Le projet est sur les planches à dessin depuis maintenant six ans. S’il voit le jour, le Centre aquatique international viendra se greffer à l’école Wilbrod-Bherer et offrira une gamme d’installations permettant la tenue de compétitions de niveau international et une foule d’activités familiales. Un projet évalué à 38 millions $.
L’idée a germé sur le bord de la piscine Wilbrod-Bherer, en 1998. René Saillant, architecte et nageur, s’y entraînait avec des amis qui déploraient le manque d’infrastructures aquatiques à Québec : « Ils m’ont dit : « Pourquoi tu nous dessinerais pas une piscine ? » Et j’ai pris la suggestion au sérieux. »
Depuis, l’idée a fait son bout de chemin et en a séduit plusieurs, à commencer par les représentants des fédérations de sports aquatiques de la région. Le conseil d’administration du Centre aquatique international de Québec (CAIQ) a été officiellement créé en mars 2003 pour faire la promotion du projet. Il est présidé par Jocelyne Carrier, l’entraîneure-chef du club de nage synchronisée de Québec.
Manque d’infrastructures
Selon les promoteurs, le centre répond à un besoin criant. « Présentement, il est absolument impossible de recevoir des compétitions internationales aquatiques à Québec puisque les infrastructures n’existent pas » déplore Louis Bonenfant, membre du conseil d’administration du CAIQ et directeur adjoint de Sports internationaux de Québec. Les bassins de dimensions olympiques (50 mètres) de l’école Wilbrod-Bherer et du PEPS de l’Université Laval ne sont pas conformes. « Et puisque le PEPS appartient à la communauté étudiante, le bassin ne sera jamais une piscine publique », rappelle-t-il. L’école Wilbrod-Bherer, située dans le parc Victoria, a donc été choisie en raison de son accessibilité et des installations existantes.
En plus des retombées économiques liées à la tenue d’événements internationaux, un tel complexe stimulerait aussi l’engouement pour les sports nautiques.
« Il faut changer la culture sportive au Canada, soutient Claude Lavoie, de l’Association de natation des Amériques, qui siège aussi au c.a. Les jeunes peuvent difficilement s’intéresser aux sports s’ils ne voient pas de compétitions et s’ils n’ont pas de modèles. »
C’est pourquoi le projet est destiné à la fois à l’élite sportive et à la population en général.
Financement
Une étude de faisabilité, financée par le ministère québécois de la Santé, la Ville de Québec et le Conseil régional de concertation et de développement de Québec (CRCDQ), est présentement en cours. Les résultats seront présentés dans les prochaines semaines aux partenaires. Reste à définir un plan de financement.
La commission scolaire (CS) de la Capitale, à qui appartient l’école Wilbrod-Bherer, est favorable au projet – dont un volet comprend la relocalisation de l’école de mécanique pour faire place à un centre de gymnastique.
Mais Jean-Pierre Blanchet, directeur des services des ressources matérielles, rappelle que la CS « n’a pas les moyens d’investir dans le projet » même s’il s’arrime bien au volet sport-études de l’institution.
La Ville de Québec, de son côté, attend les conclusions de l’étude de faisabilité avant de se prononcer. « Le projet nous intéresse, c’est certain », indique Yan Dubord, attaché de presse de la conseillère Guylaine Noël, qui est responsable des dossiers sports et loisirs. Mais il est encore trop tôt pour confirmer la participation financière de la Ville, selon M. Dubord.
Les gouvernements Charest et Martin seront aussi approchés. Pour l’instant, il n’est pas question de solliciter les investisseurs privés. « Mais on n’aura peut-être pas le choix », laisse tomber René Saillant en rappelant que peu importe le financement, le centre doit demeurer accessible.
« Les pouvoirs publics doivent comprendre qu’il faut investir pour développer le sport amateur. Il ne faut pas le voir comme une dépense. C’est avant tout un projet de société », plaide M. Lavoie, qui espère que les Jeux olympiques d’Athènes auront servi à ouvrir le débat. Reste à voir si la volonté politique sera au rendez-vous.
Daphnée Dion-Viens, 11 septembre 2004. Reproduit avec autorisation