYENNE DENSITÉ SUR LES LOTS 3 105 052 ET 3 105 053- DISTRICT DES SENTIERS, ARRONDISSEMENT DE CHARLESBOURG –AT2004-325

    NATURE ET EFFET
    À la demande du président de l’arrondissement, M. Guy Poirier explique la nature et
    l’effet du projet de règlement R.V.Q.799.
    Le rapport de cette consultation publique sera rédigé et déposé au comité exécutif.
    L’assemblée publique de consultation débute à 19h05 et se termine à 19h08.

    http://www.ville.quebec.qc.ca/fr/organisation/proces_verbaux/car/2004_11_30.pdf

    Et c’est de cette façon la que l’étendue de la ville s’agrandit. Enfin, c’est ce que je présume, parce que les LOTS 3 105 052 ET 3 105 053 ne me disent rien et que c’est pour moi assez compliqué de savoir à quoi cela correspond…

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  10. MD

    23 avril 2006 à 01 h 51

    Je suis résidente dans le développement de la Montagne-des-Roches depuis peu. Je suis tombée en amour avec le secteur qui était encore assez boisé au moment de l’achat de mon terrain. Il a fallut que je me batte avec le promoteur pour garder le plus d’arbres possibles sur mon terrain et il semblait vraiment étonné de ma demande. Malheureusement chez mon voisin de droite et mon voisin arrière le même entrepreneur a rasé complètement les terrains. Quel tristesse. Mes voisins me trouvent chanceuse d’avoir conservé autant d’arbres chez moi. Pourquoi les différents constructeurs ne sont pas plus ouvert au sujet de notre patrimoine naturel?? Heureusement pour moi j’ai été très convaincante et je n’ai pas acheté une maison déjà construite. J’espère que l’administration de la ville laissera intact le parc boisé que je peux admirer de la fenêtre de mon salon.

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  11. Rémi

    23 avril 2006 à 02 h 44

    Le lot numéro 3105053,

    le lot numéro 3105052

    et l’engin de recherche de la ville pour les lots.

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