Architecture de paysage – Voie royale à Québec
Léo Guimont
Le Devoir 20 mai 2007
« Chaque ville a son caractère »
Vincent Asselin s’est donné pour mission d’embellir le paysage, et il le fait de façon magistrale. On ne s’étonnera donc pas qu’il remporte cette année le Prix de l’Institut de design Montréal dans la catégorie Architecture de paysage pour la requalification et l’aménagement du boulevard Honoré-Mercier (l’ancienne autoroute Dufferin), à Québec.
À l’instar de monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, tout le monde a déjà vu des aménagements paysagers créés par Vincent Asselin et ses associés de Williams, Asselin, Ackaoui et associés, qu’il s’agisse du Biodôme ou du Quartier international à Montréal, de l’amphithéâtre de Lanaudière, de la «plage Doré» à l’île Notre-Dame, du jardin des Premières-Nations au Jardin botanique ou de celui de la place Saint-Roch à Québec, et même du petit parc Domtar, directement sous les fenêtres du Devoir, au centre-ville de Montréal.
Diplômé de l’Université de Montréal, Vincent Asselin complète en 1978 un baccalauréat en architecture de paysage, suivi en 1995 d’une maîtrise en sciences appliquées, option architecture de paysage. Au cours des années 80, il s’associe à Malaka Ackaoui puis à Ron Williams pour créer Williams, Asselin, Ackaoui et associés (WAA), une entreprise d’architecture de paysage, de planification et de design urbain de renommée internationale. De nombreux projets de WAA ont reçu des prix de l’Association des architectes paysagistes du Canada (AAPC), de l’Association des architectes paysagistes du Québec (AAPQ) et d’autres organismes nationaux et internationaux.
Une signature pour Québec
Le projet de transformation de l’autoroute Dufferin en boulevard Honoré-Mercier n’était pas une sinécure. «C’était une commande assez difficile, dit Vincent Asselin, parce qu’on était dans un environnement autoroutier, avec l’autoroute Dufferin qui rentrait en pleine ville et venait carrément couper la vieille ville en deux. On avait aussi une pente de 15 %, des véhicules qui arrivaient à toute vitesse, et on était à côté d’un site du patrimoine mondial, à côté des fortifications et du parlement. […] L’idée était de rendre cet espace piétonnier et de faire de la partie centrale [le terre-plein] un élément de signature de la ville de Québec.»
«Chaque ville a son caractère, poursuit-il, alors on s’est demandé ce qu’était Québec. On a parlé des grands bateaux, des clochers, de l’architecture en pierre calcaire, etc., et le plan choisi a été de faire en sorte que, lorsqu’on entre dans la ville, on découvre, dans un parcours très court, l’évolution de toute la ville: on commence par de la pierre brute et massive qui sera de plus en plus taillée et finira avec du verre. […] C’était notre idée de l’évolution de la ville de Québec, du temps qui passe, et on voulait quelque chose de festif au centre, quelque chose de culturel, de chic, qui accroche l’oeil.»
L’architecte-paysagiste a donc installé non seulement «des sortes de grands mâts élancés» où se trouve la signalisation pour les voitures «mais aussi des clochetons qui représentent les clochers célèbres de la ville, mis en lumière, et comme il y a énormément de vent, on y a ajouté des girouettes dorées à la feuille d’or, alors avec la lumière, le soir, c’est féerique».
La Chine, déjà !
Pour ce projet, Vincent Asselin a remporté rien de moins que le prix Honneur national 2005 de l’AAPC et l’AAPQ, la plus haute distinction canadienne en matière de design. En outre, depuis quelques années, le succès de son entreprise est tel que WAA a ouvert une succursale à Shanghaï, en Chine, où elle réalise un nombre grandissant de projets urbains. On fait aussi appel à ses services dans plusieurs pays du monde.
Notre architecte-paysagiste globe-trotteur a des projets plein la tête. «Je rentre de Las Vegas, où je travaille avec la créatrice et directrice montréalaise des « Mosaïcultures internationales » à un projet d’aménagement du jardin d’un hôtel à Detroit. On veut y installer des sculptures végétales pour créer un effet à grande échelle, un effet « wow! », comme on dit. Aussi, on prépare ensemble depuis deux ans un projet extraordinaire pour Montréal.» On n’en saura pas plus pour l’instant, mais c’est assurément une histoire à suivre.
22 mai 2007 à 13 h 01
Le boulelvard Honoré-Mercier est la « voie royale » de Québec en ce sens qu’il permettrait de réunifier 3 quartiers séparés et ségrégés ; St-Jean-Baptiste, Vieux-Québec , quartier Saint-Louis et même le quartier St-Roch (si on crée un lien piétonnier par un escalier..)
Honoré-Mercier serait la voie qui définit le centre-ville; ce qui n’est pas rien!
rien de plus normal que de lui accorder un traitement spécial (si on n’ose dire « royal »)
Mais il faut souvent lutter contre l’esprit « paroissial »: » Pourquoi Honoré-Mercier aurait un traitement spécial de ma rue Des Bouleaux-verts? » ???
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