Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Faisons un petit accroc au thème de cette série. Plutôt que de nous attarder au chevet d’un bâtiment négligé, portons notre attention sur un terrain. Malpropre, ayant des fréquentations troubles, le lot en question a longtemps été réservé pour un mégaprojet immobilier qui s’est échoué.
Aujourd’hui, un promoteur veut donner de l’oxygène au site délaissé, le ranimer avec un investissement résidentiel de taille. La Ville, elle, est favorable. Mais le plan proposé ne convient pas au ministère de la Culture qui le trouve trop ambitieux. Il y a blocage.
Tandis que les années s’égrainent, les détritus s’accumulent sur la parcelle à l’abandon qui a vu pousser puis s’effondrer de nombreux bâtiments depuis les années 1700.
Et, la nuit, des âmes égarées y jettent l’ancre… au grand dam de voisins qui voudraient que, enfin, des résidents permanents s’installent.
Alors, ce terrain longiligne de la rue De Saint-Vallier Est, à l’ombre de la côte Dinan et de l’Hôtel-Dieu du Vieux-Québec, combien de temps encore restera-t-il couvert de béton, de gravier et de poubelles?
Almincar Rodriguez est lecteur du Soleil. Récemment, un article de notre série «Ces bâtiments négligés» a attiré son attention : «Un entrepreneur promet d’éliminer les “verrues” de la rue Saint-Paul».
«Après en avoir pris connaissance, j’ai décidé de vous écrire pour vous suggérer d’écrire un article dont le titre pourrait bien être : «La plus grosse verrue du Vieux-Québec».
M. Rodriguez est chargé d’enseignement à la Faculté des sciences de l’administration à l’Université Laval. Voilà 17 ans qu’il habite une copropriété du 281, rue Saint-Paul. On dénombre 4 commerces et 42 logements dans le bâtiment dont une des façades s’élève sur la rue De Saint-Vallier Est.
M. Rodriguez est président du conseil d’administration de la copropriété. Lui et ses voisins n’en peuvent plus de vivre à côté d’un terrain jonché de sacs, de matelas, de bouteilles. Terrain peuplé par la faune urbaine.
À l’occasion de notre visite sur place, il a tenu à nous guider pour un grand tour du lot. Vous apercevez un ancien campement au bout, des graffitis sur votre droite, une clôture percée par ceux qui dorment sous la côte Dinan, des sacs accrochés aux branches… «Des cochonneries qui sont là, qui traînent. Personne ne ramasse ça. […] Les gens viennent s’installer là pendant l’été. Les policiers ne peuvent pas faire de miracles.»
«Ça, c’est en plein dans le Vieux-Québec. Une verrue comme ça ici, ça n’a pas d’allure.»
Le citoyen demande à la Ville et au propriétaire privé du terrain de bouger, d’entreprendre la revitalisation. Au moins de verdir : «Pourquoi on ne construit pas un parc?»
(…)
Le propriétaire dit qu’il est prêt construire. Il a dessiné un bâtiment de 50 copropriétés réparties sur 4 étages pour le lot de la rue De Saint-Vallier Est.
Ce propriétaire, c’est Synchro Immobilier. Au téléphone, le président de l’entreprise familiale, George Blouin : «Nous, on est près a aller de l’avant avec un projet que la Ville et la Commission d’urbanisme ont accepté.»
Sauf qu’il lui faut obtenir l’accord du gouvernement, le terrain se trouvant dans le Site patrimonial du Vieux-Québec reconnu par l’UNESCO.
«Une demande d’autorisation a été déposée au ministère de la Culture pour la construction d’un immeuble à condominium sur ce site en juillet 2017», indique au Soleil Émilie Mercier, de l’équipe des relations médias. «À la suite de nombreux échanges avec le requérant, le Ministère a refusé la demande en novembre 2020.»
Qu’est-ce qui accroche? La vue. Le ministère ne veut pas que le futur immeuble change la vue que les marcheurs du port ont en regardant vers l’Hôtel-Dieu, vers les fortifications du Vieux-Québec. Ni la vue dans l’autre sens, à partir de la côte du Palais vers le port.
«Le Ministère considère que la nouvelle construction ne devrait pas avoir de répercussions négatives sur les perspectives visuelles en direction de la Basse-Ville et de la Haute-Ville.»
3 mai 2021 à 10 h 03
👁👁 Ou bedon…
✴️ Ou bedon quoi❓
✴️ Ben là j’ché pu trop; à défaut du projet de condos que je trouve acceptable, j’avais idée d’y proposer un parc avec la plantation de cette nouvelle génération d’ormes « sans défaut » parce que …❗️
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3 mai 2021 à 10 h 12
Pour une fois que j’ai l’impression qu’un constructeur n’exagère pas : « Il dit mal décoder ce que veut le ministère de la Culture ». Ce type de dérives du MCC semble fréquent et est contreproductif dans ce contexte.
Ce n’est pas nécessairement l’Hôtel-Dieu que l’on aperçoit, mais presque exclusivement son affreuse tour, une autre verrue du secteur.
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3 mai 2021 à 10 h 36
🔲 « Ce n’est pas nécessairement l’Hôtel-Dieu que l’on aperçoit, mais presque exclusivement son affreuse tour, une autre verrue du secteur. »
➕ 1 🆘
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