Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Le paysage urbain – Habiter la carte postale

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 26 novembre 2011 17 commentaires

Isabelle Porter
Le Devoir 26 novembre 2011

* L’article intégral n’étant disponible que pour les abonnés, nous le publions au complet

Québec — Pour freiner l’étalement urbain, la Ville de Québec ouvre aujourd’hui la porte à davantage de constructions en hauteur. Le paysage urbain de la ville carte postale serait-il en train de changer?

Quand on lui pose la question, le conseiller responsable de l’aménagement, François Picard, répond qu’on n’est quand même «pas à New York».
Il n’a pas tort. Réputée pour son cachet, la ville de Québec est plutôt modeste en matière de constructions en hauteur. Son immeuble le plus haut, l’édifice Marie-Guyard (surnommé le «complexe G»), fait à peine 31 étages et paraît bien seul au centre de la ville.

Dans les quartiers du centre comme Montcalm, Limoilou ou Saint-Jean-Baptiste, les constructions à deux, trois étages dominent. La regrettée Jane Jacobs, qui a beaucoup inspiré les efforts de revitalisation des centres-villes en Amérique du Nord, ne trouverait pas grand-chose à redire sur ces quartiers animés et à échelle humaine.

«Il y a une douceur de vivre à Québec, un rythme, une qualité des lieux urbains qui en font une ville agréable, note Johanne Brochu, une spécialiste en design urbain de l’Université Laval. Moi je suis Montréalaise, mais je suis à Québec depuis sept ans et je ne suis pas à la veille de partir!»

Mais Québec est aussi réputée pour son ratio élevé de voitures par habitant et son étalement urbain. Et le trafic automobile commence à atténuer la «douceur» évoquée par Mme Brochu. «Si on veut qu’à Québec, on continue à être à proximité de tout, c’est certain que la construction en hauteur a son intérêt», lance-t-elle.

C’est dans ce contexte que l’administration de Régis Labeaume est partie à la chasse aux espaces vacants au centre et dans la première couronne pour y favoriser de nouveaux projets domiciliaires en hauteur.

Sur le boulevard Laurier dans l’ancienne ville de Sainte-Foy, on va même modifier le règlement de zonage pour faire passer à 27 le nombre d’étages autorisés.

Si le paysage de la ville va changer? Oh que oui, répond François Picard, mais pas partout. «Dans le centre-ville et sur la colline parlementaire, l’image que vous avez de Lévis, par exemple, ne sera pas changée.»

Quant au boulevard Laurier, la Ville n’a pas la prétention d’en faire un paysage digne de cartes postales. «Est-ce que la Défense à Paris en est un? Non. Mais oui, on va l’embellir. Comme dit souvent le maire, en arrivant à Québec, les gens vont passer d’une ville moderne à une ville patrimoniale.»

Saint-Jean-Baptiste

Le dossier est toutefois plus controversé lorsqu’on cherche à densifier entre ces deux extrêmes. Le quartier Saint-Jean-Baptiste dans l’ancienne ville de Québec, par exemple, ne fait pas partie de l’arrondissement historique, mais le secteur a son cachet et ses résidants sont prêts à se battre pour le défendre.

Ils viennent d’ailleurs d’obtenir la tenue en février d’un référendum à propos du projet d’immeuble résidentiel (l’îlot Irving) sur le site d’un stationnement extérieur inutilisé. Pour le rendre possible, la Ville souhaite modifier le règlement de zonage et faire passer le nombre d’étages permis de 6 à 9.

«Pas dans ma cour»

La Ville, soutient François Picard, a fait ses devoirs pour ne pas bouleverser le paysage. «Au centre-ville, on s’est assuré de ne pas dépasser les gabarits des bâtiments qui sont déjà autour des terrains vacants», dit-il, avant de rappeler que non loin de l’îlot Irving, la rue Saint-Jean est bordée par un immeuble de dix étages qui ne dérange personne.

Récemment, le maire s’en est pris aux opposants qu’il a décrits comme des «bourgeois» qui avaient peur de «perdre leur vue sur les Laurentides».

