Château Bigot c’est le nom d’un quartier et le nom d’une artère municipale. Toutefois, ça provient d’un véritable manoir qui a existé à l’angle des rues Vice-Roi et Bourg-la-Reine. Ses pierres sont toujours bien visibles malgré qu’il est tombé en ruines il y a 100 ans.
Le château est construit en 1718 par l’intendant Michel Bégon de la Picardière. Cette maison lui servait de maison d’été. Elle resta dans sa famille jusqu’en 1753. Le bâtiment portait initialement le nom de « Beaumanoir », a plus tard été nommé par les anglais « Ermitage » ou « Hermitage » et était aussi décrit très simplement par les habitants des environs par « la Maison de la Montagne ». Le manoir était situé à l’angle des rues Vice-Roi et Bourg-la-Reine à Charlesbourg. Elle avait une dimension de 50 pieds par 30 pieds sur 2 étages. Elle changea successivement de propriétaires jusqu’à son abandon en 1850. À partir de cette date, la maison commença à dépérir rapidement et à tomber en ruines.
La fiction dépasse la réalité
La maison hérita de l’appellation « Château Bigot » suite à la publication de deux romans en sur le dernier intendant François Bigot. Le premier roman, « L’Intendant Bigot », de Joseph Marmette, paraît en 1872 et « The Golden Dog », de William Kirby, est publié en 1877 (En référence au même chien d’or de l’Auberge sur la rue du Fort). Voici un récit historique de Jean-Marie Lebel sur le site de la CCNQ :
Selon William Kirby, François Bigot, le dernier intendant de la Nouvelle-France, de 1748 à 1759, y aurait tenu captive la belle Caroline de Saint-Castin, petite-fille d’un chef abénaquis. Angélique des Méloizes, jalouse, aurait voulu se débarrasser de sa rivale et l’aurait empoisonnée avec un bouquet de roses imprégnées d’aqua tofana. Bigot aurait trouvé le corps de l’Amérindienne dans une chambre secrète du château et, éploré, l’aurait inhumé dans une voûte souterraine. Il aurait soupçonné Angélique mais n’aurait pas voulu l’accuser.
En 1890 Arthur Brousseau, le propriétaire du terrain de l’époque, met en valeur les ruines du manoir et en fait un site touristique suite au gain dl’intérêt suscité par ces deux romans populaires. L’imaginaire dépasse la réalité, car les touristes viennent d’aussi loin que les États-Unis pour voir où Bigot aurait enfermé la pauvre Caroline. Malgré tout, il n’y a aucune preuve que François Bigot aurait réellement mis les pieds dans ce manoir.
La fin du Château Bigot
La population attribue son dépérissement progressif à l’oeuvre des esprits qu’il enfermerait. Les murs qui tiennent toujours debout sont un danger pour les personnes qui fréquentent les lieux pour faire des pique-nique sur le bord du cours d’eau. Le dernier mur des ruines est démoli entre 1908-1913. On prétend dans un article du Soleil qu’il aurait subi les foudres de la population, mais on n’a rien trouvé qui prouve cette affirmation.
Voici une photographie aérienne de 1948 sur laquelle on peut voir un ilot déboisé avec une structure quelconque au nord du Bourg-Royal:
Que reste-t-il du Château Bigot?
Les fouilles archéologiques
Les fondations du manoir y sont présents jusqu’au début des années 1980. Des fouilles avait été fait à l’automne 1979 et en 1980 par les archéologues Carl Lavoie et Lucien Guimond financé par le Cégep François-Xavier-Garneau et le Ministère des affaires culturelles. Le rapport archéologique de 1981 nous apprend que les fondations se trouvaient sur le terrain du 1524, avenue Bourg-la-Reine (le coin de rue) et sur un terrain vendu à la Ville de Charlesbourg en 1964. Les numéros de lots du cadastre mentionnés dans le rapport sont 1040612 et 1041147.
Les fondations sont entièrement enfouies lors des fouilles archéologiques. Ils mesurent environ 4 pieds de haut et 3 pieds d’épaisseur. D’après l’archéologue Carl Lavoie à qui nous avons eu la chance de parler, il croit que toutes les fondations ont été retirés de terre depuis la construction de cette maison en 1989.
