Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Une Saint-Charles plus « sauvage »; La renaturalisation de la rivière terminée, les berges regorgeront de faune et de flore

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 20 juin 2005 3 commentaires

La Saint-Charles se refait une beauté pour 2008. Ou plutôt, elle retournera à l’état « sauvage ». Dans le genre, disons-le tout de suite, on aura déjà vu plus « naturel » puisque ses berges seront entièrement refaites par l’homme. Mais comparativement au carcan de béton qui enserre le cours d’eau depuis des décennies, rien ne devrait sembler trop artificiel. Petit coup d’oeil sur le futur.

Phase I (réalisée)

Travaux terminés en 1996

– Coût : 1,5 million $

– 500 mètres de berge

– Caractéristiques : la phase I a été réalisée à titre expérimental. Il s’agissait de montrer à la population un échantillon de ce à quoi pourrait ressembler le reste. Notons que les travaux ont davantage consisté en un aménagement paysager qu’en une « renaturalisation » à proprement parler.

Phase II (réalisée)

Travaux terminés en 2000

– Coût : 1,75 million $

– 750 mètres de berge renaturalisée

– Caractéristiques : la Ville a dû travailler dans un corridor étroit, en raison des habitations construites proches de la rivière. L’aspect aménagement paysager de la phase I a été quelque peu délaissé au profit d’une véritable « renaturalisation », avec la création de lobes et d’herbiers aquatiques destinés à accueillir la faune.

Phase III

Début des travaux le 15 août 2005

– Fin prévue des travaux fin juin 2006

– Coût : 5,5 millions $

– 2,16 kilomètres de berge renaturalisée

– Caractéristiques : c’est l’endroit où la marge de manoeuvre, en termes d’espace, est la plus grande. L’intention demeure de rendre à la rivière son état naturel. Les plans s’inspirent d’un profil type de la flore que l’on retrouve plus en amont.

Phase IV

Début des travaux le 17 octobre 2005

– Fin prévue des travaux en 2006

– Coût : 4,2 millions $

– 1,6 kilomètre de berge renaturalisée

– Caractéristiques : l’idée est toujours de renaturaliser, mais il sera plus difficile, ici, de le faire en empiétant sur le lit de la rivière. Le barrage Samson, situé à proximité, maintient l’eau à un niveau plus élevé qu’ailleurs, ce qui rend plus ardues les avancées sur le lit. Il s’agit également du tronçon de berges le plus pollué. Phase V

Début des travaux en 2006

– Fin des travaux en 2007

– Coût : 3,8 millions $

– 1,45 kilomètre de berge renaturalisée

– Caractéristiques : en aval, la phase V se fera dans des conditions similaires à la phase IV. La Pointe-aux-Lièvres, en amont, est sans doute la partie la moins aménagée de tout le projet. On y trouve en ce moment un terrain vague qui sera transformé en parc.

Phases VI

Début des travaux en 2007

– Fin prévue des travaux en 2007

– Coût : 5,1 millions $

– 2,1 kilomètres de berge renaturalisée

– Caractéristiques : la Ville n’a encore dans ses cartables que des concepts préliminaires. Rien de plus concret pour l’instant. Les travaux de phase VI se dérouleront néanmoins sous les mêmes auspices que les autres, soit la renaturalisation. Celle-ci devra se faire en continuité avec le parc Victoria adjacent.

Le projet de renaturalisation des rives de la Saint-Charles se répartit en six phases, dont deux sont déjà complétées (voir carte). La troisième se mettra en branle cet été, le 15 août si tout se déroule comme prévu. A cette date, les plans et devis de la quatrième phase devraient être à peu près complétés.

Au bout du compte, l’entreprise aura coûté 22,85 millions $, auxquels la Ville de Québec aura contribué pour un total de 7,6 millions $. L’objectif est d’avoir tout terminé en 2007, question de laisser une année à la nouvelle végétation pour prendre racine, avant les Fêtes du 400e.

Physiquement, les abords de la Saint-Charles changeront pour la peine. Exit, cette orgie de ciment. Enfin, presque. Les parois de béton, en fait, seront plus souvent coupées qu’enlevées ; ce qui en restera pourra servir de structure aux aménagements.

« Sur une grande partie de la rivière, des arrangements paysagers existent déjà, fait remarquer René Pronovost, du service de l’Environnement de la Ville. Il s’agit plus de compléter en rendant les berges plus accueillantes pour la faune. On veut attirer des oiseaux au centre-ville, des insectes utiles, des papillons, etc. »

Un sentier piéton, une piste cyclable et des espaces verts longent effectivement déjà une bonne partie de la rivière, en aval du pont Scott. La renaturalisation proprement dite empiètera donc sur la rivière elle-même. Ainsi, 4 % de son lit actuel sera remblayé, et 11 % sera occupé par des herbiers aquatiques.

Les pêcheurs devront cependant attendre un peu avant d’y tremper leur hameçon. « Ça reste encore un égout, dit Jacques Grantam, lui aussi du service de l’Environnement. (…) Ça fait 100 ans qu’on pollue cette rivière-là. Ce qu’on propose, avec les bassins de rétention et la renaturalisation, c’est d’arrêter. Mais la rivière ne changera pas du jour au lendemain. Ces déchets-là vont finir par se décomposer, par se minéraliser, mais ça va prendre du temps. Lentement, le poisson va revenir. On ne fera pas de miracles, mais il faut arrêter de jeter de la cochonnerie dedans si on veut qu’elle s’améliore.

