Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Pendant des années, l’entreprise Kevlar a annoncé l’imminence d’un chantier d’envergure sur un stationnement à ciel ouvert de Saint-Roch : l’îlot Dorchester. Un petit quartier allait naître dans la Basse-Ville de Québec : immeuble de bureaux, près de 200 logements dans trois bâtiments, des espaces verts, des commerces… Oubliez ça!
Nous sommes le 22 septembre 2016. Dans Le Soleil, la collègue Valérie Gaudreau — aujourd’hui patronne de la rédaction — nous apprend que Kevlar et la Ville sont sur la même longueur d’onde. La plaie d’asphalte sera éliminée.
Le lot qui s’étire entre les rues Dorchester, Sainte-Hélène, Caron et Saint-Vallier Est sera transformé, promet-on. «Kevlar, dans un horizon à court terme, est déterminée à développer le site de l’îlot Dorchester afin de faire disparaître le stationnement de surface», annonce l’entreprise.
Exactement un an plus tard, Le Soleil révèle que les plans se précisent et que le budget de construction oscillera autour de 150 millions $. «On veut vraiment développer l’endroit», assure René Bellerive, président de Kevlar.
Puis les années ont passé…
Nous avons donc voulu savoir ce qu’il advient du rêve. Nous avons contacté le siège montréalais de Kevlar à plusieurs reprises, pour finalement apprendre que l’entreprise s’est presque complètement retirée du marché de la capitale.
L’îlot Dorchester n’est plus dans son portefeuille. «Kevlar n’a pas été de l’avant, car le terrain a été vendu», nous a expliqué Sarah Viau, commise comptable et adjointe administrative. «Ça ne nous appartient plus.»
En fait, la compagnie n’a plus qu’un projet immobilier dans la capitale. «Nous avons seulement les Appartements Bacc situés au 2400, chemin Sainte-Foy.»
Quartier Mozaïque
Ceux qui suivent la scène immobilière pourraient nous interpeler : «Mais Kevlar n’était-elle pas partenaire dans le gros “développement” en réalisation dans Lebourgneuf, le Quartier Mozaïque, ce chantier de plusieurs centaines de millions de dollars ?»
Vous avez raison ! Kevlar devait ériger les copropriétés Opale, un des immeubles du complexe. Vérification faite, Constrobourg est maintenant seul maître des destinées de Mozaïque.
L’îlot Dorchester couvre 9014,60 mètres carrés, soit près de 100 000 pieds carrés.
Depuis un petit bout de temps, le journaliste avait remarqué la présence de nouveaux agents de sécurité sur l’îlot Dorchester. L’un d’eux nous avait confirmé pour qui il travaille : Trudel Sécurité. Trudel comme dans William et Jonathan, les frères, anciens policiers devenus investisseurs en immobilier.
Voilà pourquoi nous avons appelé avec une insistance certaine chez Kevlar. Nous voulions savoir quels liens y a-t-il entre les deux groupes…
Après de nombreux échanges, on nous a confirmé la vente de l’îlot Dorchester. À qui ? Un nom est récemment apparu dans les registres publics: Pierre Pomerleau, à la fois président de l’entreprise de construction Pomerleau et du fonds immobilier familial Espacium.
C’est d’ailleurs Espacium qui a raflé l’îlot Dorchester.
Mariage
Rappelons que le fonds privé Espacium et les frères Trudel se sont mariés en 2017. Ils sont partenaires dans de nombreux projets au sein de Trudel Alliance — l’entreprise pilote notamment la transformation du centre commercial Fleur de Lys.
Un billet précédent en 2017
23 janvier 2022 à 10 h 00
On ne peut qu’espérer que cette mer d’asphalte se transforme en milieu de vie bien assez vite. C’est une cicatrice urbaine qu’il est temps de réparer. Dommage que le projet de Kevlar ait avorté, celui-ci avait un beau potentiel. J’espère que Trudel (et autres) sont déjà sur la planche à dessin.
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23 janvier 2022 à 18 h 54
Et un autre projet passé à la trappe. Dur de faire aboutir quelque chose d’envergure dans la capitale nationale. Ce coin, qui pour moi fait parti du vrai centre-ville, mérite d’être densifié. Et les stationnements déplacés sous terre. Il n’y a rien de plus morne qu’une mer de parking à ciel ouvert, bien des villes l’ont compris.
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24 janvier 2022 à 07 h 29
j’imagine que les promoteurs sont un peu plus frilleux ces temps-ci. Le résidentiel fonctionne bien mais pour le reste c’est pas facile. Un peu comme pour plusieurs secteurs, ils ont certainement besoin de plus de prévisibilité.
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24 janvier 2022 à 22 h 48
Avec la pandémie [d’incompétence caquiste] qui n’en finit plus, il n’y a plus aucun intérêt à vivre dans St-Roch. Ce sera bientôt la désolation commerciale, comme dans les années 1980-1990, mais avec les chantiers du tramway et de la bibliothèque en prime.
À cela s’ajoute la hausse prochaine des taux d’intérêt. Les gros projets en voie de parachèvement sur Charest risquent d’être les derniers pour un bout.
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