Les fouilles n’ont pas permis de trouver beaucoup d’artefacts. Le vol de biens et de matériaux provenant de l’édifice se faisait depuis longtemps. On retrouve une bague de troc qui a été volée plus tard dans une exposition à la salle paroissiale du Trait-Carré à Charlesbourg. On découvre aussi un bouton de chemise en argent qui provenait de l’Angleterre. On constate tout de même qu’il aurait eu peu d’activité faste dans cette maison donc très peu de traces d’objets de luxe pourtant décrit dans divers actes notariés et les deux romans mentionnés plus haut. Dans le rapport, les archéologues notent une brèche dans le mur de fondation du Nord qui servait peut-être à l’origine de la légende de l’emprisonnement de Caroline.
Une seconde vie au Beaumanoir
En 1979, Albert Potvin, le propriétaire des terres depuis 1944, construit sa maison sur la rue du Vice-Roi. Il réutilise une portion des pierres provenant des ruines du Beaumanoir pour le revêtement extérieur de sa propre maison. Le Château Bigot n’est donc pas véritablement effacé. D’une façon, il a eu une seconde vie.
5 août 2010 à 09 h 34
Ah ce Bigot. Il avait des talents d’administrateur. Écouter la piste 4. Les intendants ici http:///www.cartevieuxquebec.com/mp3
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5 août 2010 à 09 h 42
Il fut tellement détesté que d’en faire un personnage machiavélique dans un roman allait de soi. Comme je dis, la fiction a dépassé la réalité. Il n’aurait jamais mis les pieds dans ce manoir.
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5 août 2010 à 09 h 47
Encore un billet bien documenté, richement illustré sur un sujet moins connu, avec des primeurs comme les souvenirs de M. Lavoie. Merci Nicolas !
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5 août 2010 à 10 h 00
Je suis allé consulter le rapport archéologique de Carl Lavoie de 1981 à la Commission des biens culturels. J’ai pensé bon de lui parler pour avoir plus de précisions et comprendre le contexte de son intervention. Je constate que les gens de ce milieu sont très généreux et aiment partager leur travail et leur passion. On est bien heureux de vous transmettre leurs découvertes.
Le développement immobilier à Québec doit toujours tenir compte de notre riche sous-sol.
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5 août 2010 à 10 h 26
En aparté du sujet, le lotissement et le développement vers Orsainville du quartier « Chateau-Bigot » a été mené par le même M. Potvin qui avait réutilisé les pierres du manoir.
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5 août 2010 à 11 h 02
Oui je le savais, mais je n’ai peut-être dit ça clairement dans le billet. Cette terre a changé à plusieurs reprises de main. J’ai la liste complète des titres de propriétés.
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5 août 2010 à 15 h 17
Excellent billet magistralement bien documenté. Très intéressant à lire et bien monté.
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5 août 2010 à 22 h 28
Merci pour ce billet
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9 août 2010 à 14 h 15
Très intéresant ce document. Je me souviens qu’enfant, il y avait un petit étang artificiel fait avec les pierres du chateau Beaumanoir. Le site était bien pensé, situé entre du cours d’eau. Un ruisseau pour l’eau potable et une rivière plus au sud pour les égouts.
