Martin Claveau
Le Carrefour de Québec
Le pays sans trottoir
La semaine dernière, nous avons rendu visite à des amis dans le haut Charlesbourg et nous avons passé un agréable samedi soir. Avant le souper, pour divertir les enfants, nous nous sommes rendu en voiture au parc le plus proche. Mon ami Guy nous a ensuite fait visiter le nouveau développement qu’un constructeur réalise dans le secteur. Lorsqu’on se promène là-bas, si l’on habite au centre-ville, on se sent un peu comme lorsqu’on visite une contrée éloignée. Les valeurs des habitants et la valeur de leurs habitations sont très éloignées de ce à quoi je suis accoutumé.
Mon ami connaît son coin, mais notre tour de char, parce que c’est la meilleure façon de se déplacer dans ce secteur, lui a fait découvrir des endroits nouveaux et insoupçonnés. Des dizaines de rues et terrains qui n’existaient pas l’été dernier sont apparues avec le printemps. Les maisons qu’on y bâtit sont impressionnantes. Certaines disposent de deux parfois mêmes trois garages. Les gens qui habitent ses résidences, sur lesquelles veillent souvent des statues de lion en pierre, manquent de place pour garer leurs trois ou quatre véhicules. Normal, puisqu’ils doivent parcourir des kilomètres pour aller s’acheter une pinte de lait ou du café.
Dans ces rues neuves et pratiquement pavées d’or, on ne trouve aucun trottoir. Quand les gens marchent ou courent, ils le font sur un bel asphalte neuf et lisse. Beaucoup de familles choisissent ce petit paradis pour s’établir. Les rues pullulent de paniers de basketball et des jouets traînent sur la chaussée neuve. Des femmes promènent leurs poupons en poussettes à 1100$ tout en jacassant au milieu de la rue. Elles nous regardent avec méfiance et nous font sentir que nous n’avons pas d’affaires ici. Des pancartes «attention à nos enfants» sont installées à certains coins de rue, même si les maisons ne sont pas encore bâties et qu’on ne sait pas encore qui va y habiter. Je songe aux kilomètres d’aqueduc qu’on a dû construire pour ces belles demeures unifamiliales en devenir, qui seront souvent dotées de quatre salles de bain, pour des familles de quatre.
Les terrains sont immenses et gazonnés, la plupart des garages sont plus grands que ma maison et mon terrain mis ensemble. Des terrains en friche en côtoient d’autres qui sont sur la garnotte, mais tout est neuf et beau. Nous quittons. Ma promenade dans ce pays étranger est terminée. J’entrevois une marmotte qui semble un peu perdue. Je me demande si elle sait qu’elle vit sur du temps emprunté. Bientôt, tout sera terminé et elle devra partir de cette contrée qui lui sera devenue étrangère, elle aussi.
Contradiction
Bien sûr, les gens qui habitent ici ont le droit de le faire et ma foi, j’avoue même que ça doit être plutôt agréable. Il n’y a rien de mal à cela. Ce qui me choque ici, c’est de voir à quel point notre municipalité s’accommode bien des choses comme elles le sont. D’un côté, elle pousse pour densifier le centre, pendant qu’à l’extrême nord du territoire, on sent moins cet effort de densification, mettons! À l’image de ses habitants, elle est bourrée de contradictions ma ville, mais elle est contente. Bientôt, elle empochera des millions en impôts fonciers pour toutes ces belles maisons neuves à 700 000$ et elle continuera d’augmenter les taxes pour ceux qui vivent au centre-ville. C’est comme au casino dans le fond, elle gagne tout le temps.
* Merci à Marc Guy
31 mai 2018 à 22 h 02
Bien que je suis en accord avec le principe de densifier la ville, je me permet de jouer l’avocat du diable.
Le secteur mentionné par l’auteur est presqu’à la limite nord de la ville de Québec. Si ces terrains n’étaient pas offerts pour y construire de grosses « cabanes », ces gens iront à Lac-Beauport, Stoneham ou dans d’autres municipalités de la couronne nord (où la construction est encore moins densifiée).
