Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Projet du Phare: «Québec va le regretter»

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 5 mars 2019 24 commentaires

François Bourque
Le Soleil

CHRONIQUE / «Québec va le regretter. Ça va être pire que le G. Ce projet n’a pas sa place. L’îlot est trop petit pour cette hauteur et adossé à l’autoroute, ça n’a pas de sens.»

Du haut de ses presque 85 ans, l’architecte Gilles Guité jette un regard sévère sur le projet du Phare.

Venant de celui qui a dessiné le complexe G, la critique peut surprendre.

Mais ce qui surprend plus encore, c’est sa confidence lorsque je suis passé chez lui prendre un café : l’architecte du G était contre l’idée d’une tour. «Ce n’était pas mon premier choix.» Les plans de la Cité parlementaire dessinés en 1963 prévoyaient plusieurs petits édifices dont la hauteur n’écraserait pas le parlement. «Les architectes ne voyaient pas l’utilité de tours sur la Colline.»

D’autres craignaient qu’une concentration de bureaux crée de la congestion dans la haute ville.

Le député libéral Pierre Laporte avait notamment dénoncé le risque d’engorgement. Un étrange destin a depuis associé son nom à la congestion.

La décision de construire en hauteur venait de haut. Un choix politique. Comme aujourd’hui.

Lorsque le ministère des Travaux publics approche le bureau de Gilles Guité pour construire le G au milieu des années 60, Mont­réal a déjà sa place Ville-Marie et Québec aspire à son tour au «modernisme». Le Ministère demande deux tours de 20 étages.

Guité voit cependant les choses autrement. «J’ai toujours pensé que pour respecter l’horizon de Québec», il aurait mieux valu construire ailleurs. Dans Saint-Roch par exemple.

Il propose au Ministère de construire sept étages. L’immeuble sera plus massif, mais sera davantage en harmonie par son voisinage, plaide-t-il alors. Le Ministère refuse.

Jeune architecte associé au Parti libéral, M. Guité sent qu’il n’a «presque pas d’écoute» dans le nouveau gouvernement de l’Union Nationale.

Il revient alors à la charge avec un projet qui peut sembler contradictoire : une tour de 30 étages, assortie d’un basilaire, plutôt que deux tours de 20 étages.

Cela permet d’éloigner le G de l’immeuble du Parlement, d’avoir une tour «plus svelte et élégante» et un basilaire qui n’écrase pas les bâtiments patrimoniaux voisins, explique-t-il.

(…)

M. Guité plaide que le projet est trop gros pour le site et en rupture avec son voisinage. On ne peut pas en faire le tour ni avoir le recul que commanderait cette hauteur, dit-il.

Ce voisinage, il le connaît bien. Son bureau a «bâti» l’Auberge des Gouverneurs sur l’îlot aujourd’hui destiné au projet de Phare.

Il a aussi construit les immeubles résidentiels voisins Les Jardins des Seigneurs. Des quatre étages qui seront plongés dans l’ombre du Phare. «Le G se mariait mieux à son environnement», analyse-t-il.

«Je mettrais à défi de soumettre le projet aux cinq meilleurs architectes au monde pour qu’ils donnent leur opinion sur la dimension du site. Aucun n’accepterait de construire le Phare», croit-il. Il y revient : «On va le regretter.»

La suite

Voir aussi : Projet - Le Phare de Québec.


24 commentaires

  1. Nathan

    5 mars 2019 à 08 h 38

    Sa ne tient pas la route! Le centre-ville de Montréal dense est plus que ça!

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  2. Marc

    5 mars 2019 à 09 h 03

    Excellent article et surtout excellent billet d’un architecte d’expérience. Je ne peux qu’applaudir cet article qui illustre très bien que le projet du phare est un projet stupide.

    Mais dans un contexte ou à Québec on est contre le développement durable de notre ville, contre le transport en commun peut-on s’étonner qu’un projet aussi ridicule puisse etre autorisé ?

    Québec est à contre courrant de tout ce qui se fait actuellement dans les grandes villes. Alors que les villes européennes et américaines se tournent massivement vers le transport en commun, alors qu’elles densifient intelligement leur centre, et articulent leur développement sur l’avenir, nous on prend des décisions de cabochon, par des gens sans aucune connaissance.

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    • Undefined

      5 mars 2019 à 10 h 29

      Puis-je vous suggérer un mémoire à lire?

      Mémoire concernant la Politique
      québécoise de mobilité durable

      Des interventions pour favoriser le transport actif et la pratique d’activité physique

      INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC

      Je n’ai pas le temps de trouver l’hyperlien, une simple recherche sur Google devrait vous permettre de le trouver facilement.

      Voici la conclusion du mémoire que j’ai gardé dans mes dossiers:

      « Nous tenons à souligner que l’Institut se réjouit de l’initiative de la Politique québécoise de mobilité durable du ministère des Transports du Québec, qui montre l’importance des principes du développement durable dans les systèmes de transport et la place que nous devons accorder au transport actif et au transport en commun.

      En réponse à la consultation sur la Politique, les experts scientifiques de l’INSPQ présentent dans ce mémoire une série de pistes afin d’augmenter significativement le transport actif et
      d’en maximiser les bénéfices pour la santé. Le mémoire de l’INSPQ vise à enrichir les orientations proposées ainsi que les principales actions qui seront mises en oeuvre d’ici 2020 par la Politique.

      Pour augmenter significativement le transport actif, il est suggéré de développer et consolider dans toutes les régions du Québec un aménagement du territoire et un système de transport qui lui soit favorable. Ceci, en favorisant l’apaisement de la circulation et la
      réduction des vitesses, en développant des infrastructures sécuritaires pour le vélo et la marche, en aménageant des environnements favorables au transport actif et sécuritaire
      (densité résidentielle plus grande, rues connexes, diversité de services et commerces près des résidences, etc.) et en améliorant et développant l’offre de transport en commun.

