Source: Richard Bergeron, Chef de Projet Montréal et auteur de Le Livre NOIR de l’automobile et de Les Québécois au volant, Le Devoir (Opinion), 28 juillet 2008.
(…) L’année 2007 représente la fin de la première décennie de Kyoto, puisque le protocole du même nom fut adopté en décembre 1997. Avons-nous changé au cours de ce premier cycle de dix années, dominé par la problématique des changements climatiques? Aucunement, si l’on en croit l’indicateur de la motorisation.
En dix ans, le nombre d’automobiles et de camions légers a crû de 816 763, celui des motocyclettes et cyclomoteurs, de 83 318, celui des camions et tracteurs routiers, de 16 125, pour une hausse totale de 916 206 véhicules. Mis l’un derrière l’autre, ceux-ci couvriraient la distance entre Saint-Jean (Terre-Neuve) et Vancouver.
Motorisation en croissance
Les sceptiques répondront que cette croissance des véhicules s’explique par celle de la population. De 1997 à 2007, la population du Québec a effectivement crû de 398 204 habitants, ou 5,5 %. Dans le même intervalle, le nombre d’automobiles et de camions légers immatriculés au Québec a enregistré un bond de 22,4 %. Dès lors, le taux de motorisation n’a pu que s’élever. (…)
Flatter les électeurs
Un tabou est une chose que tout le monde voit mais dont personne n’ose parler. Force est de reconnaître que la motorisation du Québec correspond à cette définition. Comment cela s’explique-t-il? Aujourd’hui, 80 % des Québécois âgés de 18 à 75 ans sont propriétaires d’une auto.
Un gouvernement qui doit se faire réélire aux quatre ans jugera donc avisé de ne jamais montrer du doigt l’automobile, de crainte de déplaire à quatre électeurs sur cinq. Au contraire, il les flattera dans le sens du poil, ces chers automobilistes. (…)
La suite. aussi, cet article: Les voitures québécoises sont les moins gourmandes au Canada (Cyberpresse). À consulter enfin, entre autres billets: Jamais sans mon char? (…).
28 juillet 2008 Ã 17 h 34
« Toujours aussi dépendants de la voiture »
Pour cela faudrait changer de paragdime, de laisser le moteur à combustion par autres modes de propulsion. et d’innover dans le transport en commun par autres choses que des autobus !!!
On entretien la même vieille « rangaine » et pourtant la solution proviendrait peut-être dans ce qui est totalement différent de ce que l’on connait maintenant !
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28 juillet 2008 Ã 19 h 35
Il est normal que M. Bergeron tienne toujours la « même » rengaine, parce ses solutions, on ne les a jamais vraiment essayé!
Carol, c’est pas parce que vous êtes tanné d’entendre certains arguments qu’ils ne sont pas valables!
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29 juillet 2008 Ã 05 h 44
«Il est normal que M. Bergeron tienne toujours la “même� rengaine, parce ses solutions, on ne les a jamais vraiment essayé!»
En fait, c’est plus pathétique que ça. Les solutions proposées par Richard Bergeron sont effectivement une «vieille rengaine», en ce sens qu’elles n’ont rien de révolutionnaires. Des mesures fortes pour favoriser le transport en commun et réduire la motorisation ont été appliquées à de nombreux endroits dans le monde et la démonstration a été faite depuis longtemps que ÇA MARCHE ! Les villes qui ont misé sur les TC sont compétitives, se distinguent par leur qualité de vie et leur cohésion sociale et offrent surtout un modèle d’occupation du territoire franchement plus écologique que la ville contruite autour de l’automobile.
C’est ça qui est pathétique : ça a beau être une rengaine connue et archiconnue, tout le monde a beau être au courant que miser sur les TC est bel et bien ce qu’il faut faire à court terme, personne n’a le courage de remettre en question le paradigme automobile. Bergeron a raison de parler de tabou. Les québécois sont des junkies de l’auto : on sait que ce n’est pas bon pour nous, mais on continue de réclamer des doses toujours plus fortes.