« En termes de poissons, poursuit-il, nos objectifs sont assez minimaux. La Saint-Charles, c’est une rivière à eau chaude, à bas débit, avec peu d’oxygène. On ne pourra jamais changer beaucoup ces caractéristiques. »

Ce sont donc des espèces adaptées à ce type d’habitat qui, à plus ou moins long terme, viendront repeupler les quatre derniers kilomètres de la rivière : grands brochets, achigans à petite et grande bouche, dorés jaunes, carpes et perchaudes, principalement. Comme le barrage Samson bloque l’embouchure de la Saint-Charles, c’est de l’amont, et non du fleuve, que viendront les « colons ». Il est également question d’empierrer le fond de certaines parties de la rivière pour permettre la frai.

Qui plus est, selon Julian Dodson, professeur de biologie à l’Université Laval, l’endroit pourrait être un habitat propice pour les poissons au stade juvénile, qui affectionnent les herbiers.

Les résidants des quartiers atttenants n’ont pas de raison de craindre une invasion de moustiques après 2008, rassure M. Dodson. « Les insectes piqueurs, surtout les moustiques, pondent leurs oeufs dans des flaques ou des eaux stagnantes, tandis que les mouches noires pondent dans des eaux froides à débit rapide », explique-t-il. La Saint-Charles ne conviendra donc ni à l’un, ni à l’autre.

Pollution et sécurité

Le passé industriel du cours d’eau a par ailleurs réservé quelques mauvaises surprises à la Ville, qui devra décontaminer une dizaine de sites le long des rives. « Il y a aussi eu beaucoup de remplissage qui s’est fait dans la Saint-Charles à une époque où les sols contaminés servaient souvent de matériau de remblayage. Donc la pollution peut venir de n’importe où », rappelle M. Grantam.

Mais ce sont surtout des impératifs de sécurité qui ont préoccupé la Ville. Celle-ci portera une attention particulière à l’éclairage et à la hauteur de la végétation. « En particulier pour les petites places publiques avec quelques bancs, spécifie M. Pronovost. Au lieu de mettre une série d’arbustes en arrière, on va plutôt planter des petites plantes vivaces, de sorte que la personne va toujours avoir un champ de vision. »

Les pentes ne seront jamais plus prononcées que 16 % non plus, de sorte que les handicapés pourront tout visiter. « C’est une pente raisonnable, juge M. Grandam. Donc si tu es pris, si tu te fais attaquer, tu peux la monter pour te sauver, contrairement aux murs de béton actuels, sur la terrasse du bas. Là, c’est un vrai piège. Si tu te fais attaquer là, tu n’as aucun endroit où aller, sauf en plongeant. »

Les sentiers seront par ailleurs fermés une semaine au printemps, pendant la période des inondations. Il n’est pas question, pour l’instant du moins, de convertir les sentiers pédestres en pistes de ski de fond l’hiver. « Le ski de fond en ville, c’est pas évident, dit M. Grantam. S’il y a un piéton qui passe sur la piste, il la brise. On ne peut pas s’acharner à refaire la piste tout le temps. » Vue en coupe

Le projet de renaturalisation des berges de la Saint-Charles comprend un sentier pédestre et une piste multifonctionnelle que les concepteurs ont tenté de garder séparés le plus possible. Les deux réseaux se croiseront toutefois en quelques endroits, surtout sous les ponts.

Piste multifonctionnelle

Ajout de végétation indigène pour intégrer les arbres existants et créer un décor hivernal

Sentier piéton

Hormis quelques empiétements sur des aires déjà occupées, les travaux permettront surtout de gagner de l’espace sur le lit actuel de la rivière, comme le montre le pointillé.


Jean-François Cliche, 18 juin 2005. Reproduit avec autorisation

Voir aussi : Arrondissement Les Rivières, Environnement, Parc.


3 commentaires

  1. Marie-Andrée Bernier

    5 mars 2006 à 10 h 05

    Nous en rêvons et rêvons encore: les bassins de rétention des surplus d’eau de pluie, un pont chevauchant la rivière entre les ponts Dorchester et Marie de l’Incarnation de même que la disparition des murs de ciment et tout ça dans le quartier Saint-Sauveur. Malheureusement, tout semble se tourner vers Saint-Roch. À quand un mouvement concret dans Saint-Sauveur? Et si possible, peut-on arrêter les constructions collées aux berges de la rivière, elles remettent en cause l’accès à la rivière sur son côté sud. Chapeau à Rivière Vivante

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  2. jaco

    5 mars 2006 à 12 h 47

    Je partage votre opinion pour :  » Un pont chevauchant la riv. entre les ponts Dorchester et Marie-de-l’Incarnation… »

    Un petit pont réservé aux piétons et cyclistes de 10’de largeur ne devrait pas être tres dispendieux et serait tres tres tres UTILE!

    Si vous partez la pétition, je la signerai!

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  3. jean guy collin

    18 juin 2006 à 23 h 05

    un petit pont qui relirait les deux rives entre marie de l incarnationet le pont dorchester pour pietons et cyclistes serait bienvenu,ça permetterait de voir les belles choses des deux cotes de la riviere.

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