Bref, la ville essaie d’avoir une offre alléchante pour les gens qui veulent une grosse cabane et un terrain. Au final, c’est mieux qu’ils s’installent dans le périmètre de la ville, où il y a au moins une offre minimale de TEC, que de les pousser vers la couronne nord.
Je pointerais d’avantage le gouvernement provincial pour ses politiques encourageant l’étalement urbain. L’agrandissement de Laurentienne (secteur nord) en est un exemple flagrant.
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31 mai 2018 à 23 h 08
Quel article weird. On dirait un article de National Geographic de 1928. Un explorateur découvre une tribu sauvage d’Amazonie.
Il a 30, 40 ans et n’a jamais mis les pied dans une banlieue? Really?
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1er juin 2018 à 09 h 02
Vous m’avez fait sourire. Votre commentaire est très éloquent.
J’ajouterais même je vois une bonne dose d’ethnocentrisme dans le propos.
De toute évidence, l’auteur voit le monde et sa diversité à travers le prisme privilégié et plus ou moins exclusif des idées, des intérêts et des archétypes de sa communauté d’origine (merci wiki).
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1er juin 2018 à 10 h 41
De l’humour sarcastique de la part de l’auteur? Une démonstration par l’absurde?
Après la 2e phrase j’avais cerné le ton de l’article…
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1er juin 2018 à 10 h 43
« D’un côté, elle pousse pour densifier le centre, pendant qu’à l’extrême nord du territoire, on sent moins cet effort de densification, mettons! »
Ou quand les bottines ne suivent pas les babines!
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1er juin 2018 à 11 h 15
De son « humour » se cache des jugements de valeur qui ne font selon moi qu’approfondir le clash qu’il existe entre « les urbains vertueux qui payent trop de taxe », et ces « banlieusards méfiants, aux valeurs différentes et poussant des poussettes à 1000 $ sur leur rue pratiquement pavée d’or » (bonjour les sous-entendus).
J’entends le même genre de discours à la radio poubelle, à la différence des groupes placés en opposition, qui sont différents. Pour moi elle est là l’ironie.
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1er juin 2018 à 11 h 32
Je n’ai pas écrit que j’approuve la façon de passer son message. Par contre pour la partie des bottines qui ne suivent pas les babines je suis d’accord.
Mais de là à faire semblant que l’on a pas compris que c’est sarcastique ça ne vaut guère mieux pour la forme!
Bien des lunes vont défiler avant que je ne verse une larme pour les jugements de valeurs et les sous-entendus dont sont victimes mes copains en voiture solo de la banlieue. Le bilan est trop positif en leur faveur. D’ici un retour du balancier – car un jour nous devrons faire face aux conséquences de nos décisions et notre style de vie – je ne verserai pas de larme. Désolé.
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1er juin 2018 à 15 h 05
Je ne vais répondre que ceci
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1102519/tour-limoilou-petition-quebec-acero
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1er juin 2018 à 15 h 14
Et celà
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1er juin 2018 à 15 h 40
Quand c’est dans le secteur du IKEA ou dans Lebourgneuf les bottines ne suivent pas les babines et on reste silencieux? Aucun lien avec le fait que l’on désire garder le privilège de la place de stationnement payée aux frais des contribuables?
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1er juin 2018 à 15 h 51
Une autre contradiction de ce genre de quartier, se sont les rues qui sont construite afin d’empêcher tout traffic d’y passer. L’auteur le dit lui même : on sent qu’on est pas le bienvenue. Par contre, les personnes habitants ce genre de secteur sont souvent les premiers à se plaindre de n’importe quelle entrave à la circulation au centre-ville. Par qu’on centre-ville, ils devraient avoir le droit de rouler et polluer librement, sur la rue des autres familles.
Au fond, on est tous bien égocentrique.
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3 juin 2018 à 08 h 50
Quel gaspillage de terrain au frais du centre.
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