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29 juillet 2008 Ã 08 h 13
Bien que je sois pro transport en commun, il faut reconnaitre qu’il est beaucoup plus confortable d’utiliser notre voiture que les transports en commun. En effet, il est beaucoup plus confortable d’etre assis au volant de sa bagnole et d’ecouter les nouvelles a la radio que d’etre debout et entasser comme du betail pendant 1 heure dans un autobus ou une rame de metro. Le tout en frequentant quantite de gens a l’hygiene douteuse. L’hiver, les gens crachent et toussent, l’ete les gens ont chaud et transpirent et sont plus agressif en raison de la chaleur. Les transport en commun, du point de vue de l’hygiene publique c’est pas extra. Sans compter que le comportement des utilisateurs n’est pas toujours tres respectueux d’autrui. Personnellement, je deteste quand je me retrouve entourer d’une bande d’ados debile dans le metro ou l’autobus. Il faudrait penser a un code d’ethique pour usages du transport en commun afin de le rendre plus convivial et aussi augmenter les frequences afin que les gens puissent s’asseoir. Bref, sans amelioration notable de la qualite du service, il est illusoire de penser que les gens renonceront a leur voiture.
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29 juillet 2008 Ã 08 h 20
On peut aussi très bien atteindre les objectifs du protocole Kyoto tout en étant dépendant de la voiture et tout en augmentant le nombre de véhicules sur la route. Il s’agit simplement que ceux-ci émettent moins de GES dans leur totalité (i.e. la somme des GES de tous les véhicules). Le problème n’est donc pas tant les véhicules motorisés que les moteurs eux-mêmes.
Autrement dit, si du jour au lendemain tous les véhicules étaient électriques, par exemple (il y a d’autres exemples possibles), on dépasserait largement les objectifs de Kyoto. Plus étonnant encore, on y arriverait même si l’électricité était produite de manière « sale » puisqu’il y a moyen de faire des centrales électriques à combustibles fossiles beaucoup plus efficaces (i.e. rendement plus élevé, moins de perte en chaleur ou réutilisation de la chaleur) qu’un moteur à explosion qui a un rendement d’environ 20% (80% de perte).
Bien qu’il faille évidemment miser sur les TEC pour réduire le nombre de déplacement de véhicules (qu’ils soient électriques ou non, si on réduit nos dépenses d’énergie c’est toujours une bonne chose). Toutefois, un système de TEC qui concurrencerait l’automobile (avec la possibilité de relier tous points A et B à toute heure ou presque) serait probablement plus énergivore qu’un bon système de TEC avec un bon parc automobile puisque les véhicules à déplacer seraient plus lourds et il n’y aurait alors pas plus de passagers dans l’autobus que dans une voiture (en plus que les trajets impliquent généralement des détours par rapport aux trajets automobiles).
Finalement, TEC ou pas, une grande partie des GES émis par les moteurs à explosion proviennent du camionnage, qui remplace le train et le bateau. Cette tendance ne semble pas vouloir se renverser malgré de nombreux efforts.
Bref, il faudrait peut-être frapper sur le bon clou et arrêter de faire systématiquement une association Kyoto-automobile. Non seulement on oublie souvent le camionage dans l’équation, mais devrait plutôt viser les moteurs à explosion dans leur ensemble. On peut éliminer ces derniers sans éliminer les véhicules…
Finalement, comme j’ai déjà dit dans d’autres billets, ce n’est pas tant l’automobile qui est tabou ou en cause que le mode de vie qui sous-tend la croissance du nombre de véhicule. Les jeunes doivent faire de plus en plus de route pour travailler à gauche et à droite à des heures variées pendant leurs études, les parents sont de plus en plus nombreux à devoir faire des détours de plusieurs kilomètres matin et soir dans des délais très serrés pour envoyer leurs petits à la garderie, et les personnes agées possèdent non seulement des véhicules jusqu’à un âge de plus en plus avancé, mais ils sont aussi de plus en plus nombreux dans la population et ils tiennent à leur mobilité.
L’automobile est sous les feux de la rampe, mais n’est que très indirectement la source du problème en ce qui concerne Kyoto.