      Pour ce faire, les mesures suivantes pourraient être considérées :
      • Inclure un volet « rues conviviales pour tous » dans la politique sur la Mobilité durable
      • Créer des Incitatifs financiers pour le développement ou le réaménagement de secteurs répondant à des pratiques novatrices en matière d’aménagement du territoire
      • Mettre sur pied un mode de gouvernance intégrée du système de transport et de l’aménagement du territoire dans les grandes agglomérations du Québec
      • Mettre en place une enquête québécoise Origine-Destination
      • Modifier la Loi sur l’aménagement durable du territoire et l’urbanisme
      • Mettre en place une mesure de gestion de la demande »

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  3. Julien Roy

    5 mars 2019 à 09 h 16

    C’est qui les 5 meilleurs architectes au monde et qui est-ce qui décide?

    François Bourque est contre et va chercher un architecte retraité depuis 25 ans pour appuyer sa critique…

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    • Anonyme

      5 mars 2019 à 09 h 49

      «It makes Dufaux [Professeur à l’Université Laval] think back to a comment made by renowned Danish architect Bjarke Ingels after seeing an early video promoting Le Phare. During a 2015 visit to Université Laval’s school of architecture, the Dane told students he’s seen it many times before: Cities build fancy towers to get themselves on the map.

      “[He said], all these towers are like little perfume bottles you buy at the airport. They all have weird shapes, and they stand on the shelf in your bathroom—but you’re not an international person because you bought them at the duty-free shop,” Dufaux recounts.»

      L’article en question: https://www.citylab.com/design/2018/11/le-phare-quebec-city-skyscraper-controversy-ste-foy/576214/

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      • PPDaoust

        5 mars 2019 à 10 h 34

        Intéressante lecture.
        Un autre point de vue d’une grande crédibilité, tout le contraire des quelques supporteurs étourdis du Phare qui écrivent ici des niaiseries depuis 2 jours. D’ailleurs, le modérateur a du supprimer un commentaire ignominieux ce matin.

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    • Undefined

      5 mars 2019 à 10 h 05

      « C’est qui les 5 meilleurs architectes au monde et qui est-ce qui décide? »

      Probablement pas vous avec ce que vous venez d’écrire. Pas plus moi d’ailleurs.

      Par contre Anonyme est peut-être mieux qualifié pour le faire.

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    • PPDaoust

      5 mars 2019 à 10 h 59

      Selon moi, c’est moins une question architecturale qu’une question d’urbanisme.
      Sur ce plan, on constate une tangente limpide dans l’évolution des villes en avance sur nous, soit la valorisation de l’influence du citoyen sur son milieu plutôt que l’inverse.

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  4. Al. Fonce

    5 mars 2019 à 11 h 22

    Le G ne sera plus le plus haut édifice de la ville de Québec. Que voulez-vous M. Guité, faut l’accepter.

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  5. Jean François Côté

    5 mars 2019 à 11 h 59

    Bourque est contre ce projet et ça paraît dans chacune de ses chroniques.

    Mr Bourque devrait comprendre que Ste Foy n’est plus la banlieue des années 70 mais un prolongement du centre ville et est devenu un pôle commercial.

    Et il faut voir ce projet dans dix ans et pas l’imaginer maintenant…

    Et oui à une densification en hauteur pour Québec.

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  6. Jp-Duval

    5 mars 2019 à 13 h 05

    On désire la densification ( mot très populaire sur ce site) mais, en contrepartie, on est pour un projet qui permet l’étalement urbain.

    L’etre humain semble etre un ensemble de contradiction!!!

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  7. Bernard Beaudreau

    5 mars 2019 à 16 h 00

    Lorsque la tour Eiffel fut construite, les François Bourque et Gilles Guité de l’époque ont écorché la ville et le gouvernement. Ibid pour l’édifice Price et le Château Frontenac. Hmmmm, nul n’est prophète dans son propre pays.

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  8. Luc

    5 mars 2019 à 17 h 30

    Qu’elle article insignifiant, décroche François Bourque.

    Ce projet n’aura que du positif pour Québec.

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  9. Luc Bisson

    6 mars 2019 à 07 h 15

    Je suis aussi pour le phare. Je suis bien entendu pas convaincu moi non plus de sa localisation. Je l’aurais vu au centre ville face au grand théâtre à côté de l’édifice de la banque nationale (ou l’ancien Jerrey Hale).

    Ca aurait consolidé le centre.

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  10. Nicolas B Utilisateur de Québec Urbain

    8 mars 2019 à 08 h 53

    Ce qui me tracasse avec ce projet ce sont les motivations derrières. Ce n’est pas un projet qui m’apparaît motivé par un besoin. Par exemple, ce n’est pas l’Industrielle-Alliance qui veut avoir un nouveau siège social pour loger tous ses employés ou comme le G, concentré les fonctionnaires provinciaux à un endroit. Ou il y a une pénurie grave de logements haut-de-gammes qui nécessite ce type de construction? Parce que je doute fortement que la technicienne juridique monoparentale du grand cabinet d’avocat qui s’installera dans le Phare pourra se payer un condo ou un appartement dans le complexe…

    Le Phare m’apparaît comme l’imposition d’une vision qui va influencer toute une ville, pendant des décennies. On « force » un détour du tramway pour le desservir, on « force » une cassure dans le profil urbain, on « force » la règlementation pour faire passer le projet… Comme le dit l’expression (ajustée), ce sera vraiment « une (sic) tour de forces »…

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