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10 août 2010 à 18 h 08
Je viens juste de tomber sur cette page web hier soir. C’est complètement renversant cette histoire. J’ai habité au bout de la rue des Thuyas à deux pas de là, de 1985 à 92 et, voilà presque deux ans maintenant, je suis embarqué dans un projet tout à fait de loisir personnel de plonger et découvrir la riche histoire de ce cet espace unique qu’est Charlesbourg et le Québec Métro en général, où j’ai grandi, via Internet de mon domicile actuel à Calgary, et sur le terrain quand je viens en vacances. Pourquoi ce projet d’histoire ? Parce qu’à Québec, paradoxalement la ville la plus historique en Amérique du Nord et dont les banlieues furent les toutes premières seigneuries, on ne nous l’enseigne pas notre histoire locale. Dans n’importe quel autre endroit, les gens de la localité conaissent tous le folklore et les mythes locaux. Mais pas à Québec. Jamais je n’aurais pensé que le quartier Château-Bigot à Charlesbourg recelait une telle légende! J’ai à peu près tout appris ce que je sais maintenant lors de ce projet. Et là cette sordide histoire. Ça alors! Quand j’étais jeune, j’allais des fois me promener en bicycle dans les rues de Château-Bigot pour le fun, et pour monter dans la Montagne des Roches; j’allais à l’accommodation le Polyvalent acheter de la gomme Bazooka Joe et des bonbons; et plus tard j’ai fait mon secondaire à l’école Les Sentiers… sans jamais savoir qu’il y avait là les ruines d’une demeure construite en 1718, en plein régime français!
Cette culture d’ignorance populaire de notre histoire à Québec est alarmante. En fait, c’est celle des autorités, du système d’éducation, de tout garder ces trésors dans l’ombre, enfouis, qui l’est. Et plus encore, l’absence quasi-totale de souci pour en préserver la valeur et l’intégrité pour que les générations futures puissent célébrer cet héritage unique sur ce continent, est dérangeante. Oui ils ont fait une excellente job de restaurer le Moulin des Jésuites à sa gloire de la Nouvelle-France. Mais le plan radial… Ce qu’ils ont fait du plan radial est un sacrilège.
J’en aurais tout un billet à écrire au sujet du plan radial de Charlesbourg, et plus particulièrement de Bourg-Royal. Ce plan radial est l’objet d’une fascination aiguë pour moi. En 1985-86, mon prof de 5e année est la personne par qui j’ai entendu à propos de ce plan radial, et de son unicité au monde, pour la première fois. Non, ça ne faisait pas partie de la matière du cours, c’est simplement que ce prof aimait tant nous glisser à l’occasion une bribe sur les réalités historiques et ancestrales du Québec. Mais, il parlait du plan radial comme si ça avait existé il y a très longtemps, et que ça avait disparu avec la Nouvelle-France elle-même… Ce sujet a donc été refoulé à mes arrière-pensées, songeant un jour en explorer peut-être la réalité pour rassasier ma curiosité sur cette caractéristique captivante du Charlesbourg dans lequel j’ai grandi.
C’est finalement en 2008 que je ressors ça du tiroir, suite à des vacances annuelles dans ma ville natale, où j’amène pour la première fois mon coloc et ami anglophone qui n’était jamais venu à Québec. C’est là que naquit en moi ce désir de découvrir, d’explorer et de documenter les réalités historiques et archéo-géographiques de Québec, de Charlesbourg et de Beauport… et d’aller enfin explorer ce qu’il reste de ce plan radial. Je découvre sur l’image satellite Google Maps actuelle (prise en juin 2007) que le plan radial de Bourg-Royal est encore bien visible, surtout avec son grand champ à l’est qui s’étend jusqu’à la limite du grand carré dans lequel le plan radial est inscrit. Grâce à une image satellite précédente que je retrouve sur un blog sur la ville de Québec, je constate la progression rapide de l’urbanisation sur les anciennes terres radiales dans l’année ou deux qui sépare(nt) ces images successives.
