Illustration: Le Soleil
Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Les trois bâtiments occupés par la marine canadienne dans la rue Dalhousie, au port de Québec, devront recevoir des soins. Un s’enfonce et craque; il faudra le requinquer. Un autre, trop mal en point, sera vendu. Le dernier sera en partie vidé pour être rénové.
Situons-nous. «Le ministère de la Défense nationale (MDN) possède deux bâtiments à la Pointe-à-Carcy, soit l’édifice Achille-Pettigrew (170, rue Dalhousie) et l’édifice Résidences (144, rue Dalhousie)», nous apprend Andrée-Anne Poulin, conseillère en communications de l’armée. Il s’agit des deux édifices plantés près du pont-levis et de l’écluse du bassin Louise, dont l’un abrite entre autres le Musée naval de Québec et une école militaire.
En plus, les forces armées occupent des locaux de l’édifice John-Munn du 112, rue Dalhousie. «Ce bâtiment, qui est la propriété de Services publics et Approvisionnement Canada, héberge 156 membres du MDN».
Maintenant que nous savons où se déroule l’intrigue, expliquons quels maux affectent ces propriétés fédérales.
1. Édifice John-Munn
Les 156 membres des forces maritimes travaillant à l’intersection des rues Dalhousie et Quai Saint-André devront déménager. «Services publics et Approvisionnement Canada a informé [la Défense nationale] que son bail de location ne serait pas renouvelé et que l’édifice John-Munn devrait être libéré au plus tard le 1er juin 2022», relate Andrée-Anne Poulin.
Pourquoi? «Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC) a effectué des analyses quant aux investissements requis pour maintenir l’édifice à long terme», nous éclaire une porte-parole de ce ministère, Sonia Tengelsen. «Ces analyses ont démontré que la meilleure solution pour la saine gestion des fonds publics était de se départir de l’immeuble.»
Sa collègue Lamya Benachour ajoute : «L’édifice n’a fait l’objet d’aucune intervention majeure depuis sa rénovation et son agrandissement en 1984. Des investissements de l’ordre de 11 millions $ sur un horizon de cinq ans sont requis».
Selon le rôle d’évaluation municipal, le 112, rue Dalhousie vaut environ 4,15 millions $.
Après avoir fait ses calculs, le fédéral a donc déclaré la propriété «excédentaire».
La Défense nationale videra donc les lieux. Pêches et Océans y perdra également ses locaux d’entreposage et une salle de réunion aménagés dans l’immeuble.
«Une fois que les occupants auront quitté, ce qui est prévu en 2022, SPAC ira de l’avant avec la vente de l’édifice», dixit Lamya Benachour. Les autres ministères canadiens, le gouvernement québécois et la Ville de Québec auront la priorité pour l’acquisition. Les promoteurs privés suivront.
Quoi qu’il en soit, la marine doit reloger 156 travailleurs. Ils n’iront pas loin : la Défense nationale entend leur trouver de la place dans ses propriétés de la Pointe-à-Carcy, annonce Andrée-Anne Poulin. «Toutefois, afin de les accueillir, des travaux de réaménagement et d’optimisation des espaces bureaux dans ces deux bâtiments (édifices Achille-Pettigrew et Résidences) devront être effectués. Nous procéderons donc à la préparation des plans et des devis au cours de l’année 2020. […] Il est encore trop tôt pour fournir des détails à propos de l’échéancier ou des sommes d’argent impliquées.»
2. Édifice Achille-Pettigrew
Attardons-nous à l’édifice Achille-Pettigrew maintenant. Vous voyez la longue structure grise s’étirant entre l’eau et l’agora du port de Québec? C’est là que seront installés bon nombre des expulsés du John-Munn. Sauf que la fondation de cet édifice bouge, ce qui occasionne des bris structuraux.
«Au cours des cinq dernières années, des tassements de sol ont été observés en sous-œuvre», précise Andrée-Anne Poulin. «Les tassements ont généré du cisaillement dans certaines composantes de la structure du bâtiment.»
Que se passe-t-il? «Des tassements de ce genre ne sont pas inhabituels lorsque des sols meubles sont utilisés comme matériel de remplissage, comme ce fut le cas lors de la construction des ouvrages portuaires à la Pointe-à-Carcy.»
Déjà, l’ossature d’Achille-Pettigrew a dû être ressoudée : «Afin de corriger la situation, nous avons effectué divers travaux correctifs structuraux».
La sécurité ne serait donc pas compromise, selon Mme Poulin. «Nous effectuons également des suivis sur une base régulière afin de nous assurer que l’édifice demeure en bon état pour répondre aux besoins quotidiens et à long terme des occupants.»
Il faudra cependant une investigation plus poussée, et des rénovations d’une plus grande ampleur, afin de corriger définitivement le problème. «Dans le but d’élaborer une solution ciblée, nous menons actuellement une étude qui nous permettra de mieux comprendre l’évolution des tassements. Une fois l’étude complétée, nous prévoyons effectuer des travaux ciblés afin de stabiliser la structure de façon permanente.»
Le chantier sera majeur. Les occupants seront installés ailleurs pour laisser le champ libre aux ouvriers.
3. Édifice Résidences
Faisons maintenant un court arrêt au 144, rue Dalhousie : l’édifice Résidences. Lui aussi sera revampé, transformé, afin d’accueillir des exilés du John-Munn.
Pour l’heure, quelques centaines de chambres s’y trouvent, sur cinq étages. Les étudiants de l’école navale de la Défense nationale, entre autres, y sont hébergés pendant leur passage dans la capitale.
Vers Pierre-Bertrand
Un bon nombre d’employés de la marine travaillant dans le Vieux-Port et les militaires en formation devront donc être déplacés pendant les travaux… Disons que leur futur environnement sera un peu moins bucolique. Plus éloigné de l’eau aussi.
«Pendant les travaux de réaménagement des édifices Achille-Pettigrew et Résidences, les 156 membres du ministère de la Défense qui sont actuellement logés à l’édifice John-Munn seront relocalisés au Complexe militaire Pierre-Bertrand (CMPB)», indique Andrée-Anne Poulin, du bureau des relations avec les médias.
Ce manège militaire situé au 835, boulevard Pierre-Bertrand «possède à la fois de vastes espaces bureaux, des salles d’instruction, ainsi que plusieurs zones d’entreposage, vante-t-elle. Comme le CMPB a la capacité d’accueillir ces nouveaux occupants, aucuns travaux d’agrandissement ne sont requis.»
Un petit mot en terminant pour les fonctionnaires qui se rendent quotidiennement au 94 et au 104, rue Dalhousie. On y trouve notamment la direction générale pour le Québec de Pêches et Océans Canada. Martin Bourget, conseiller en communication dont le bureau s’y trouve justement, est catégorique : il n’y a pas de plan de rénovations majeures ni de vente des bâtiments à l’horizon. «Nous, il n’y a rien.» Ces possessions du fédéral, voisines des immeubles occupés par la Défense nationale, ne feraient donc pas partie du grand chambardement en cours.