Etienne Grandmont, directeur général d’Accès transports viables
Alexandre Turgeon, directeur général du CRE de la Capitale-Nationale
Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville
Point de vue
Le Soleil
Depuis quelques semaines, on discute de l’idée d’un collectif citoyen voulant qu’un métro serait plus approprié pour Québec que le Réseau structurant de transport en commun (RSTC). L’idée peut être séduisante de prime abord, mais une analyse plus approfondie permet toutefois de conclure que le métro est une fausse bonne idée et ne répond tout simplement pas aux besoins de la Ville de Québec. Voici pourquoi.
Un coût trop élevé
Construire un métro coûte cher. Les prix varient beaucoup, mais on s’entend généralement sur une moyenne de 250 millions $/km. Ainsi, un projet comprenant un métro et un trambus couvrant autant de territoire que le RSTC coûterait au bas mot 7 milliards $. À notre avis : il serait assez surprenant que nos gouvernements soient prêts à signer un chèque de cette ampleur…
Juste au centre-ville
Prenons le problème à l’inverse et essayons de respecter l’enveloppe de 3,3 milliards $. Dans ce contexte, un métro à 250 millions $/km ne couvrirait que le trajet entre Sainte-Foy et le Centre Vidéotron, soit 13 km et 16 stations. Le RSTC, un réseau comptant 56 km de voies dédiées, desservira quant à lui 28 des 35 quartiers de la ville.
Malgré cette excellente couverture, on lui reproche parfois de ne pas suffisamment desservir les banlieues. Imaginez le métro… Et c’est sans compter les opportunités de développement, notamment sur Charest, entre Robert-Bourassa et Marie-de-L’Incarnation, que ne permettrait pas un projet de métro.
Trop de capacité
Selon les études, la plage de capacité optimale en pointe pour un tramway est de 2500 à 9100 places/heure/direction. Celle d’un métro automatisé est de 9100 à 30 000 places/heure/direction. Actuellement, on compte environ 3150 places/heure/direction sur le tronçon le plus achalandé du RTC. Nous sommes clairement dans la zone de pertinence du tramway, et ce pour de nombreuses années. Se payer un système qui offrirait beaucoup plus que nos besoins est pour le moins difficile à défendre.
Coûts plus élevés
Le projet de métro étant beaucoup plus court que l’ensemble des parcours proposés dans le Réseau structurant de transport en commun, cela forcerait le RTC à déployer davantage de bus réguliers pour assurer le rabattement vers cette nouvelle colonne vertébrale, annulant immédiatement les frais d’exploitation plus bas entraînés par la présence de véhicules plus capacitaires.
Tramway plus accessible
Les stations d’un tramway sont plus rapprochées les unes des autres en plus d’être en grande majorité situées en surface. Le temps de marche pour se rendre à une station est donc plus court que dans le cas d’un métro, rendant plus attractif le tramway pour d’éventuels utilisateurs.
En conclusion, après avoir analysé le projet de métro proposé par le collectif citoyen, nous réitérons notre appui au Réseau structurant de transport en commun de la Ville de Québec, conçu sur mesure pour Québec. L’idée, proposée de bonne foi, a de quoi séduire, mais ne s’avère pas être la plus appropriée pour nos besoins. Souhaitons maintenant que les opposants au Réseau structurant de transport en commun cessent de mettre du sable dans l’engrenage en moussant cette fausse bonne idée.
28 décembre 2018 à 19 h 59
Une couverture de Ste-Foy au Centre Vidéotron en est une très bonne et elle ne favoriserait pas une banlieue Charlesbourg de préférence à Beauport et elle se situe dans l’axe du Métrobus actuel.
C’est quand même aberrant d’entendre ces experts (et ils en sont) reproché à un éventuel métro sa surcapacité. Autrement dit on reproche aux promoteurs du métro d’avoir trop de vision car sa capacité pourrait absorber l’augmentation de l’achalandage pendant plusieurs années voire même quelques décennies.
Quand à l’enveloppe budgétaire d’un projet ou l’autre peut-on vraiment penser qu’il n’y aura pas de dépassement?
Point de vue discordant publié dans le Soleil du 27 décembre 2018 soit le même jour que l’intervention de MM. Grandmont, Turgeon et Savard.
https://www.lesoleil.com/opinions/point-de-vue/la-lubie-du-tramway-c03b26bcfe28c6ab4d6d58ae6a8416dc
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28 décembre 2018 à 23 h 34
Le projet du groupe « J’y vais en métro » comprend lui aussi des voies dédiées pour le trambus et les métrobus. Sa desserte est plus grande que celle du projet du maire. Et c’est sans compter qu’il comprend une ligne de métro sous le fleuve reliant la Gare du Palais au centre-ville de Lévis.
Lequel des deux projets est le moins cher? Tout dépend de l’horizon qu’on retient. Sur 30-40 ans (la durée de vie du tramway), c’est celui du maire. Sur 100-150 ans (la durée de vie du métro), c’est plutôt celui du groupe « J’y vais en métro » qui est le moins cher.