Ce qui alimente particulièrement cette quête passionnée, c’est le fait qu’aux étés 1985 et 86, j’aimais aller vaquer dans les trails sauvages à l’est du boul. Loiret (l’ancien, non pavé), sous les lignes à haute tension et dans les environs. Jamais, à l’époque, je n’ai su que je me promenais en plein sur ces anciennes terres radiales abandonnées, celles du quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal. C’est en 2008 que j’ai allumé. En 2006, j’avais découvert, particulièrement et avec grand désarroi, sur l’image satellite Google Maps, qu’un nouveau développement résidentiel avait ouvert toute une déchirure irréparable en plein sur cet espace de trails sauvages, les effaçant à jamais. Car j’avais toujours été fasciné de voir comment ces trails se profileraient d’en haut. Et là, en cette ère de l’Internet avec enfin les images satellite Google Maps au bout des doigts, il était trop tard. Puis vient 2008 et cette plongée dans l’histoire de ce lieu mentionnée plus haut. Alors à cette fascination s’en ajoute une encore plus importante et profonde : comment les anciennes délimitations de terres radiales se profilaient-elles à cet endroit dans le couvert végétal ? Jonchaient-elles vraiment ces trails que j’avais tant parcourues en bicycle dans mon enfance ? L’irréparable ayant été commis, je ne pouvais hélas que spéculer, et laisser aller mon imagination…
Là je n’irai pas dans les détails, mais grosso modo, ce que j’ai fait ensuite c’est une étude méticuleuse des traces encore visibles de ce plan radial, dont certaines lignes ont été préservées sous forme de divisions entre rangées de cours arrières. Armé d’un plan de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges tracé en 1754 et d’un rapporteur d’angles, j’ai mesuré les angles que ces lignes radiales faisaient avec l’ave. Bourg-Royal, et j’ai comparé avec ceux des divisions sur ce plan. À ma grande satisfaction, un bon nombre de ces lignes sur le terrain actuel correspondaient, à plus ou moins 1 ou 2 degrés, à des divisions sur le plan de 1754. J’ai ensuite trouvé, sur l’Internet, deux photos aériennes du Carré Tracy datant de la 1re moitié du 20e siècle, sur lesquelles j’ai pu repérer et identifier un bon nombre de ces mêmes lignes radiales. Mais, aucune de ces photos ne montre le quadrant nord-ouest passé le pourtour immédiat du Carré Tracy. Tout ce que j’ai pour me montrer comment l’endroit même où j’allais me promener dans les trails se profilait à l’époque où ces terres radiales étaient encore en cultivation, c’est le décor de cette fameuse photo aérienne oblique du Trait-Carré prise par W. B. Edwards en 1937, qui montre Bourg-Royal au loin.
Les gens à la Société d’histoire de Charlesbourg insistent que le plan radial a adéquatement été préservé. En effet, le pattern des rues s’alignant et s’enveloppant autour du Trait-Carré en est l’évidence : on ne peut pas dire que le plan radial a complètement été jeté au rancart lors du développement urbain de cet endroit. À Bourg-Royal, les nouvelles rues, surtout dans le quadrant nord-ouest, s’enveloppent encore plus intimement dans un pattern d’autant plus radioconcentrique autour du Carré Tracy. D’emblée, à Bourg-Royal, ils ont fait une « meilleure job encore », pourrait-on dire. Mais, avez-vous déjà regardé de plus près ces nouvelles rues à Bourg-Royal ? Des rues soit-disant « radiales », il n’y en a pas une qui vise au vrai centre du Carré Tracy comme les anciennes lignes radiales le faisaient! Allez sur Google Maps/satellite, prenez une règle et voyez-le par vous-mêmes! Ce qui est plus révoltant encore, c’est que, à l’exception des développements plus anciens datant de la fin des années ’60 et ’70 qui ont eu soin de respecter quelques anciennes lignes radiales au moyen de divisions entre rangées de cours arrières et de l’alignement d’une rue ou deux juste à l’est de l’école Les Sentiers, un bon nombre de ces lignes radiales se virent complètement effacées, enrayées de la réalité à jamais! Ces divisions radiales de champs vieilles de 3 siècles, remontant au temps de Frontenac, qui avaient été conservées de génération en génération quasi intactes par les cultivateurs jusqu’à nos jours, ont soudainement disparu en l’espace d’une couple de décennies!! Les développeurs urbains n’étaient-ils pas conscients, ou connaissants, de la valeur partimoiniale inestimable de ce qu’ils avaient entre les mains ? Ils ont ainsi substitué un joyau authentique de la Nouvelle-France, dont on avait la chance de disposer encore dans son état quasi original en cette ère post-moderne, par un semblant de plan radial, du factice!! Ça, c’est équivalent à démolir la structure originale du Moulin des Jésuites pour préserver l’addition qu’ils ont faite en 1910! D’un point du vue du patrimoine historique, ce n’est pas qu’insensé, c’est aberrant! C’est donc, contrairement aux apparences d’emblée, à Charlesbourg que le plan radial a été le mieux préservé, où un bon nombre de rues et d’avenues, de délimitations entre rangées de cours arrières, et même le mur arrière du Carrefour Charlesbourg, suivent les lignes radiales d’origine.