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29 juillet 2008 Ã 09 h 38
À mon avis, l’automobile n’est pas que «très indirectement» la source du problème. Elle est la grande responsable des problèmes qui sont soulevés ici. Bien sûr, le mode de vie de plus en plus mobile des gens entraine une croissance du nombre de déplacements et du nombre de véhicules, mais ce mode de vie est DIRECTEMENT induit par la présence de l’automobile et surtout par le choix qu’on a fait depuis 50 ans d’aménager nos ville et notre territoire uniquement en fonction d’elle.
Il est évident qu’il est maintenant quasi-impossible de vivre sans auto à Québec, mais la raison en est que, ayant pensé et aménagé la ville par et pour l’auto, aujourd’hui on se retrouve avec des lieux d’emplois, de résidence, de loisirs, d’achats etc. répartis sans mixité aux 4 coins de l’agglomération, laquelle s’est étendue avec une très faible densité sur un très grand territoire.
Dans un ordre d’idée un peu différent, il y a un truc qui m’agace quand on parle de l’auto en ville. J’ai l’impression que pour plusieurs, tous les problèmes seraient réglés si on avait des voitures électriques. L’impact de la voiture ne se limite pas qu’à la pollution qu’elle produit. En fait c’est tout le mode de développement urbain que l’usage de la voiture induit qui est une catastrophe écologique et sociale. L’étalement que rend possible la voiture cause la perte de terres agricole et la destruction de milieux humides. Le développement à faible densité implique des frais de chauffage des bâtiments beaucoup plus élevés, sans compter l’éclairage des kilomètres de rues supplémentaires etc.
Du côté social, l’impact de la voiture est souvent ignoré. Dans la ville de l’auto, on oublie qu’il y aura toujours des exclus, des gens qui ne pourront pas conduire parce que trop jeune ou trop vieux ou tout simplement trop pauvres. Or, depuis 50 ans, on construit la ville en ignorant complètement cette partie de la société : on implante les cinémas, les lieux d’emplois, les commerces, dans des endroits inaccessibles en TC. L’auto est source d’exclusion sociale.
Évidemment, tout ce que je dis est un peu court. Le temps et la motivation me manquent pour développer davantage mon argumentaire, surtout que tout ça a déjà été dis des centaines de fois par des auteurs fort bien documentés (dont Richard Bergeron, dont je recommande la lecture). C’est juste dommage que ce discours soit si peu entendu et si peu compris.
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29 juillet 2008 Ã 10 h 20
Je suis un peu surpris à la lecture des commentaires; il n’y a aucune mention faite au vélo, tant en ce qui attrait à la problématique qu’aux solutions envisagable. J’y reviendrai
Les TC en communs sont efficaces, je crois bien( je suis utilisateur), mais uniquement en ville cependant. Je ne vois pas comment les TC peuvent désservir adéquatement des populations plus éloignés et moins dense. C’est ca le principale problème des TC. On peut pas faire des trajets partout.
La voiture s’impose donc comme moyen de transport pour les moyennes et longues distances. Il n’y a pas d’autre choix vraiment. Comment aller voir la famille à Saint-Kekchose pour Noël sans voiture? Le problème n’est pas dans le fait d’avoir une voiture mais dans notre utilisation de celle-ci, bien sûr.
Et le vélo alors? Rapide, non-polluant, économique. Constatez par vous-même, le nombre de cyclistes augmente de jour en jour depuis que ca fait grincer des dents remplir le réservoir d’une voiture. C’est rendu qu’il y a même des irréductibles qui pédalent l’hiver.
Malheureusement, je trouve que la Ville de Québec n’encourage pas vraiment cette mouvance. On retappe le réseaux routier sans pour le moins creer massivement de nouvelles pistes cyclables. La Capitale Nationale est bien mal pourvu je puis vous dire(je vais chaque jour au travail en vélo). Il n’existe pas de corridor nord/sud officiel pour voyager en ville. C’est un défi de se composer un chemin rapide et sécuritaire. Dans l’axe est/ouest c’est un peu mieux( quoiqu’améliorable) car il y bon nombre de rues avec des pistes cyclabes.