Pourquoi le maire et les « experts » qu’il a placés sur ses différents comités du RSTC ne nous disent pas TOUTE la vérité? À un moment donné, faudrait qu’ils arrêtent de nous prendre pour des cruches qui ne comprennent rien et n’y voient pas clair.
Oui, je sais, les gouvernements supérieurs ne planifient (presque) jamais 100 à 150 ans à l’avance. Et ce n’est pas demain la veille que Québec va pouvoir accueillir l’Exposition universelle.. N’empêche qu’une étude coûts-avantages des différentes options serait intéressante et utile.
SAUF QUE….
« Si on tergiverse trop longtemps, on risque de le regretter. La fenêtre d’opportunité pourrait se refermer rapidement ». Si c’est ça monsieur Labeaume que vous pensez, alors dites-nous le. Vous avez probablement raison!!!!!
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30 décembre 2018 à 09 h 56
Si vous souhaitez que l’on dise « toute la vérité », il faudrait commencer par être franc aussi dans les données qui sont avancées pour calculer les coûts à long terme du métro vs tramway.
Dire qu’un métro a 100-150 ans de durée de vie est une vue de l’esprit. Car ce n’est pas vrai, un métro nécessite lui aussi des coûts de maintien et d’entretien d’infrastructure et du matériel roulant.
Cela dit, personnellement, je trouve que l’enthousiasme des personnes qui souhaitent un métro pas mal intéressant, car pour une fois les gens veulent qu’on investisse dans le transport en commun. Il faudrait juste que l’on arrête de comparer des calculs de coin de table et des estimations établies et davantage vérifiées.
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4 janvier 2019 à 18 h 15
Ce sont les tunnels qui sont réputés durer plus de 150 ans. Les stations, les rames, les rails, etc. durent moins longtemps. En tout et pour tout, on parle tout de même d’une durée de vie moyenne d’environ 90 ans. C’est beaucoup plus que la durée de vie du projet de tramway qui, incluant les parties souterraines, durera en moyenne 35 ans.
Qu’en est-il des coûts d’entretien et d’opération ? Sont-ils plus élevés pour le métro ou le tramway ? Difficile à dire. Du côté du métro, il y a la ventilation, le fonctionnement des métros (en particulier si le métro compte un nombre élevé de wagons), l’éclairage des stations, etc. Du coté des tramway, il y a le déneigement, le déglaçage, le nettoyage, le chauffage, la conduite des tramway.
Au final, avec le métro automatique, j’aurais tendance à penser que le métro coûtera moins cher à entretenir et opérer que le tramway.
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29 décembre 2018 à 09 h 33
« Pourquoi le maire et les « experts » qu’il a placés sur ses différents comités du RSTC ne nous disent pas TOUTE la vérité? À un moment donné, faudrait qu’ils arrêtent de nous prendre pour des cruches qui ne comprennent rien et n’y voient pas clair. »
Bon encore une théorie du complot.
Vous osez écrire ça après toutes les rencontres et plusieurs séances de comité plénier et le colloque qui ont eu lieu.
La vérité c’est que peu importe ce que les experts donneront comme avis votre relativisme à tout craindre fera que vous n’aimerez jamais ce que l’on vous dira.
Que ça vous plaise ou non, la réalisation du Réseau de Transport Structurant est lancé.
« La Ville de Québec a retenu les services de la firme KPMG, afin que celle-ci la conseille dans le cadre du projet de réseau structurant de transport en commun. »
« La Ville de Québec et le Réseau de transport de la Capitale (RTC) ont retenu les services de l’entreprise Systra Canada pour les accompagner et les conseiller dans la conception du tramway et l’électrification du réseau de transport en commun. »
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5 janvier 2019 à 20 h 05
Il ne faut pas oublier qu’une station de métro souterrain n’est ni plus ni moins un bâtiment. Dans tous les systèmes de métro que je connaisse, il y a toujours une équipe complète d’employés (entretient, changeurs, sécurité, etc.) à CHAQUE station.
D’ailleurs, est-ce que quelqu’un sait à partir de combien d’utilisateurs le coût de fonctionnement par passager d’un métro devient plus avantageux que celui d’un tram?
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9 janvier 2019 à 12 h 57
Comme quoi il n’y a pas que des avantages au métro voici un extrait d’article publié aujourd’hui sur le site de Radio-Canada.
3 lignes de métro affectées!
« Une bagarre au poivre de Cayenne paralyse le métro de Montréal
Un incident survenu dans le métro de Montréal mercredi matin a forcé la fermeture des lignes jaune, verte et orange en pleine heure de pointe en raison de la présence d’un gaz irritant dans l’air à la station Champ-de Mars. Le service est désormais rétabli sur toutes les lignes du réseau.
Selon la Société de transport de Montréal (STM), la circulation des trains a dû être interrompue et des passagers ont dû être évacués en raison d’une « ventilation d’urgence » à la suite de la libération d’une substance volatile lors d’une altercation entre deux individus à la station de métro Champ-de-Mars. »
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