Isabelle Porter
Le Devoir
Québec — Le modèle de la maison unifamiliale n’est pas un absolu pour tous les acheteurs, selon un nouveau sondage. Beaucoup de gens, les jeunes surtout, seraient prêts à considérer des jumelés, des maisons de ville et des habitations plus denses pour peu qu’on les leur propose.
«Si la maison unifamiliale a toujours la cote, on remarque une ouverture à différents types de maison permettant d’atteindre des densités nettes allant jusqu’à 40 logements par hectare», a fait valoir hier la professeure de l’Université Laval Carole Després à l’occasion d’un colloque de la Société d’habitation du Québec.
Le sondage a été mené auprès de 1138 internautes souhaitant déménager d’ici cinq ans. Les répondants, dont 499 étaient des étudiants, devaient fournir leurs préférences résidentielles. Ils pouvaient cocher plusieurs choix, allant des tours avec ascenseur aux maisons de banlieue avec terrain, en passant par le jumelé et la maison de ville.
Les résultats montrent aussi que les immeubles à trois étages — comme ceux qu’on retrouve en grand nombre dans Limoilou — sont très populaires. «Les immeubles collectifs de trois étages rejoignent les aspirations de quatre profils de résidants sur six», a signalé Mme Després, avant d’ajouter qu’on devrait «miser sur ce type d’immeubles».
Cette spécialiste de l’étude des banlieues souligne qu’actuellement les locataires sont «les grands oubliés» du marché. Même si le désir d’acquérir un condominium «demeure très présent», «une fraction importante désire habiter des immeubles locatifs».
Malgré les signes d’ouverture à la densification, Mme Després ajoute que l’étude portait sur les gens qui veulent déménager et qu’il ne faut pas oublier l’importance de ceux «qui veulent rester en place».
Le colloque auquel elle participait portait d’ailleurs sur les difficultés qu’éprouvent les pouvoirs publics à vendre la densification notamment aux citoyens voisins des projets. À plusieurs reprises, les conférenciers ont fait allusion à des projets controversés, comme l’îlot Irving à Québec et Griffintown à Montréal.
«Nous avons beaucoup d’efforts à faire en banlieue pour développer un autre type de quartier», a fait valoir le directeur de la Communauté métropolitaine de Montréal, Massimo Iezzoni. Selon lui, les villes gagneraient à diffuser leurs propres outils d’urbanisme, comme «Walk Score» et «Google Sketch», pour que la population « puisse visualiser les projets ».
Rare voix discordante, le représentant de l’Association des constructeurs d’habitations (APCHQ), François Bernier, a dit qu’il n’y avait pas matière à en parler «parce que du locatif et du condo, c’est tout ce qui se fait» et que «l’industrie contribue à la densification».
À son avis, les promoteurs y recourent d’autant plus qu’ils manquent de moyens. «La densité compense l’abordabilité [sic] réduite. Quand on n’est pas capable de se payer quelque chose, la solution de l’industrie, c’est d’en offrir plus sur le même terrain.»
M. Bernier estime par ailleurs «qu’en milieu dense, tout est plus cher» et que les gens payent alors plus cher en taxes et en services municipaux. Dès lors, le bénéfice de la densification serait «social» plutôt que privé.
Cette affirmation a par la suite fait bondir le président du lobby vert Vivre en ville, Alexandre Turgeon, selon qui il n’y a pas de lien entre les taxes et la densification. «Ce n’est pas la demande, le problème, c’est l’offre, a-t-il dit. Il n’y a pas assez d’options offertes au citoyen. La population ne peut pas aspirer à des choses qu’elle ne connaît pas.»
* Québec Urbain a assisté à ce colloque dont le nombre de participants était malheureusement limité. Une intervenante a souligné que peu de promoteurs étaient présents. J’en connaissais au moins deux personnellement qui étaient là parce que l’ayant découvert fortuitement. Quoiqu’il en soit, c’est une bonne initiative de la Société d’Habitation du Québec qui gagnerait à être plus largement diffusée.
1er mars 2012 à 17 h 47
La densification, elle va venir par la force des choses. La forte correction immobilière des dernières années fait réfléchir les acheteurs sur leurs besoins réels. C’est à ce moment que les acheteurs commencent à envisager d’autres solutions que la maison pavillonnaire commune.
