Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Des citoyens du secteur Sillery veulent relancer le débat sur la transformation de leur quartier par l’implantation de «maisons monstres» sur les ruines de demeures anciennes au gabarit moins ostentatoire. Il est aussi question d’arbres matures abattus.
«On dirait que notre quartier est train de nous glisser comme un tapis sous les pieds», s’inquiète Louise Maheux, copropriétaire d’un bungalow. «Je vois le quartier qui est en train de se transformer complètement. On se demande de quoi ça va avoir l’air dans 10, 15 ans.»
La démolition récente de la maison à deux étages (cottage) du 1300, avenue Pasteur a ravivé les craintes, la colère même. La pelle mécanique a mangé le bâtiment de 1953 il y a peu, puis les émondeurs ont découpé les arbres matures de la cour avant. Voici que la fondation de la future structure donne une bonne idée de ce qui s’en vient.
Rien à redire contre les propriétaires, cependant. Mme Maheux convient qu’ils sont dans leur droit, qu’ils ont obtenu les permis nécessaires.
C’est quoi le problème alors? «C’est la Ville qui ne surveille pas ce que le quartier est en train de devenir», balance Louise Maheux. «Les gens qui veulent de grosses, grosses maisons, on leur permet d’enlever les arbres.»
«Nous on a un bungalow des années 60 qui a été restauré. On a fait un agrandissement vers l’arrière, sans que ça paraisse de la rue», ajoute-t-elle. «C’est une rue de maisons assez raisonnables dans le gabarit.»
Sauf que ces maisons sont assises sur des terrains qui ont pris beaucoup, beaucoup, de valeur. L’ancienne propriété du 1300, avenue Pasteur, par exemple, figurait au rôle municipal à 635 000 $ : 500 000 $ pour le lot, 135 000 $ pour le bâtiment dessus.
Autre exemple, la maison de Louise Maheux, évaluée par la Ville à 725 000 $, dont 575 000 $ pour le sol.
«Je trouve que ça encourage la démolition.»
Toutefois. Plus nous discutons, plus nous comprenons que ce qui a le plus secoué le voisinage, c’est la disparition de deux arbres matures en façade : «C’est ça qui a principalement choqué tout le monde.»
«On ne comprend pas que la ville ait permis l’abattage de ces deux arbres.»