Jean-Simon Gagné
Patrice Laroche
Le Soleil
Les maisons victoriennes de la Grande Allée, en face du parlement, en janvier 1968. Quelques mois plus tard, le gouvernement du Québec annonce leur démolition pour construire le Complexe H, alias le «bunker» ou le «calorifère». Peu de temps auparavant, l’administration du maire Gilles Lamontagne avait discrètement amendé son règlement de construction pour autoriser les édifices en hauteur dans le secteur. Au Parlement, l’opposition officielle dénonce un «crime contre la beauté de Québec». Mais le ministre des Travaux publics, Armand Russell, déclare que les maisons n’ont pas de caractère historique. «Je ne peux pas être plus Québécois que les organismes consultés sur cette question», conclut-il. Seule concession aux critiques, la taille du monstre sera réduite de quelques étages. En 2002, l’édifice a été rebaptisé «Jean-Talon». Mais comme disait le chanteur Serge Gainsbourg : «La laideur a ceci de supérieur à la beauté : elle dure».