Dans une plus petite proportion, l’augmentation du prix de l’essence et l’augmentation du trafic aide aussi à dissuader les gens de s’établir trop loin.
Mais il ne faut pas que les politiciens en restent là. L’ajout de taxes sur l’essence, et l’arrêt de construction de nouvelles infrastructures routières pourraient bien accélérer le mouvement.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 09 h 32
« forte correction immobilière »… quels critères permettent d’affirmer qu’il y a eu une forte correction immobilières au cours des dernières années?
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 10 h 31
Je crois que la forte hausse des prix de l’immobilier dans la région (bien plus forte que l’inflation) a été largement documentée durant ces dernières années.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 11 h 28
@ Francis L
Lorsqu’on parle d’une correction quel soit boursière ou immobilière
cela signifie que le marché a atteint un niveau anormalement élevé et contrairement à ton interprétation le marché ne poursuit pas sa montée mais chute pour retrouver sa zone de confort.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 13 h 24
Bon, désolé si le terme n’était pas exact. Comme vous voyez, je ne suis pas un économiste. Mais je crois que vous avez compris ce que j’essaie d’expliquer.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 15 h 52
Et je ne suis pas économiste
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 09 h 54
Moi je suis prêt à déménager de mon cottage de banlieue pour aller dans une maison de ville. Mais si je me fie au prix des maisons de ville de la Cité verte (A partir de 450K si je me souviens bien, ca c’est plus du double de mon hypothèque actuelle), je vais attendre longtemps.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 21 h 19
Tout ce qu’il y a pu y avoir comme « correction », en étirant au sens large, c’est que le marché immobilier ne poursuit plus sa croissance débile de 10 à 20% par année comme il y a 5 – 10 ans. On est revenu à des augmentations qui sont à peine supérieure à l’inflation. Mais il n’y eu aucune correction, pas de rajustement des prix. Je ne saurais dire par contre si c’est normal, surprenant, ou inquiétant.
Quant à s’établir plus loin, force est d’admettre qui est beaucoup plus facile de construire des blocs de 4 à 6 étages à Neuchâtel et Lebourgneuf que dans Montcalm… alors il n’y a pas que les grands espaces et le prix plus bas qui tire les gens hors des centres, mais aussi la densité de logement qui s’installe en périphérie. Au moins il y a Ste-Foy « centre » qui réussit à se densifier pour retenir plus de gens.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 09 h 48
Je n’étais pas à cette présentation. Dommage. J’aurais pu mieux juger de son sérieux. Mais si je ne me fie qu’à cet article ça donne vraiment l’impression d’une étude pour le moins… amateure (je reste poli).
L’échantillon de départ est fortement biaisé. En partant on ne prend que ceux qui veulent déménager ce qui exclut les personnes qui sont satisfaites de leur habitation (ce biais est mentionné dans le texte). Ensuite comme la population étudiante est largement surreprésentée il me semble évident que le revenu moyen des répondants est non représentatif. De plus les étudiants sont souvent dans une période moins stable dans leur vie: ils ne savent pas encore où ils travailleront pour le reste de leur vie d’où une plus grande acceptabilité de la location. Facile, dans ces conditions, d’affirmer que les locataires sont les grands oubliés…
Il existe des moyens statistiques de corriger ces biais mais le faible échantillonnage pour certaines catégories risque de rendre les résultats non significatifs. Par exemple : quelle est la proportion des répondants qui ont entre 35 et 50 ans et qui ont un revenu familial supérieur à 100 000 $ dans cette étude? J’ai l’impression que c’est faible. Mais si on regarde les propriétaires de bungalows, ça peut ressembler à ça.
Peut-être que l’étude est plus sérieuse qu’elle n’en a l’air. Mais ce que je lis ne me rassure pas.
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 11 h 37
L’analyse des données de cette enquête n’est pas complétée. Et c’est une étude très sérieuse. Toutefois, pour mieux vous éclairer, je cite un extrait de la conférence prononcée par Madame Després:
Les 2500 participants à l’enquête «Demain Québec» habitent sur tout le territoire de la CMQ ; près de 80% d’entre eux ont une adresse à Québec, en majorité dans les arrondissements La Cité-‐Limoilou et Sillery-‐Sainte-‐Foy-‐Cap-‐Rouge (60%), ou à Lévis(11%).
