Robert Fleury, 1er août 2005. Reproduit avec autorisation
Un mégacentre est en voie d’implantation à Lévis, aux portes des ponts de Québec et Pierre-Laporte, à la jonction des autoroutes. On ne refuse pas un investissement de 45 millions $, la création de 500 emplois et des ventes anticipées de 235 millions $. Pour des dizaines de milliers de résidants de la Rive-Sud, quelle aubaine de ne plus avoir à traverser les ponts !
Les mégacentres s’additionnent le long des autoroutes : Longueuil, Laval, Québec, Saint-Romuald, Trois-Rivières, Brossard ou Boisbriand n’y échappent plus. Les ventes sont en croissance, le chômage peu élevé, l’économie se porte bien ; le marché appartient aux audacieux. Pourquoi Ivanhoé et Lévis ne tireraient-ils pas leur épingle du jeu ? Le projet est conforme au schéma d’aménagement et il y a longtemps que cet emplacement est ciblé pour un tel projet.
Là où le bât blesse et, cela vaut aussi pour Québec, Trois-Rivières ou toute autre région, c’est que l’implantation de mégacentres engendre d’autres problèmes. Ces rassemblements de grandes surfaces et de bâtiments inesthétiques, difficiles d’accès pour les employés et les clients non motorisés, ne créent pas de richesse : ils déplacent les achats tout simplement et appauvrissent les communautés locales, surtout quand des supermagasins comme Wal-Mart s’approvisionnent majoritairement en Chine. Les petites entreprises et les centres commerciaux traditionnels se désertent, ils peinent à survivre. Les municipalités se retrouvent ainsi avec des rues principales à revitaliser, à grands frais pour la communauté.
C’est le cas de Québec entre autres, dans le secteur détérioré de la rue D’Estimauville et du boulevard Sainte-Anne, pendant que le « power center » des hauteurs de Beauport fait des affaires d’or, comme les trois autres en bordure de l’autoroute Félix-Leclerc. Le projet de Lévis semble avoir fait l’objet d’une bonne planification et d’un consensus du milieu, mais il ne faut pas minimiser son impact sur les commerces existants. Québec et Lévis devraient, à tout le moins, relever leurs exigences architecturales et environnementales, compte tenu de leurs caractéristiques historiques et touristiques.
A Lévis, il semble que le futur centre de transfert (automobiles/autobus) s’implantera à proximité pour inciter les automobilistes à y laisser leur voiture quand ils se rendent travailler à Québec. Il le faut. Les services d’autobus doivent aussi s’adapter aux horaires à temps partiel des employés pour faciliter leurs déplacements. Ce n’est pas toujours le cas sur la Rive-Nord.
Aujourd’hui, aux États-Unis, les mégacentres tendent à se densifier avec des édifices en hauteur, à offrir plus de mixité, de pair avec une construction résidentielle adjacente. Au Québec, on en est encore aux grandes surfaces traditionnelles et disparates que l’on rasera ensuite au bélier mécanique comme on l’a fait avec Place Lebourgneuf !
« La réglementation nous permettra dorénavant d’augmenter nos exigences, d’exiger des études d’impact », affirme Odile Roy, responsable de l’aménagement au comité exécutif de la Ville de Québec. Un règlement qui soumettra les projets à venir aux exigences du milieu.
Si la ville nouvelle n’a pu empêcher l’implantation de quatre mégacentres à cause d’une concurrence intermunicipale stérile, d’autres projets ne manqueront pas de poindre aux limites de Val-Bélair, de Saint-Augustin, Neuville ou Bernières à Lévis. Avec les terres agricoles qui rétrécissent comme peau de chagrin, nous devons mettre fin à pareil gaspillage de territoire.
Entre-temps, l’environnement urbain devrait être amélioré. Les immenses stationnements pourraient, minimalement, être coupés d’arbres brise-vent et générateurs de fraîcheur, les jours de canicule.
1er août 2005 à 10 h 55
Pourquoi personnes n’a eu la vision de créer un pôle d’activités multifonctionnel à la tête des ponts à St-Romuald? Un peu comme aux alentours du métro à Longueuil.
Ce pôle aurait été l’extension du centre-ville de Ste-Foy. La desserte routière est bonne et le transport en commun facile à améliorer dans le secteur.
D’un point de vue fiscal, cela aurait plus rentable selon moi que quelques grosse boîte de tôle.
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