Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Le troisième lien: L’éléphant dans la pièce

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 29 juin 2019 18 commentaires

Isabelle Hachey
La Presse

François Bonnardel était sur le point de mettre un terme à sa brumeuse conférence de presse, jeudi matin, quand la question qui tue lui a été posée.

Jusque-là, le ministre des Transports s’en était plutôt bien tiré. Il avait annoncé que le troisième lien entre Québec et Lévis prendrait la forme d’un tunnel. Il avait esquivé les questions sur les coûts, les échéanciers, les impacts environnementaux.

Sur tout, quoi.

Jamais un projet d’une telle envergure n’aura été aussi vague. À ce point-là, on ne parle pas d’un flou artistique, mais d’un véritable trou noir.

À la fin de la conférence de presse, donc, la journaliste Jocelyne Richer, de La Presse canadienne, s’est avancée au micro pour pointer l’éléphant dans la pièce :

« Vous savez que depuis le début, bien des gens considèrent que vous avez brûlé les étapes et que vous n’avez jamais fait la démonstration rationnelle, scientifique, avec les appuis d’experts, de la nécessité de construire un troisième lien entre Québec et Lévis. Vous répondez quoi à cela ? »

Le ministre Bonnardel a marqué une courte pause, puis a déclaré d’un ton mal assuré que cette démonstration serait faite « dans les prochains mois ». La journaliste a insisté :

« Je m’excuse, mais on ne doit pas faire ça avant de décider si, oui ou non, on construit un troisième lien ? »

Une fois de plus, le ministre s’est dérobé.

La journaliste est revenue à la charge. Comment le ministre pouvait-il annoncer un projet qui engloutira des milliards de dollars de fonds publics sans avoir la moindre idée de sa pertinence ?

C’est là que François Bonnardel a eu cette réponse étonnante : pour « réduire la fluidité, cela prend une option additionnelle ; cette option additionnelle, c’est le troisième lien ».

Bien sûr, la langue du ministre a fourché. Bien sûr, il a dit le contraire de ce qu’il pensait.

N’empêche, son lapsus est fascinant. Parce que « réduire la fluidité », c’est précisément ce que risque de provoquer la construction du troisième lien.

***

Ce n’est pas moi qui le dis, mais à peu près tout ce que la planète compte d’experts dans le domaine des transports.

La suite

Voir aussi : Projet - Troisième lien.


18 commentaires

  1. jeanduez

    29 juin 2019 à 17 h 19

    Les médias ne supportent pas que les politiques s’affranchissent de leur autorité et nous allons assister maintenant à un barrage continuel de critiques et d’attaques -toutes plus malhonnêtes les unes que les autres- contre la CAQ.

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    • Jeff M

      29 juin 2019 à 22 h 14

      hahahaha elle est bonne celle là

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      • laéR

        30 juin 2019 à 07 h 48

        Hahaha, effectivement, bien bonne. La seule chose irrationnelle et malhonnête ici , c’est cette idée saugrenue de 3e lien.

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      • Insider

        30 juin 2019 à 09 h 21

        lol

        La CAQ s’est tellement bien affranchie du pouvoir qu’elle a dû avoir recours deux fois à ce genre de processus dans sa 1re année d’affranchissement!

        « Le « bâillon » ou la procédure législative d’exception est, au Québec, une procédure à l’Assemblée nationale qui permet au gouvernement de modifier les règles relatives à l’adoption d’un projet de loi. Cette mesure permet de limiter le temps de débat et de procéder plus rapidement à l’adoption d’un projet de loi. » [ Wikipédia ]

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      • jeand Utilisateur de Québec Urbain

        30 juin 2019 à 20 h 30

        lol le baillon a été utilisé des centaines de fois par le PQ et le PLQ depuis 30 ans

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      • Insider

        1er juillet 2019 à 07 h 48

        Bon au cas ou quelqu’un d’autre aurait de la difficulté à comprendre mon message pas très subtil.

        Je répondais à cette phrase ambiguë.

        « Les médias ne supportent pas que les politiques s’affranchissent de leur autorité […] »

        Avouons que l’on pourrait interpréter qu’il s’agit de l’autorité des politiques. ;-)

        Dois-je vous expliquer ce signifient « autorité » et « s’affranchir »?

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  2. Attila

    30 juin 2019 à 14 h 21

    Quel article ridiculement biaisé. Une journaliste qui fait preuve d’aucune neutralité comme ça, à ce point, c’est très peu sériueux. Son jupon Québec soviet solidaire socialiste dépasse largement. Ou est-ce simplement une commande du parti libéral, organe du journal le soleil (est-ce l’inverse?) C’en est presque drôle!

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    • Gérald Gobeil Utilisateur de Québec Urbain

      30 juin 2019 à 14 h 42

      Cet article est publié par La Presse et non Le Soleil. Et La Presse est maintenant propriété d’une organisme à but non lucratif.

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      • Insider

        30 juin 2019 à 15 h 29

        Oh boy, tant de confusion! Je vous trouve généreux de lui avoir consacré le temps d’écrire votre réponse. Quand j’entend communiste, socialiste, soviet je décroche. Je suis loin d’être un fan de QS surtout quand c’est le seul parti présent lors des fêtes de rue à Québec, mais il faut pas pousser la démagogie et la diffamation à ce point!

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      • Gérald Gobeil Utilisateur de Québec Urbain

        30 juin 2019 à 15 h 45

        Ce qui m’étonnera toujours est l’agressivité manifeste de certains partisans du 3e lien ainsi que leur intolérance grossière vis-à-vis des gens ayant l’opinion contraire. Mais bon. Nous en avons pour plusieurs années.

