Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Civiliser le far west du développement urbain

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 27 mai 2018 4 commentaires

Christian Savard
Vivre en ville

Patrimoine collectif, notre territoire est aussi une ressource « finie » dont la quantité est déterminée : il n’est pas possible de créer du territoire. Nous devons nous arranger avec celui qui est à la fois notre garde-manger, notre aqueduc et notre écosystème, en même temps que notre espace de vie.

L’étalement de l’urbanisation sur le territoire est actuellement le principal problème environnemental au Québec. Sa progression diffuse est moins spectaculaire qu’un puits de gaz de schiste ou que la disparition d’une espèce animale emblématique, mais ses conséquences sont aussi graves. Le grignotage inexorable des terres agricoles, la fragmentation des milieux naturels par les infrastructures routières, l’imperméabilisation du territoire nous privent de services écologiques indispensables.

Si, à l’échelle de chaque municipalité, l’urbanisation de nouveaux terrains apparaît marginale, le gaspillage cumulé est considérable.

En quelques décennies, la dispersion des ménages et l’éparpillement des activités en couronne des grandes villes ont détruit, rien qu’au Québec, près de 1000 kilomètres carrés de terres agricoles – deux fois l’île de Montréal – et encore davantage de milieux naturels.

La dilapidation du territoire s’accompagne d’un alourdissement du bilan carbone en transport. Un résidant des couronnes de la région métropolitaine émet 50 % plus de gaz à effet de serre, en moyenne, qu’un résidant de l’île de Montréal. Le bilan carbone du travailleur du DIX30 est 76 % plus lourd que celui de la Place Charles-Le Moyne, à Longueuil.

Ainsi, en matière d’environnement, l’étalement urbain est une lente catastrophe. À cela s’ajoutent, entre autres, le lourd tribut des infrastructures qu’il nécessite et la qualité de vie perdue sur des autoroutes impossibles à décongestionner.

Fort de ce constat, le Québec au quasi complet parle d’enrayer l’étalement urbain depuis au moins 40 ans. La complexité de ses causes et le caractère diffus du phénomène le rendent malheureusement difficile à juguler. Pour chacun d’entre nous, celui qui s’étale, c’est le voisin, et l’espace que nous occupons n’est que notre juste part du territoire. Changer cette façon de voir les choses est un préalable pour résoudre enfin le problème. Nous proposons trois types d’actions à prendre à court terme.

Le premier moyen de freiner l’étalement urbain est d’abord une gestion plus serrée de l’urbanisation.

Il est nécessaire de réduire le rythme de croissance de certaines municipalités périphériques où la poursuite du développement est trop coûteuse à tous points de vue.

C’est le rôle des Plans métropolitains d’aménagement et de développement et celui des Orientations gouvernementales en aménagement. En effet, sans limites imposées par les ordres de gouvernement supérieurs, il est illusoire d’espérer un changement dans les pratiques d’aménagement : la tentation des taxes faciles mènera toujours à accepter des projets qui, autrement, pourraient aller s’installer dans une municipalité voisine, plus permissive. À l’heure où les municipalités sont jalouses de leur autonomie, ce discours peu populaire est pourtant la seule manière de civiliser le far west du développement urbain. Il faut des règles communes.

Ensuite, le virage de la consolidation urbaine nécessite un appui financier, dans le même esprit que les subventions aux véhicules électriques visent à en favoriser l’achat.

Pour accélérer la réalisation des projets les plus méritants, l’État devrait créer un Fonds en aménagement et urbanisme durables, doté de 100 millions par année. Ce fonds soutiendrait la densification des milieux urbanisés, la consolidation des noyaux villageois et la requalification des premières couronnes de banlieue.

Enfin, tous s’entendent sur les effets pervers de la fiscalité locale, qui suscite actuellement une concurrence délétère entre les municipalités.

Une fiscalité municipale écoresponsable devra mieux internaliser les coûts et favoriser des formes de croissance urbaine plus raisonnées. Surtout, elle devra rendre moins alléchant le développement sur des milieux naturels et agricoles.

L’étalement urbain creuse notre dette environnementale de façon irrémédiable. Ceux qui prendront le pouvoir le 1er octobre prochain devront s’y attaquer.

La Presse+

Voir aussi : Étalement urbain, Densification, Environnement.


4 commentaires

  1. jeand Utilisateur de Québec Urbain

    27 mai 2018 à 17 h 55

    Bon tant qu’à ça fermons la Gaspésie la Côte-Nord! Non plus radical on fait sauter les 2 liens et on déménage tous à Québec et on bâtit en hauteur sale.
    Bon c’est vrai Montcalm Saint-Jean Baptiste et maintenant Limoilou ne veulent pas plus que 4 parfois 6 étages et là on parle d’échelle humaine lol. Et le phare on en veut pas non plus à 65 étages

    L’auteur qui écrit « tous s’entendent » de qui il parle?

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    • Undefined

      28 mai 2018 à 10 h 26

      « Bon tant qu’à ça fermons la Gaspésie la Côte-Nord! Non plus radical on fait sauter les 2 liens et on déménage tous à Québec et on bâtit en hauteur sale. »

      Ça va? Peut-on vous aider? Pour répondre à votre question, il ne parle pas de vous. Ne le prenez pas personnellement. ;-)

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  2. Undefined

    28 mai 2018 à 12 h 12

    « Bon tant qu’à ça fermons la Gaspésie la Côte-Nord! Non plus radical on fait sauter les 2 liens et on déménage tous à Québec et on bâtit en hauteur sale. »

    J’en ai contre ce genre d’enflure verbale. Dans les 2 cas ça n’a rien de constructif. Comme j’ai écrit ne le prenez pas personnellement. ;-)

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