Ils sont originaires de la CMQ pour la moitié, pour l’autre d’un autre pays, province ou région.
Ce sont dans des proportions comparables qu’ils habitent des maisons ou des appartements, sont propriétaires ou locataires ou vivent dans des ménages bénéficiant d’un ou de deux revenus.
Comparativement au recensement, les catégories d’âges 18-‐24 ans et 25-‐34 ans sont surreprésentées, l’inverse pour celle de 65 ans et plus. La proportion de répondants ayant un diplôme universitaire ou étant en voie d’en obtenir un est de 20% plus élevée que celle révélée par le recensement de 2006.
Trois répondants sur dix sont aux études, la très grande majorité à temps plein.
Signaler ce commentaire
3 mars 2012 à 23 h 55
Dans un cas 2500 participants, 1138 dans l’autre. 3 sur 10 aux études dans un cas, 44% d’étudiants dans l’autre…
Si je comprends bien ce n’est pas la même étude. Ou une analyse différente utilisant les mêmes données?
Signaler ce commentaire
2 mars 2012 à 21 h 55
Quand je voyais les terrains derrière l’Hôpital Robert Giffard, je me disais que ce serait l’emplacement idéal pour y construire des duplex/triplex, jumelés, maisons de ville, ce qui se rapproche de ce que l’on trouve dans le quartier environnant. Ça aurait certainement pu attirer des familles surtout que c’est près du centre-ville. Mais on a érigé cet énorme « Jardin d’Évangéline », et des « blocs » à condos sont prévus autour. Même les esquisses des éco-quartiers me laissent songeurs. Trop gros bâtiments, ce qui me laisse croire que ce sera comme la Cité Verte : surtout pas pour des familles.
Je suis convaincu que les familles feraient le choix de la ville, si on pouvait leur offrir, une solution adéquate et pas nécessairement juste de l’unifamiliale.
Signaler ce commentaire
3 mars 2012 à 07 h 11
Totalement d’accord, je ne demande que ca.
Signaler ce commentaire
3 mars 2012 à 04 h 51
[…] Tel que rapporté (et enrichi de liens pertinents) par Gérald Gobeil dans Québec Urbain. À lire notamment : Le […]
Signaler ce commentaire
3 mars 2012 à 18 h 26
«M. Bernier estime par ailleurs «qu’en milieu dense, tout est plus cher» et que les gens payent alors plus cher en taxes et en services municipaux.»
!? Plus de logements et plus de gens pour un même mètre linéaire de rue (comprenant tout ce qu’il y a d’infrastructure dessous) reviendrait plus cher!? Laissez moi en douter (fortement)! D’autant plus que les analyses d’impacts fiscaux pour de nouveaux projets tiennent en compte de la population estimée et du nombre de mètres linéaires de rue pour savoir si le projet engendre des coûts supérieurs aux revenus des futures taxes. Le meilleur moyen pour les villes de rentrer dans leur argent est d’exiger des promoteurs qu’ils augmentent le nombre de logement sur le site, l’autre étant de construire des habitations de plus grandes valeurs.
De ce fait, le système fiscal des municipalités devrait tenir en compte le frontage des propriétés: plus votre terrain est large, plus ça coûte cher d’infrastructures et de services à la municipalité, plus vous devriez contribuer. Ceci inciterait à morceler les terrains trop grands, contribuant ainsi à une densification, et découragerait l’achat de pavillonnaire. À méditer…
Signaler ce commentaire
4 mars 2012 à 06 h 56
Plus de logements et plus de gens pour un même mètre linéaire de rue (comprenant tout ce qu’il y a d’infrastructure dessous) reviendrait plus cher!? Laissez moi en douter (fortement)!
Pourquoi alors que le prix du pied carré de terrain est de $7 à Charlebourg et Beauport, de $ 45 dans Saint-Roch, de $50 dans le Vieux-port et $ 60 près de la Grande-Allée. Seulement avec cet écart de valeur les propos de m. Bernier sont ok. Plus que tu demeure près d’un territoire en demande plus que tu paieras de taxes et c’est indépendants des infrastructures et des services fournis par la ville.
Signaler ce commentaire
4 mars 2012 à 10 h 39
Vous faites un rapport avec la localisation géographique, je le fais, M. Bernier aussi, avec la densité, deux choses différentes!
Signaler ce commentaire