Personne ne reprochera à la mairesse de Québec sa prudence avant d’engager la ville dans un projet dont les implications financières et logistiques lui sembleraient nébuleuses.
Les pouvoirs publics ont le devoir de savoir à quoi ils s’engagent avant de signer des lettres d’appuis à des promoteurs.
Ce qui choque ces jours-ci à Québec, ce n’est pas que la mairesse pose des questions aux promoteurs du Red Bull Air Race.
C’est son attitude rabat-joie et moralisatrice à l’endroit de ceux qui essaient de mettre de la vie dans la ville.
La façon dont Nemex a été accueilli par l’administration Boucher est gênante et finira par nuire à l’image et à l’économie de Québec.
Le projet de course aérienne sur le fleuve est excitant et pourrait facilement devenir un des clous des Fêtes du 400e.
Sans parler des retombées économiques résultant des investissements de Red Bull, de la venue de visiteurs et d’une visibilité à travers une centaine de stations de télé captées dans 130 pays.
Nemex a réussi à attirer l’attention d’une organisation internationale prête à dépenser 15 millions $ pour organiser ici un événement grand public. On devrait s’en réjouir.
« Jamais vu un dossier aussi mal monté », s’est publiquement indigné la mairesse, prenant prétexte de papiers mal foutus pour repousser à 2009 la tenue éventuelle de l’événement.
On a revu cette semaine la maîtresse d’école grincheuse qui fait la leçon et renvoie à ses devoirs celui qu’elle perçoit comme le mauvais élève.
Plutôt que de dénigrer les promoteurs, la mairesse devrait les féliciter, les remercier d’avoir été des ambassadeurs de la ville, leur offrir sa collaboration afin de terminer le travail entrepris.
Nemex a dû supplier la mairesse lors du dernier conseil municipal, avant d’obtenir le privilège d’être reçu à la mairie, jeudi après-midi. Le même jour, sœur Angèle était de passage à Québec et a souhaité voir le cardinal. Celui-ci étant absent, elle a traversé à l’hôtel de ville où elle confie avoir été reçue « comme une princesse » par Mme Boucher.
Une banale visite de courtoisie, pendant que Nemex attendait son tour dans le corridor.
Quand c’est rendu que sœur Angèle entre chez la mairesse plus facilement qu’un promoteur, on commence à avoir un problème.
Le dossier du Air Race était incomplet, mal monté, mal présenté ? Possible. Nemex a le mérite de la vision, de l’audace et de la créativité. Pas encore celui des communications et du savoir-faire administratif.
En parlant publiquement de son projet avant d’avoir l’appui de la mairie, Nemex a visiblement indisposé la mairesse qui s’est rebiffée.
Mais en punissant les promoteurs, c’est la ville et ses citoyens que la mairesse risque de punir.
Tout est souvent dans l’attitude. Voyez celle du pdg du Port de Québec à qui le projet a été présenté il y a quelques semaines.
« Capoté ben dur », « extraordinaire », « emballant », lance Ross Gaudreault, qui a spontanément offert sa collaboration et signé une lettre d’appui au projet. « Le trafic maritime, on va gérer ça, dit-il. Pas besoin d’un an de planification. »
À défaut de l’appui politique de Québec, Nemex rencontre lundi la Ville de Lévis. Les promoteurs n’ont pas eu à supplier pour être reçus.
L’administration de la mairesse Marinelli juge qu’un projet est bon jusqu’à preuve du contraire. À Québec, on agit comme si un projet était mauvais jusqu’à preuve du contraire.
Ce fut pareil cet hiver avec les Championnats de hockey. Mme Boucher a dénoncé le projet, en a raillé les lacunes, a pratiquement tué les Championnats avant de se poser in extremis, en sauveur.
Peut-être a-t-elle choisi la même approche pour le Red Bull Air Race 2008. On peut l’espérer. Mais à force de jouer avec le feu, Québec finira par se brûler.