C’est à la fin de mes dernières vacances à Québec en mai 2009 que, lors de ma toute première visite au Moulin des Jésuites, je trouve l’objet ultime de ma quête. Sur la page couverture de la brochure Charlesbourg d’hier à aujourd’hui, disponible à cet endroit, je vois une photo aérienne verticale de Charlesbourg et Bourg-Royal datant de 1989, donc à l’époque où les trails que je mentionne plus haut étaient encore intouchées par l’urbanisation. Quand je vois le nombre de lignes radiales qui parcourent le quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal, qui sautent aux yeux, « I shake my head in disbelief », comme ils disent en anglais. Car aussi récemment que cette année-là, ces lignes se profilaient encore en éventail comme sur le plan de la seigneurie de 1754! Je réalise alors que la destruction de ce joyau archéogéographique unique au monde était déjà avancée à l’époque de l’image satellite de 2005 ou 2006, qui comprend encore une couple de lignes qui ne sont plus là sur l’image actuelle. Et ce n’est pas tout. Quel fut mon désarroi lorsque, lors de mon exploration sur le terrain de ce plan radial en disparition accélérée, je découvre que le dernier champ radial dans ce quadrant, qui radie à 45° du coin nord-ouest du Carré Tracy, était en démolition! Ils avaient remué la terre pour la construction des segments manquants des rues concentriques de ce développement que ce champ scindait en deux! Par conséquent, les deux limites de ce champ sont, encore une fois, deux autres belles lignes radiales authentiques du temps de nos ancêtres qui allaient disparaître, effacées du territoire à jamais. Car aujourd’hui ils ne les respectent plus, ils construisent les maisons et plus rien ne marque là où la ligne passait.
C’est ça qu’ils appellent la préservation du plan radial de Charlesbourg, qu’il faut « préserver à tout prix », comme on lit dans le document Étude de caractérisation de l’arrondissement historique de Charlesbourg produit en 2005 par la Commission des biens culturels du Québec ? Le grand problême c’est que, un bon nombre d’exceptions mis à part, le sens du partimoine historique local, du « heritage » comme ils l’appellent en anglais, échappe aux Canadiens-français. Quelles autres banlieues sur ce continent pouvaient se vanter de receler un vestige d’une demeure construite en 1718 ? Ce n’est pas dans les banlieues de Toronto que vous allez trouver ça. Et pourtant, si ça avait été le cas, vous pouvez être sûrs qu’ils n’auraient pas laissé ce vestige s’écrouler jusqu’à ce que la dernière pierre ne disparaisse sous le sol; ce vestige aurait été préservé du mieux qu’ils auraient pu, et célébré, fort probablement par un parc tout autour. En passant, le Château Bigot n’a pas reçu « seconde vie » comme on lit plus haut sur ce fil, par Albert Potvin : il a littéralement été recyclé! Or, laisse-t-on les cadavres des dignitaires exposés aux éléments, pour qu’ils se fassent grignoter par les carnassiers ? Et le plan radial… Puisqu’il fallait absolument y construire un développement résidentiel, qu’est-ce que ça aurait été de faire des avenues sur les lignes radiales mêmes, surtout dans le quadrant nord-ouest, pour y greffer les petites rues, dans un pattern concentrique comme ils l’ont fait ? Ils n’auraient même pas eu besoin d’arpenteurs, ils n’auraient eu qu’à suivre les lignes qui étaient encore là! Comble de la stupidité, deux lignes radiales qui avaient existé sous forme d’une route de ferme sont devenues des divisions entre rangées de cours arrières! Ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas eu là l’opportunité d’en faire au moins deux avenues vraiment radiales sans trop de défrichage! Ça, ça aurait été de la préservation pour les générations futures. Et ça aurait été éblouissant sur l’image satellite de Google Maps, même sur une map. Cela aurait constitué une réelle célébration à la hauteur de ce joyau archéogéographique, qui est, soit dit en passant, récemment tombé dans l’oeil de rien de moins prestigieux que la Sorbonne à Paris! Allez lire leur « Lecture archéogéographique d’un faubourg septentrionnal de la ville de Québec (Canada) », c’est intéressant ce que ces Français ont à dire de notre Charlesbourg d’ici (et ils n’ont rien vu de la photo aérienne de 1989!) :
