Stéphanie Martin
Jean-Luc Lavallée
Taïeb Moalla
Journal de Québec
Tracé, coûts, chantier de construction, achalandage : le réseau de transport structurant a été examiné sous toutes ses coutures, hier, lors d’un comité plénier où les élus ont questionné les responsables du projet. Voici huit éléments à retenir.
1. Un premier tronçon de tramway dans l’ouest
Le premier tronçon de tramway mis en service sera situé dans l’ouest de la ville, à partir du secteur Legendre. « Ce qui devrait être prioritaire, c’est le garage, à Legendre », a confirmé le maire de Québec, Régis Labeaume.
La Ville y possède un terrain où elle installera son centre d’entretien et d’entreposage pour les rames de tramway. On construira le viaduc qui permettra au tramway, aux voitures et aux vélos de passer par-dessus la voie ferrée et de relier la rue Mendel au boulevard du Versant-Nord. Cette portion deviendra le banc d’essai du projet, a révélé le maire.
La première phase du parcours de tramway reliera Legendre à l’Université Laval. Simultanément, on s’affairera à creuser la portion souterraine sous la colline Parlementaire, a expliqué Benoît Carrier, chef de projet du bureau d’études. Les travaux doivent débuter en 2021-2022 et se terminer en 2025-2026.
2. L’hiver n’est pas un problème
Le rude hiver n’empêchera pas la circulation du tramway à Québec, car la Ville a choisi la technologie de la ligne aérienne de contact pour l’alimentation en électricité, a assuré le chef de projet Benoît Carrier, mardi.
« Ça prendrait 20 centimètres de neige à l’heure pour qu’on commence à avoir des problèmes », a-t-il indiqué. Selon lui, « l’entretien hivernal d’un système de tramway n’est pas différent de l’entretien de la chaussée ».
Le matériel de déneigement est constitué « d’un véhicule rail-route qui s’assure d’être guidé sur sa plateforme et qui entretient aussi le rail. Il est muni d’une nacelle pour pouvoir aller entretenir la ligne aérienne de contact au besoin ».
En ce qui concerne le verglas, M. Carrier a spécifié que la lourdeur des véhicules permettrait d’écraser la glace sur le rail. Il est également possible de faire passer des tramways la nuit « pour s’assurer que ça ne givre pas ».
3. Les coûts n’exploseront pas, réaffirme Labeaume
Régis Labeaume se désole que certains médias « diabolisent le projet » et que des « ingénieurs connus de personne » prédisent déjà des dépassements de coûts pour le réseau évalué à 3 milliards $.
« On les connaît les prix nous autres. Ça fait huit ans qu’on sait comment ça coûte un kilomètre de rail, puis on met toujours les prix à jour. Il n’y a pas mieux que la Ville de Québec avec les compagnies d’ingénierie avec lesquelles on travaille pour mettre un prix là-dessus », a-t-il affirmé mardi.
« Ne me demandez pas de vous dire qui va payer les dépassements, alors que nous, on pense qu’on a bien chiffré. C’est un dîner de cons », a-t-il pesté en mêlée de presse.
4. 38 stations, trajet de 53 minutes
L’administration Labeaume promet des gains de temps et de fréquence avec le futur réseau structurant. Ainsi, le parcours de tramway qui compte 38 stations entre Legendre et Louis-XIV s’effectuera en 53 minutes.
Pour le trambus, entre D’Estimauville et le pôle Sainte-Foy Ouest, le temps de parcours sera de 31 minutes pour 27 stations.
Avec le nouveau réseau, un usager partant de Val-Bélair se rendra à la place D’Youville en 51 minutes, gagnera cinq minutes et aura six départs de plus chaque heure. Un autre qui partira du pôle D’Estimauville prendra 31 minutes pour se rendre à Lavigerie, à Sainte-Foy, une économie de sept minutes et huit départs de plus chaque heure.
5. Un autre plénier lundi prochain
Comme le comité plénier de mardi n’a pas permis de répondre à toutes les questions, une autre réunion du même type aura lieu lundi prochain.
« On parle du plus gros projet de l’histoire de la Ville de Québec. J’aurais des questions pour encore deux jours », s’est exprimé le chef de l’opposition à l’hôtel de ville de Québec, mardi, à la fin du comité plénier consacré au réseau de transport structurant.
Quatre séances d’information et de consultation auront lieu du 4 au 7 avril. Le Réseau de transport de la Capitale organisera « une tournée d’information » du 10 au 17 avril.
6. Trop tôt pour envisager un train de banlieue
La Ville de Québec n’écarte pas la possibilité de raccorder un ou plusieurs trains de banlieue à son réseau de transport collectif dans l’avenir.
Cette option a été considérée, mais a toutefois été écartée dans l’immédiat par le bureau d’études. « Avant d’arrimer un réseau régional sur un réseau principal, il faut s’assurer que notre tuyau, notre réseau central, soit prêt à recevoir cette demande-là. On ne peut pas vider un train de banlieue dans un autobus », a illustré le chef de projet au bureau d’études Benoît Carrier.
7. 15 à 20 expropriations en vue
Le maire Labeaume prévoit qu’il y aura entre 15 et 20 « vraies » expropriations dans le cadre du réseau de transport structurant. Il a cependant refusé d’identifier les terrains précis convoités par la municipalité.
« Eux autres [les responsables du projet] le savent, mais on ne vous le dira pas tout de suite parce que vous allez partir voir les gens et vous allez nous créer un drame », a ajouté le maire en s’adressant aux médias.
8. Labeaume satisfait de l’appui de la CAQ
Régis Labeaume s’est dit satisfait de l’appui de la Coalition avenir Québec (CAQ) à son mégaprojet de réseau structurant.
« On cherche l’adhésion nous autres. C’est bien sûr. Quand on dit que les trois partis d’opposition sont d’accord, ça veut dire quelque chose pour nous autres », s’est-il exprimé, mardi.
Il a rappelé avoir multiplié les présentations avant de rendre son projet public. Les dirigeants politiques provinciaux « ont eu la chance de se faire expliquer le projet. Ils ne le font pas [l’appui au projet] au pif. Ils le font parce qu’ils comprennent le projet », a-t-il ajouté.
Réclamant toujours un référendum, le chef de l’opposition, Jean-François Gosselin, a nié être isolé sur ce sujet. « On est loin d’être seuls. La population est derrière nous. La population veut se prononcer sur ce projet-là », a-t-il réitéré.