Johanne Brochu est moins cinglante, mais estime que trop de citoyens se mobilisent contre des projets de ce genre sans avoir une vue d’ensemble du secteur où ils vivent et une vision du «bien commun». Il ne faut pas oublier, dit-elle, que le paysage est un milieu de vie où «il y a du monde.» «L’enjeu, c’est de savoir si l’ajout s’intègre à ce qui existe, s’il en permet la réactualisation.»

Mais au-delà du syndrome du «pas dans ma cour» auquel on pourrait vouloir assimiler ce cas, qu’en est-il des paysages et percées visuelles que cet espace libre offre à tous à partir des rues environnantes, par exemple dans la Turnbull?

Cela n’appartient-il pas au «bien commun»? Interrogé sur l’existence de ce genre de critère dans la prise de décisions, François Picard répète que la ville a besoin «d’amener plus d’habitants dans le secteur».

Percées visuelles

Pour Johanne Brochu, le sacrifice de ce point de vue est justifié si d’autres côtes offrent des percées visuelles à proximité. Après tout, lance-t-elle, on n’est tout de même pas dans un quartier historique!

Toutefois, ce type de considération gagnerait à être prise en compte, à son avis. «Ça prend une vue d’ensemble qui permettrait d’établir collectivement où on veut garder des percées visuelles», dit-elle en déplorant que les plans d’urbanisme n’incluent pas de ce genre de questions. «Ce n’est pas une étude qui coûterait des millions à réaliser. On dirait: voici les types de vues qu’on a, on les catégoriserait et ensuite, on identifierait des possibilités d’ajouts de bâtiments.» Bref, en ces matières, on gagerait à avoir une vue d’ensemble au sens propre… comme au sens figuré.

Voir aussi : Architecture urbaine, Québec La cité.


17 commentaires

  1. François Magellan

    26 novembre 2011 à 16 h 54

    comme quoi toujours ramener à « pas dans ma cour » est simpliste, et surtout pas de l’urbanisme. L’article en fait mention : il y a une foule de paramètres et c’est leur pertinence dans le cadre d’une analyse sérieuse, à savoir qu’ils ont été étudiés, qui permet de distinguer le « pas dans ma cour » d’une opposition sérieuse. Alors moi le « on est en ville », « six étages, non, huit, peut-être 12 », c’est ce que j’ai déjà écrit à plusieurs reprises : c’est du commentaire de p’tit gars.

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    • Matrix

      27 novembre 2011 à 10 h 14

      Mais vous êtes moins rapide à souligner le passage du :
      « mais estime que trop de citoyens se mobilisent contre des projets « 

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      • François Magellan

        27 novembre 2011 à 11 h 49

        dans ce cas, c’est peut-être parce que les autorités municipales et les promoteurs ne savent pas vendre les projets.

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      • Sim

        27 novembre 2011 à 12 h 16

        Ce n’est pas aux autorités municipales de jouer les agents d’immeubles pour vendre des propriétés soit dit en passant.

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      • Réal Utilisateur de Québec Urbain

        27 novembre 2011 à 12 h 38

        Ah ! l’art de triturer une phrase ou de l’extraire de son contexte !

        Johanne Brochu est moins cinglante, mais estime que trop de citoyens se mobilisent contre des projets de ce genre SANS avoir une vue d’ensemble du secteur où ils vivent et une vision du «bien commun». Il ne faut pas oublier, dit-elle, que le paysage est un milieu de vie où «il y a du monde.» «L’enjeu, c’est de savoir si l’ajout s’intègre à ce qui existe, s’il en permet la réactualisation.»

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      • François Magellan

        27 novembre 2011 à 13 h 49

        un projet, c’est un projet immobilier comme un projet de densification, de développement d’un secteur. Dans les deux derniers cas, si, c’est le rôle de la municipalité.

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      • Sim

        27 novembre 2011 à 14 h 23

        Je suis d’accord que la municipalité doit «vendre» la densification, mais elle n’a pas à s’incruster dans les projets privés des promotteurs pour qu’ils réussissent à vendre leurs unités.

        Je crois qu’on veut dire la même affaire, mais en d’autres mots.

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      • Florian

        27 novembre 2011 à 18 h 45

        la preuve que non, vus les 300000$ (max) de subventions que la ville remet aux gentils promoteurs pour construire des condos dans St Roch…

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  2. Jeff

    26 novembre 2011 à 19 h 21

    Bonne réflexion de la ville dans cet article. C’est vrai il faut contrer l’étalement urbain au plus vite et bâtir plus haut à certain endroit.