Autre fait à déplorer à propos du vélo : au lieu de bâtir de pistes cyclables sur les axes routiers importants( exemple un boulevard exemple Hamel)les municipalités prennent des petites rues et en font des « routes cyclables ». Résultat: les municipalités s’évitent les désagréments d’une construction en zone d’achalandage et fait croire qu’elle s’occupe des cyclistes…du long terme oui Monsieur. Le problème c’est que ces « routes cycables » ne sont pas efficaces pour des gens qui veulent voyager. Souvent elle ne sont pas rapide et tricotte tellement à gauche et à droite qu’on dirait que tu fais du cyclo-tourisme quant tu veux seulement aller travailler. De plus, les voitures conservent sur ces rues leur Toute-Puissance de transporteur dominant. Même si le petit signe de vélo est sur la rue(car souvent il est effacé) les automobilistes ne respectent pas la priorité des cyclistes ( et pensent même que ce sont les cyclistes les contrevenants). C’est pourquoi j’avance que ce concept de rue cyclable n’est pas génial sauf dans le cas où il n’y a vraiment aucun espace pour une piste.
Qu’attend la Ville de Québec pour offrir une vraie alternative vélo à ses citoyens, et peut-être ainsi dégeorger le réseau routier tout en réduisant un peu les GES émis?
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29 juillet 2008 Ã 10 h 52
Pourquoi « posséder » une voiture quand on en a réellement besoin quelques fois. Pourquoi ne pas louer?
Le problème, c’est la motorisation, quand tu as une voiture, tu l’utilises!!!
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29 juillet 2008 Ã 22 h 24
La solution vélo de Marc-Olivier est peut-être intéressante pour une partie seulement de la population. Avez-vous pensé aux gens âgés (75-80-85 ans) en vélo dans nos côtes ? Et puis même le transport en commun n’est pas adapté pour ces gens avec les arrêts brusques et inattendus. Même les jeunes perdent pied. Et puis, c’est quoi l’idée de construire les grands magasins, les grands cinémas, tout ça en banlieue où il faut absolument une auto pour y accéder. Un centre-ville où il n’y a plus de cinémas, plus de bars, plus de grands magasins vers où toutes les lignes d’autobus convergent, c’est une aberration. Tant que l’étalement urbain s’amplifiera, il y aura toujours et encore plus de voitures et par conséquent plus de GES. C’est simple non !
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29 juillet 2008 Ã 22 h 41
@nicogag : je suis d’accord avec pas mal tout ce que tu dis. Toutefois, cela n’est pas relié à l’accord de Kyoto sur les GES. Je réitère donc mon idée comme quoi ce n’est pas l’automobile (et toutes conséquences découlant de son existance en grand nombre) qui est responsable des GES, mais bien le moteur qu’il y a dedans. La nuance est telle qu’avec des moteurs non polluants, on atteindrait bien plus que les objectifs de GES fixés. Évidemment, on ne règlerait pas aucun des autres problèmes lié au « mode de vie avec automobile », mais cela ne concerne pas l’accord de Kyoto…
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30 juillet 2008 Ã 08 h 36
@AlainQc
Je tiens juste à dire qu’une bonne partie des gens que je croise à vélo sont des personnes agés, qui parfois n’aime pas se stresser avec la voiture. Mais tu as raison, certain ne peuvent pas, il y a un age pour ca.
@Manu: Les moteurs non polluants efficaces et accessibles ne sont pas pour bientôt.
Il faut considérer la source d’énergie et ses caractéristiques dans l’équation. Les piles à hydrogen par exemple deviennent poluantes si l’hydrogen est scindé de l’eau à partir de l’énergie d’une centrale au charbon. Dans le même ordre d’idée, un moteur à combustion est non-polluant s’il est alimenté d’éthanol faite à patir de sucre former par la photosynthèse, donc à partir de CO2 atmosphérique. Je ne veux pas partir un discussion sur l’éthanol car c’est un sujet très vaste et aux multiples facettes, je cite un exemple hypothétique, seulement cela.
Amicalement
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