Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Les Voutes Jean Talon

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 1er mai 2006 2 commentaires

Québec déterre les ruines de deux palais de Jean Talon

Les travaux, dont les coûts estimés s’élèvent à plus de 40 millions de dollars, vont durer au moins six ans.

Isabelle Porter
Édition du lundi 1er mai 2006 Le Devoir

Québec — La ville de Québec se prépare à déterrer les ruines des deux palais de l’intendant qui, de Jean Talon à la Conquête, étaient à la Nouvelle-France ce que le Parlement est au Québec d’aujourd’hui. Le Devoir s’est rendu sur le site pour en mesurer l’influence passée et future.

Québec, tout le monde connaît la Gare et la Côte du Palais mais rares sommes-nous à savoir qu’ils tirent le nom de l’ancien palais de l’intendant qui s’élevait tout près de là durant le régime français. Abandonné après la Conquête, l’ancien centre politique de la Nouvelle-France a sombré dans l’oubli depuis longtemps, si ce n’est pour les étudiants en archéologie de l’Université Laval qui en sondent les sous-sols depuis plus de vingt ans.

Tapi derrière la maison pour sans-abri de L’Auberivière, en bas des Casernes et des fortifications, le site ne paie pas de mine et n’a rien de sa majesté d’autrefois. «Il ne reste tellement plus rien que les gens ont vraiment de la difficulté à comprendre que cela a pu être le principal lieu de pouvoir de la Nouvelle-France», fait remarquer Francine Bégin, qui est chargée de ce projet à la ville.

Les vestiges du premier palais (1668-1713) se cachent sous une allée de gazon. Pendant dix ans, ils ont été présentés au public sous une grande tente… qui a fini par s’effondrer en 1998. Quant au deuxième (1713-1775), le grand, il revit partiellement dans le centre d’interprétation des Voûtes du Palais, sous la caserne de pompiers. Mais, on a déjà vu lieu touristique plus invitant, et la majorité des gens en ignorent l’existence.

Les politiques des Palais

À ce jour, le projet de revitalisation n’est guère plus populaire… Un sondage révélait cette semaine que 38 % des gens n’en avaient pas entendu parler et que 25 % s’y opposaient. Mais au dire de François Moisan, des communications, de la ville, cette méconnaissance n’est qu’un argument de plus pour faire connaître ce joyau historique. Quand même… Pour un lieu historique censé rendre hommage aux décideurs politiques, ce manque de soutien est pour le moins embarrassant.

Mais la mairesse Boucher est très sensible à tout ce qui touche au patrimoine. Ce qui permet d’expliquer en partie pourquoi cette femme archi-économe s’est engagée dans ce projet dont les coûts estimés s’élèvent à 42 millions. Alors que l’on pousse les hauts cris, dans la région de Québec, parce que la construction du Palais Montcalm — la future résidence des Violons du Roy — a vu ses coûts passer de 12 à 23 millions, le risque politique que représente le projet de l’Îlot des Palais est incontestable. L’opposition dirigée par Ann Bourget en fait d’ailleurs ses choux gras et s’inquiète publiquement des coûts et échéanciers.

Ce qui ne l’a pas empêché de voter en sa faveur, dans le cadre du dernier Programme triennal d’immobilisations (PTI). Jusqu’à présent, la ville a approuvé des dépenses de 18 millions pour le site du petit palais dont les travaux doivent débuter, dès cet été, afin qu’il soit fin prêt en 2008. Le projet vise essentiellement à permettre au public de visiter ses ruines, sous la terre. Un centre d’interprétation pourrait être construit, mais il ne s’agit pas de reconstituer l’édifice.

Les fonds nécessaires à la construction du deuxième palais n’ont pas encore été autorisés, mais c’est tout comme. Québec a déjà acheté les terrains voisins nécessaires à son érection et prévu un plan de relocalisation pour la caserne de pompiers qui avait été construite par-dessus ses voûtes. Dans ce cas-ci, on songe à une véritable reconstitution. Mais doit-on le reconstruire tel quel ? Mme Bégin s’interroge : «On veut en respecter le volume, la même forme, avec le clocher, mais de là à utiliser les mêmes matériaux et le même mortier…». Le stationnement qui se trouve actuellement sur le site sera remplacé par une cour d’honneur. On parle d’un grand jardin, d’une allée d’arbres. Il faudra au moins attendre jusqu’en 2012 avant de voir le résultat final, et il reste beaucoup à faire. «Nous ne pouvons pas le faire construire tout de suite parce qu’on n’a pas fini de fouiller les sous-sols. C’est pour cela que la ville va lancer un programme intensif de fouilles cet été.»

Des palais pour quoi faire ?

Enfin, une fois les anciens palais révélés, qu’en fera-t-on ? «La reconstitution du premier palais pour 2008 permettrait de sortir beaucoup de trésors qui ont été découverts au fur et à mesure des fouilles archéologiques que la ville a effectuées au cours des dernières années», expliquait la mairesse lors du dépôt du PTI. «Il y a là plein de choses qu’il faudrait montrer au citoyens pour leur dire c’est quoi 400 ans d’histoire à Québec et on n’a même pas de lieu pour le faire.»

Parmi ces «trésors», il y a de la vaisselle, des pièces d’artillerie, des pipes ( !), indique Mme Bégin. «Ces objets permettent de comprendre comment les gens vivaient à l’époque.» Son collègue des communications, François Moisan ajoute que l’étage supérieur du deuxième palais pourrait servir de salle protocolaire en écho à ses fonctions anciennes.

Mais est-ce suffisant comme mandat et n’y a-t-il pas déjà, nombre d’institutions consacrées à l’histoire et la Nouvelle-France, comme le Centre d’interprétation de Place-Royale et le Musée de l’Amérique Française ? Voilà une tout autre question. La Commission de la capitale nationale (CCN) est emballée par le projet en tant que tel, mais lorsqu’on pose des questions sur sa vocation, les réponses sont évasives. «C’est vrai qu’il y a déjà une trentaine si ce n’est pas une quarantaine d’institutions muséales à Québec. Pour ce qui est de l’interprétation du lieu après, ce n’est pas dans notre mandat», répond Denis Angers, des communications. «Pour nous, c’est vraiment un bon choix. De là à savoir si ça vaut la peine d’y investir 40 millions, la question qu’il faut se poser c’est : est-ce que la mémoire est quantifiable ?»

Voir aussi : Message d'intérêt public.


2 commentaires

  1. Gérald Gobeil

    1er mai 2006 à 22 h 35

    Oups. Simultanéité de publication :)

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  2. Jean Cazes

    1er mai 2006 à 22 h 39

    Pas grave! :-))

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