Sébastien Tanguay
Le Devoir
D’autres bâtiments centenaires de Québec risquent d’aller rejoindre la maison Bignell au cimetière du patrimoine bâti québécois. Plusieurs se trouvent dans un état de dégradation si avancé que leur restauration, déjà incertaine, coûterait trop cher à la capitale. La Ville se doit d’appliquer un « critère de raisonnabilité », estime la conseillère responsable des dossiers patrimoniaux à Québec, pour ne pas se lancer dans des croisades aussi onéreuses qu’incertaines.
« Sur le territoire de la Ville de Québec, il y a entre 15 000 et 20 000 bâtiments patrimoniaux, soupire Mélissa Coulombe-Leduc. Des cas comme celui de la maison Bignell, nous allons probablement en voir d’autres, à ma grande déception. »
Cette résidence de Sillery, debout depuis plus de deux siècles, s’apprête à connaître une fin funeste. La Ville a récemment autorisé la démolition de la maison Bignell, laissé à l’abandon depuis des décennies par ses propriétaires et par des autorités publiques qui ont agi trop peu et, surtout, trop tard. Ses raisons ? Le coût de sa restauration évaluée à cinq millions de dollars et son état de dégradation très avancée.
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C’est en raison de ce délabrement que l’administration municipale n’a pas utilisé cet arsenal pour sauver la maison Bignell. La Ville, assure Mélissa Coulombe-Leduc, ne craint pas, cependant, d’entreprendre des actions judiciaires pour forcer les propriétaires, souvent bien nantis, à restaurer leurs joyaux patrimoniaux.
« Ça fait à peine un an que nous avons un nouveau règlement avec des amendes plus salées et nous avons une bonne dizaine d’adresses présentement sur le territoire de Québec pour lesquelles nous avons des causes pour facteurs aggravants de détérioration. Je ne peux pas vous donner les adresses parce que ce sont des cas judiciarisés, mais nous pensons que ces causes peuvent faire jurisprudence. »