http://www.archeogeographie.org/index.php?rub=formation/exos/corriges/quebec
Ça a pris, en effet, un des très rares anglophones qui s’adonnent à vivre à Charlesbourg pour créer une oeuvre d’art qui est génialement à la hauteur de l’héritage du plan radial : c’est le tableau Convergences qui est fièrement affiché dans la nouvelle bibliothèque municipale près du Trait-Carré. Là encore, si le plan radial avait existé quelque part dans le Canada anglais, il serait aujourd’hui rien de moins qu’un Site du patrimoine national du Canada (Canadian National Heritage Site). Il y a maintenant des panneaux d’interprétation au Trait-Carré, mais rien à Bourg-Royal; et c’est pourtant à Bourg-Royal qu’ils ont eu une seconde chance de faire quelque chose de vraiment fabuleux, car dans les années ’80, le squelette du joyau original dont ils disposaient était encore presque entier…
C’est en lisant un autre fil de discussion sur ce site web, au sujet de la redoute de Montcalm à Beauport, juste avant de lire celui-ci, que j’ai eu mon premier vrai sens du pourquoi de la non-préservation de ces joyaux historiques comme aucun autre lieu au Canada ne les regroupe aussi nombreusement : la Ville et les développeurs s’en foutent éperdument. Et là vient l’histoire loufoque du Château Bigot, qui en fournit la confirmation la plus claire et irrévocable.
Enfin sur cette page web, je semble avoir trouvé, disons, la moitié de l’objet de mon autre quête ultime, à savoir comment les champs radiaux se profilaient avant leur abandon en friche dans le quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal, avant que les lignes d’hydro ne passent par là. J’ai très apprécié la photo aérienne verticale de 1948 que M. Roberge a affichée dans son message original de ce fil de discussion. Enfin je vois l’étendue défrichée des champs radiaux et la végétation le long de la limite nord du grand carré au milieu du 20e siècle de directement au-dessus, et même ce qui allait devenir la fin de la rue des Cyprès. Cette photo ne montre cependant que la moitié nord de ce quadrant. Est-ce que ce serait possible de fournir la photo entière (s’il s’agit d’une partie d’une photo plus grande), ou une autre photo du genre à cette époque ou plus tôt dans le 20e siècle, qui montrerait tout le quadrant nord-ouest, s.v.p. ? Ce serait très apprécié. Mes recherches sur Google n’ont pas produit de photos aériennes de cette époque du quadrant nord-ouest. Merci à l’avance!
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10 août 2010 à 18 h 59
Magnigique commentaire Richard. J’ai grandit dans le même coin, et j’ai emprunté les même « trail » à vélo.
Pour la photo aérienne de 1948, prépares-toi à avoir un orgasme… Juste ici: https://www.quebecurbain.qc.ca/2008/02/26/vue-aerienne-spectaculaire-de-quebec-en-1948-explorez-en-detail-quebec-il-y-a-60-ans/
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10 août 2010 à 21 h 09
Eille merci pour ce super lien! De toutes les photos aériennes que j’ai pu trouver dans ma quête, ça c’est l’JACKPOT!!! Simonaque, c’est comme avoir eu Google Maps en 1948!! Tu veux savoir comment c’était dans l’temps des champs cultivés dans le grand carré de Bourg-Royal, tins, v’là toute la conurbation, amuse-toi!! Wow!! Pour l’avoir « le reste » de la « plus grande » photo du quadrant nord-ouest, je l’ai!!