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      • laéR

        30 juin 2019 à 17 h 47

        En fait elle est très intéressante la réaction des pro 3e lien. Cela correspond à une pathologie typique des gens qui sombre dans le déni.

        Dans les circonstances, une personne qui n’a pas d’argument, ou un argumentaire très pauvre, tel que de dire que le 3e lien permettra de créer un artifice de boucle, s’enlisera dans l’insulte. Il remplacera tout argument par des amalgames ou des propos qui ne font pas de sens. Ici c’est tout l’être émotionnel qui prend le dessus.

        Cet état d’esprit est très courant parmi les animateurs de radios de Québec.

        C’est dommage car plusieurs personnes adoptent ce style qui malheureusement n’apporte rien de constructif.

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  3. Francis L

    30 juin 2019 à 18 h 32

    Un ingénieur du MTQ a donné une entrevue dernièrement sur l’état des routes au Québec : elles sont pas très belle, mais ce n’est pas étonnant puisqu’on est 2 fois moins de personne par km d’asphalte à comparer à l’Ontario. Le Québec est grand est dépeupler, c’est pas nos hivers le problème.

    Mais maintenant ont veut encore agrandir ce réseau? On pourrait pas déjà rénover ce qu’on a?

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  4. Dédé

    1er juillet 2019 à 06 h 51

    « Après coup, dans chacune de ces villes, des dizaines de milliers de voitures se sont évaporées.

    Pas pour se déplacer ailleurs. Les gens ont tout simplement abandonné le volant. »

    Ok,

    Dans ce cas, le pont Champlain n’aurait jamais dû être reconstruit, ça aurait permit «d’évaporer» pas mal d’automobiles.

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    • Insider

      1er juillet 2019 à 07 h 57

      Excellente comparaison avec un pont que l’on construit pour en détruire l’autre qui est juste à côté! ;-)

      Et tant qu’à citer des extraits sorti de leur contexte citons le texte correctement.

      « C’est là que François Bonnardel a eu cette réponse étonnante : pour « réduire la fluidité, cela prend une option additionnelle ; cette option additionnelle, c’est le troisième lien ».

      Bien sûr, la langue du ministre a fourché. Bien sûr, il a dit le contraire de ce qu’il pensait.

      N’empêche, son lapsus est fascinant. Parce que « réduire la fluidité », c’est précisément ce que risque de provoquer la construction du troisième lien.

      ***

      Ce n’est pas moi qui le dis, mais à peu près tout ce que la planète compte d’experts dans le domaine des transports.

      Plus on construit de routes, plus on augmente le trafic – et la congestion routière, par la même occasion.

      C’est un fait établi, mesuré, documenté depuis des décennies.

      À New York, l’urbaniste Robert Moses a construit un pont, puis un autre, pour augmenter la fluidité automobile entre le Bronx, le Queens et Manhattan. Peine perdue : en moins de temps qu’il n’en faut pour crier « bouchon », les nouveaux ponts étaient, comme les anciens, saturés de véhicules.

      C’était… à la fin des années 30 !

      Depuis, la même histoire s’est répétée, encore et encore, dans d’innombrables villes des États-Unis, paradis incontesté de l’auto, de l’asphalte et de la banlieue.

      À son point le plus large, la Katy Freeway de Houston compte aujourd’hui… 26 voies. Un monstre d’autoroute. Quand les autorités ont décidé de l’élargir, il y a 10 ans, c’était bien sûr pour en finir une fois pour toutes avec les embouteillages.

      Cela n’a fait qu’empirer les choses. Le temps passé par les automobilistes dans cette gigantesque artère de béton a augmenté de 30 % le matin et de 55 % le soir.

      Le phénomène se vérifie dans l’autre sens.

      En 1989, l’Embarcadero Freeway s’est effondrée lors d’un séisme à San Francisco. En 2005, une voie express a été remplacée par une promenade au coeur de Séoul. En 2012, un pont majeur a brûlé à Rouen. Après coup, dans chacune de ces villes, des dizaines de milliers de voitures se sont évaporées.

      Pas pour se déplacer ailleurs. Les gens ont tout simplement abandonné le volant.

      *** »

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  5. Jp-Duval

    1er juillet 2019 à 11 h 52

     » Les gens ont tout simplement abandonné le volant. »

    Bien d’accord avec vous….

    Ajoutons à cela que Québec est maintenant la deuxième ville la plus âgée au pays…..Ce vieillissement de la population aura sûrement des impacts sur la circulation automobile car bien des retraités se retireront de la route aux heures de pointes.

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    • laéR

      1er juillet 2019 à 16 h 13

      Le fait du vieillissement de la population est tellement un excellent fait! On en parle trop peu souvent.

      Cette diminution de la charge automobile pourra ainsi faire passer le temps d’attente aux ponts de 12 minutes à 7-8 minutes. De quoi rendre heureux un automobiliste de la rive-sud.

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  6. Simon Bastien

    1er juillet 2019 à 20 h 22

    J’me demande si ceux qui sont prêts à ce qu’on débourse 4 milliards pour ce lien sont les mêmes qui trouvent que mettre 200 millions pour réparer le pont de Québec, c’est trop cher…

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    • laer

      2 juillet 2019 à 15 h 44

      4 milliards? C’était en 2016, sans les extrêmements nombreux inconnus et l’inflation. Mettons que ca commence en 2022, il faudrait plutôt parler de 6 milliards, et encore là…

      Un petit pont de 3.2 km vient de coûter 5 milliards. Imaginez un tunnel de, 8 kilomètres.

      Hahahahahahahaha

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