L’adoption d’un plan d’urbanisme est un exercice important pour une municipalité. Le Plan directeur d’aménagement et de développement (PDAD), présentement soumis à une série de consultations publiques, peut avoir de grandes conséquences dans la vie de ses habitants. Voici, à grands traits, quels sont les plans de la Ville pour l’arrondissement Beauport.
Avec le renouvellement de la première couronne de banlieues de Québec, le sort de la baie de Beauport et le manque d’axes routiers nord-sud dans l’est de la ville seront les principaux enjeux sur lesquels les Beauportois seront appelés à se prononcer, ce soir, lors de la consultation publique sur le PDAD qui se tiendra dans leur arrondissement.
Comme dans Charlesbourg, le sud de Beauport vieillit. Construit en bonne partie avant 1965, le parc immobilier a besoin de retouches, mais surtout de jeunes familles pour l’habiter. Les pionniers de banlieue qui s’y sont installés dans les années 50 et 60 hésitent souvent à quitter la demeure où ils ont élevé leur famille.
La Ville examine diverses façons de soutenir des projets d' »habitations multigénérationnelles », qui permettraient aux quartiers grisonnants de la première couronne de banlieues de renouveler leur population.
Mais des chantiers autrement plus spectaculaires s’ouvriront vraisemblablement dans cette partie de la ville au cours des prochaines années. Le réaménagement de la baie de Beauport, intimement lié aux célébrations du 400e anniversaire de Québec, sera sans doute l’objet de plusieurs remarques, ce soir, voire d’âpres discussions.
Plusieurs, en effet, reluquent les battures de Beauport pour des raisons que tous ne jugent pas conciliables. D’un côté, le Port de Québec, qui projette de construire deux nouveaux quais sur la pointe ouest de la baie afin d’accueillir un trafic fluvial en hausse. De l’autre, des associations comme Accès Saint-Laurent, qui craignent de devoir sacrifier une partie de la plage.
Au milieu : l’administration L’Allier. Pour la conseillère Odile Roy, responsable de l’aménagement urbain, « le plus beau défi de ce projet, c’est de concilier des usages industriels avec des usages récréotouristiques. Il faudra voir ce qu’il est possible de faire ». Pour l’heure, souligne-t-elle, le fédéral n’a pas encore annoncé la taille qu’aura son « cadeau d’anniversaire », qui devrait financer le réaménagement de ce bout de littoral. Quand on en saura plus long sur son implication, dit Mme Roy, « on pourra travailler avec des plans plus concrets ».
Rues manquantes
La Ville compte également sur le réaménagement de la baie de Beauport pour servir de déclencheur pour la revitalisation du secteur d’Estimauville, aujourd’hui en piteux état.
L’arrondissement Beauport manque par ailleurs d’axes routiers pour drainer la circulation nord-sud. A l’heure actuelle, des quartiers résidentiels endurent matin et soir un transit qui a peu à voir avec l’idéal de tranquillité souvent associé à la banlieue.
Ce problème est « peut-être l’héritage des années 40, 50 et 60, avance Mme Roy. C’est à l’époque du développement de la première couronne que les autoroutes ont remplacé des parties de notre réseau routier » – les rues dites collectrices, notamment, qui doivent mener les flots de voitures vers les autoroutes.
A cet égard, le PDAD évoque deux projets. Le prolongement du boulevard Saint-David, qui est d’ailleurs déjà au budget du Programme triennal d’immobilisation. Reste à définir un tracé qui se révèle compliqué, puisqu’il « demande une partie de concession sur la zone agricole permanente », admet la conseillère du Vieux-Limoilou.
L’autre projet, l’extension de François-de-Laval, est plus hypothétique. « On n’a pas encore toutes les démonstrations que c’est nécessaire, dit Mme Roy. On est en train de vérifier ça. C’est aussi assez compliqué comme tracé, parce que, à droite, il y a une carrière et un secteur au fort potentiel archéologique », soit l’ancien campement de Montcalm.
Le PDAD traite aussi de la conversion d’anciennes carrières et sablières, que l’on trouve surtout dans le nord de Beauport. La revitalisation de l’avenue Royale est aussi à l’ordre du jour.
Enfin, l’avenir du terrain de l’ex-cimenterie de Beauport animera sans doute quelques échanges. Plusieurs citoyens se sont objectés aux plans que réservait la Ville à cet emplacement, en raison de la hauteur des immeubles projetés et de l’éventuelle obstruction de la vue sur le fleuve. Un référendum pourrait se tenir sur la question, mais sa date n’a pas encore été déterminée parce qu' »on a repris le dialogue avec les citoyens et le promoteur pour essayer d’en arriver à une solution, dit Mme Roy. La question difficile là-dedans, c’est que ce qu’on proposait, c’était déjà moins haut et moins dense que le règlement de zonage en vigueur. Alors, c’était difficile pour nous d’aller beaucoup en bas de ça, mais j’ai bon espoir qu’on s’entende ».
Jean-François Cliche, 15 mars 2005. Reproduit avec autorisation