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  3. regys Utilisateur de Québec Urbain

    27 novembre 2011 à 01 h 18

    j esper que la ville de québec atteindra les 875 000 habitants avant 2020 car a québec il ya de la place en masse pour rajouter 200 a 300 000 habitants pour rejoindre sa jumelle canadienne calgary. selon moi on pourrait faire pousser 75000 unités habitation en hauteur dans la ville. exemple de place a mettre des gens le terrain des soeur de la Charité a beauport (20000 unités) en arriere de promenade beauport 7500 unités coin robert bourassa la capitale sud est 4000 unités des immeubles de 15 a 20 etages multiplié par 7 ou 8 comme on retrouve dans le périmetre des galerie d`anjou a Montréal et aussi le long de l`autouroute laurentienne coté ouest entre 10000 et 12000 unités. De plus a rajouter 5000 unites dans les méandres , Il y a aussi de la place coin sud ouest de duplessi et Charest pour y mettre 8500 unités etc.

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    • Sim

      27 novembre 2011 à 12 h 18

      Il y a de la place c’est certain! Faudrait juste pas trop s’éparpiller dans la ville.

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    • Jeff

      27 novembre 2011 à 13 h 57

      Yess c’est sure qu’il y a de la place, mais ya beaucoup de champ qu’on peu pas toucher à Beauport.Si ces champs seraient construit, ça augmenterais la population c sure.
      J’aimerais voir ça par contre autant d’habitation que dans le coins de la place versaille à Mtl. mais bon je ne crois pas qu’autant de building seront construit.

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  4. Jeff

    27 novembre 2011 à 14 h 20

    Voici comment je verrais le Boulevard Charest dans St-Roch :
    http://www.imtl.org/image.php?id=6065

    Ça serais pas mal plus beau arrangé comme ça!!!

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    • Sim

      27 novembre 2011 à 14 h 26

      Outre le fait que ce serait beaucoup plus beau, on rentabiliserait encore plus les parcelles de terrain en permmettant d’ajouter du résidentiel/commercial/whatever. La trame urbaine en serait gagnante.

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      • Jeff

        27 novembre 2011 à 15 h 24

        C’est sure mais je crois que ça vas prendre du temps avant que la plupart de la population de Québec acceptent les édifices en hauteurs. Avec la venu de manque de terrains c’est sure qu’il faut construire en hauteur ou utiliser les nombreux champs de la ville de Québec (Beauport) et St-Augustin.Le maire prend une très bonne décision en essayant de stopper d’avantage l’étalement urbain.

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  5. Manu

    29 novembre 2011 à 09 h 09

    Johanne Brochu, une spécialiste en design urbain de l’Université Laval, affirme dans l’article que les plans d’urbanismes n’incluent pas les questions de préservation des percées visuelles.

    Faux! ou presque…

    D’accord, on n’a pas encore mentionné de quel coin de rue, de quel balcon, etc. on a telle ou telle vue qu’il faudrait préserver, ni quel gabarit de nouveau bâtiment conviendrait à tel ou tel coin de rue pour ce faire. On n’est effectivement pas rendu à une telle granularité. Toutefois, les percées visuelles sont bel et bien présentes dans les plans de développement de la ville, tout comme on y mentionne qu’on souhaite les préserver.

    Pour éviter trop de lien dans ce commentaire (qui tombent en attente de modération dès qu’on met plus d’un lien), je vous réfère au PDAD de 2005 et aux docuements connexes :

    http://www.ville.quebec.qc.ca/apropos/vie_democratique/administration/planification/pdad/

    Le tout est scindé en plusieurs fichiers. Alors trouvez ceux mentionnés ci-dessous et recherchez pour chacun l’expression « visuel » (qu’on retrouve autant dans « percées visuelles » que « bassin visuel »). Il se peut qu’on en parle ailleurs dans tout ce qui se trouve sur cette page, je n’ai pas fait le tour de tous les fichiers.

    – La qualité du paysage et du cadre bâti
    – La conservation et la mise en valeur du patrimoine
    – La protection et la mise en valeur de l’espace urbain, du patrimoine et du paysage urbain

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