Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Phare et tramway: le scénario du pire

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 27 mars 2019 9 commentaires

François Bourque
Le Soleil

CHRONIQUE / La Ville de Québec émettra les permis de construction du Phare même si le projet de tramway devait être abandonné.

Le scénario est peu probable, vu l’état d’avancement du projet de tramway et la disponibilité de l’argent public tant à Québec qu’à Ottawa.

Malgré tout ce théâtre politique sur les modalités de financement, on voit mal comment le projet de Québec pourrait être mis de côté.

J’ai pourtant sursauté en entendant le numéro 2 de l’administration Labeaume, Rémy Normand, rappeler cette fatalité du monde municipal : une ville a l’obligation de délivrer un permis lorsque la demande respecte le zonage et que la Commission d’urbanisme est d’accord. Ce sera vrai pour le Phare comme pour tout autre projet. Tramway ou pas. La loi est ainsi faite, que celle-ci plaise ou pas.

Ce qui m’a dérouté, ce n’est pas tant ce rappel des obligations de la Ville que la désinvolture dans la façon de dire. «Le Phare est une décision privée… Il n’y a pas de lien entre le Phare et le tramway… Ce sont deux projets totalement indépendants.»

Il me semble au contraire que ce projet du Phare est éminemment public, tant par les coûts collectifs d’infrastructure qu’il commande que par son impact dans la vie et le paysage de la ville.

Les deux projets ne sont peut-être pas liés au plan légal. Mais au plan urbain, c’est une aberration d’envisager un Phare sans transport en commun structurant.

L’impact serait catastrophique sur la circulation déjà congestionnée à l’entrée de la ville. D’autant plus qu’on ignore encore comment le ministère des Transports entend réaménager les échangeurs de la tête des ponts. Et qu’on ignore aussi où et comment sera raccordé le réseau de transport de Lévis. Cela fait beaucoup d’inconnus pour émettre des permis de construction dans un secteur aussi sensible.

Aux citoyens qui se sont inquiétés ces dernières années de l’impact du Phare sur la circulation, on a toujours répondu que le tramway/SRB permettrait de limiter cet impact.

Ce n’était pas la seule mesure envisagée, mais je comprenais que celle-là constituait une sorte de contrat social pour rendre le projet plus acceptable ou moins inquiétant.

Le plus étonnant restait à venir. C’est venu cette fois du responsable des transports à la Ville. Il a rapporté que lors de réflexions internes, on s’est demandé ce qui se passerait dans l’hypothèse d’un Phare sans tramway. La réponse : «On aura probablement des réaménagements du boulevard Laurier qui vont être différents de ce qu’on connaît aujourd’hui pour essayer de se donner un peu plus de capacité automobile pour combler l’absence d’un réseau de transport structurant.»

J’espérais avoir mal entendu, mais je me trompais. C’est vraiment ce qui a été dit : on compenserait l’absence de tramway par davantage de voies d’autoroutes à l’entrée de la ville. «Pas la solution optimale», dira-t-il plus tard, mais ça passerait par plus de capacité pour l’auto. Comme si un tramway et des autoroutes étaient interchangeables. Ni M. Normand ni le DG de la Ville ne se sont opposés.

Les bras me sont tombés. Je pensais vraiment que Québec était rendue ailleurs.

La suite

Voir aussi : Arrondissement Ste-Foy / Sillery / Cap-Rouge, Projet - Le Phare de Québec, Projet - Tramway, Transport, Transport en commun.


9 commentaires

  1. "Le" lecteur assidu

    27 mars 2019 à 09 h 13

    On est arrivé début des années 60, de Ville St-Laurent (maintenant Montréal),
    et mon défunt père avait fait alors construire un  » boug-hallo  » sur la rue Ville-Marie (paroisse St-Louis-de-France).

    Coin alors tranquille (plate pour l’ado que j’étais).

    Depuis notre mariage (donc la confirmation que je suis vieux !) on demeure dans l’arrondissement Beauport (quartier « Villeneuve ») où sans orgueil, la rue est superbe, pleine d’arbres matures, où on entend les oiseaux chanter, circulation de secteur et au centre-ville en 7-8 minutes.

    Seul défaut, pour bien manger (Hormis les Beyond meat de A&W !), oublions ça; que du junk food.

    Avec ce qui s’en vient  » là-bas « , AYOE !

    Ça m’enlève le goût d’y retourner un jour !

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    • Al. Fonce

      27 mars 2019 à 09 h 43

      Le secteur dont vous parlez (paroisse St-Louis-de-France) est loin du projet du Phare. Surtout la rue Ville-Marie qui est encore plus au sud. Vous pouvez retourner y vivre sans inquiétude.

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      • «Le» lecteur assidu

        27 mars 2019 à 10 h 24

        Oui, j’y suis depuis repassé.

        Le hic n’est pas immédiatement là, j’en conviens.

        Mais, sur du long terme, au nord du Chemin St-Louis, depuis les ponts jusqu’à Jean-Dequen, « ça va l’être pas beau » !

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  2. PPDaoust

    27 mars 2019 à 09 h 15

    Ce projet du Phare est paradoxal. On nous le vend comme un projet du futur, mais réalisé avec des façons de faire du passé. Ces hauts fonctionnaires ont peut-être des qualité de gestion, mais leurs façon de faire est complètement obsolète.
    Avis aux cheerleaders : Je ne m’attaque par au Phare proprement dit, mais bien à son mode de réalisation, qui, sans conteste, est défaillant.

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  3. Al. Fonce

    27 mars 2019 à 09 h 22

    « Il me semble au contraire que ce projet du Phare est éminemment public, tant par les coûts collectifs d’infrastructure qu’il commande que par son impact dans la vie et le paysage de la ville. » -Cré Bourque

    Oui, éminemment public, quand on pense aux retombés en taxe $$$ pour notre belle Ville de Québec. Merci beaucoup M. Dallaire.

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  4. Francis L

    27 mars 2019 à 12 h 47

    Situé immédiatement à l’entrée de l’autoroute et bien loins de n’importe quoi d’autre, Le Phare est une invitation parfaite à continuer l’étalement aux confins d’Henri IV, Duplessis et des 40, 73 et 20…

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    • Che

      27 mars 2019 à 16 h 34

      Ça aurait pu être pire (genre sur Pierre-Bertrand… ou au sud du 3e lien, pourquoi pas).

      Mais c’est vrai que ce coin est un peu vide et laid en ce moment. En voiture ça l’air de rien, mais si vous y allez à pied, ça donne une perspective différente.

      Je garde espoir que le phare va avoir un impact positif, mais j’ai peur que ça reste vide malgré la méga-tour (ou même à cause d’elle).

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  5. Simon Bastien

    27 mars 2019 à 17 h 18

    Dans le livre  »Québec, ville dépressionniste » que j’ai lu en diagonale (et que je ne vous conseille pas si vous aimez votre ville et que vous n’avez pas un moral très solide), on mentionne que la ville n’est pas encore arrivée au 21e siècle, par ses infrastructures et son développement. Quand on lit ce billet, on a malheureusement encore plus tendance à y croire…

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  6. michel

    27 mars 2019 à 21 h 47

    N’a-t-on pas appris il y a quelques mois à peine que la ville imposait au groupe Dallaire de s’engager à aménager un terminus dans un premier temps pour avoir droit à un permis ?
    Sans réseau structurant, ça va être un méchant bordel dans le secteur..

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