Félicitations également pour ce super forum, le seul que je connais qui laisse des non-membres poster des commentaires et des réponses, et même de très longs messages d’une shot sans coupure! Très ginial comme concept. En arrivant ici, je suis vraiment tombé dans le créneau concernant mes fascinations historiques de photos aériennes. Il suffit de poster un message et on trouve! Je réalise que les 2 photos aériennes du Carré Tracy que j’avais trouvées sont plus récentes que celle-ci, alors celle-ci est la plus ancienne que j’aie vue à présent. Super de gros projet génial de l’Université Laval!
Et c’est l’fun aussi de « rencontrer » des gens qui partagent une passion pour l’histoire de notre envronnement local. Et particulièrement toi Francis, qui semble avoir le même vécu que moi concernant les trails du quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal! Et je tiens aussi à féliciter Nicolas Roberge pour le message initial bien monté qui démarre ce fil, étant donné qu’un forum ce n’est pas un traitement de texte!
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11 août 2010 à 10 h 48
@ Richard Lamarche,
La marche est haute pour la ville dans sa façon de faire car la grosse machine est dificile à virer de bord.
Non seulement dans sa manière de faire les choses, mais plus encore dans sa façon de penser et de planifier le dévloppement global en respectant l’ Histoire.
Cette grosse machine ne pense pas réellement, elle réagie selon les promoteurs du moment et des Taxes que ca peu rapporté dans l’ immédiat.
UNE VILLE sans VISION et sans RÊVE qu’ est devenu Québec.
Je ne suis pas déçu mais abasourdit par le manque de « leadership » de nos fameux élus !!!
Comme toujours les citoyens ne sont pas écoutés par les autorités municipales.
Je vais arrêté ici car j’en aurais trop à dire et avant que l’ écoeurite aigue me pogne….
A la prochaine…..et bienvenue sur ce blog !
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16 août 2010 à 19 h 32
Très bon point Langis D. Harvey. C’est l’argent qui mène le monde après tout. Le Moulin des Jésuites c’est une chose, mais le développement résidentiel en est une toute autre! De toute évidence, à un certain point, respecter le plan radial à Bourg-Royal est devenu trop d’inconvénient pour vendre (plans et formes des terrains) $$$!
J’invite également Nicolas Roberge, l’historien amateur mais dont le bagage et les connaissances en font presque un professionnel, à répondre à mon long message ou en commenter — peut-être que dans tout ce bagage, ce monsieur aura quelque chose de très intéressant à nous partager de ses connaissances sur les terres radiales de Bourg-Royal (anciennes et actuelles) ?
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23 août 2010 à 23 h 20
Concernant mon commentaire où je me laisse aller sur la désécration du plan radial original de Bourg-Royal que je critique sévèrement dans mon premier message, je viens de m’apercevoir que je dois tempérer mon point un peu. En effet, il s’adonne que le côté est de la rue des Calcédoines dans le secteur sud-ouest longe une ligne radiale d’origine qui a été respectée à une couple de mètres de distance. C’est sûr que le centre de la rue n’est pas aligné avec le centre du Carré Tracy car il n’a pas été fait sur l’ancienne ligne radiale même, mais au moins la ligne a été préservée. J’ai vérifié et je vois une division de champs à exactement cet endroit sur l’orthophoto de 1948.
Dans le même ordre d’idées, quand le champ à 45° dans le quadrant nord-ouest sera disparu, ce ne sera pas « deux autres belles lignes radiales authentiques » qui disparaîtront, mais une seule, puisque la limite sud de ce champ a été immortalisée sous la forme du côté droit (regardant vers l’extérieur) de la rue du Saphir et du fond des « places » des rues de l’Ardoise/Granite et Perles/Topazes.
Alors, bien que ce qu’ils ont fait est toujours médiocre, tout n’est pas perdu…
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30 septembre 2010 à 19 h 59
je le sais puisque je vie pas loin de ce lieu j`ai trouver un chemin qui par la suit de nom de bourg la reine c`est pas loin de chez moi et peu il allez à pied la 36 passe pas loin aussi.De Nathalie carrier
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