Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Ce qui tue nos villes

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 1er décembre 2004 13 commentaires

Samedi passé, je devais me rendre à Drummundville pour un contrat de photo. Entre l’autoroute 20 et mon point de destination, dans le sud de la ville, je devais emprunter le boulevard St-Joseph. Il s’agit d’une artère importante qui traverse la ville d’un bout à l’autre.

Pendant 10 à 15 minutes défile à ma droite et à ma gauche tout ce qui existe comme commerce franchisé au Québec. J’y ai vu un McDonarld, un Brunet, un Jean-Coutu, un Mike’s, un PFK, un Subway’s, un Benny’s, un St-Huberts, un Dollarama, un Stratos, un IGA, un pétro-Canada, un Irving, un Shell, des concessionnaires Honda/Toyota/Ford/GM/Hyunday, un Poulet Fusé, un East Side Mario’s, et bien d’autre.

Dieu que c’était laid. Et c’est là que le doute m’assaillit : suis-je bien à Drummundville? Peut-être me suis-je trompé, que je m’en vais chez mes parents et que je suis sur le Boulevard Henri-Bourassa, à Charlesbourg? Ou peut-être que je voulais aller chez Meuble Napert et que je suis en fait sur le Boulevard Kennedy à Lévis? Qui sait, peut-être suis-je à Laval! Ha non, je suis sûrement à Mississauga en Ontario! Ou en banlieue de Boston? Qui sait? Quel est mon point de repère?

Une route à deux voies dans chaque direction. Des feux de circulation à intervalle régulier (au moins, ceux de Drummundville sont parfaitement synchronisés!). Des boîtes carrées de chaque côté, en arrière d’un immense stationnement. Et de toute part ces mêmes enseignes qui enlèvent tout caractère particulier à nos villes et villages du Québec. Drummundville, Chicoutimi, St-George-de-Beauce. Dites-moi, quelle est la différence maintenant?

Don’t get me wrong, comme on dit en polonais. J’adore être conscient que si j’ai besoin d’un muffin et d’un café pour la route, lorsque je vais à Drummundville par exemple, je n’ai qu’à chercher une enseigne Tim Horton. Il est rassurant de savoir qu’en voyant le logo « Second Cup », je peux pénétrer dans le commerce et demander un délicieux « Moccaccino avec crème fouettée pour boire ici S.V.P. » et que cela me coûtera cinq dollars, pourboire inclus.

Mais alors, quel est le problème avec les franchises? Leur trop grand nombre? L’uniformité de leur architecture partout en Amérique du Nord? Leur fâcheuse tendance à se regrouper le long des boulevards? Le laxisme des autorités municipales qui leur permet d’imposer à la vue de tous leur vestiaire à bagnoles (merci à Jean Richard pour l’image) en face de leur établissement? Toutes ces réponses?

Vous voyez, cela fait 4 jours que ce texte me trotte dans la tête et ce n’est que ce soir que je me décide enfin à l’écrire. Avant d’en discuter avec vous, je voulais en venir à une conclusion, pouvoir affirmer « voilà le problème, voilà la solution ». Je dois malheureusement me rendre à l’évidence, je ne peux rien faire d’autre que de constater le problème et me dire que ce n’est pas cette semaine que je vais refaire le Monde.

Ce qui me fait le plus peur, je crois, c’est que nous ne semblons pas apprendre de nos erreurs. L’uniformisation de nos villes à débuté une nouvelle phase très rapide et qui semble trop bien avancée pour être contrée. Que ce soit à Québec, Montréal, Toronto, Sherbrooke ou Laval, les boîtes carrées poussent comme du chiendent et deviennent encore plus immenses. D’un simple stationnement en façade, elles sont maintenant comme une île au beau milieu d’un océan d’asphalte. Les franchises poussaient auparavant le long des boulevards, ces nouveaux mégas immigrent le long des autoroutes. Les nouveaux joueurs s’appellent WallMart, Cinéplex Odéon, Rona l’entrepôt, Home Depot, Canadian Tire et Cosco.

Merde.

Voir aussi : Étalement urbain.


13 commentaires

  1. Serge Alain

    1er décembre 2004 à 21 h 46

    Je comprends tellement tes réactions, Francis.

    Ma fille s’est trouvé un logement à Chicoutimi en août dernier et en l’aidant pour déménager, j’ai eu la même sensation en entrant dans la ville: Oh! Joie, il y avait un Omer-Deserres. Mais aussi tous les autres commerces que tu mentionnes. Bien sûr, je ne m’attendais pas à voir un magasin général mais peut-être des commerces et des bâtiments un tant soi peu « locaux ». Mais non: des Burger-King, Subway et autres vitrines impersonnelles.

    Ma blonde habite Beauport et moi, Saint-Augustin (un ancien chalet, pour ceux qui déduiraient que j’habite une maison cossue). Or, sur la rue Clémenceau, je me sens « chez moi », si j’ose dire, comme sur la route de l’Aéroport: un cinéma Odeon, un Bureau en Gros, un Wall-Mart, etc. Les mêmes promoteurs immobiliers, je présume?

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  2. Manu

    2 décembre 2004 à 00 h 41

    D’un point de vue très terre à terre, si tout cela existe (les rues commerciales de ce genre et les commerces qui les composent) c’est parce qu’il y a assez de gens qui en veulent. Si personne (ou pas assez de gens du moins) n’en voulaient, ces commerces fermeraient et n’y seraient plus.

    Ainsi, si on cherche absolument à trouver un « problème » avec les franchises par exemple, la réponse est peut-être simpelement : c’est ça que « les gens » veulent.

    De toute évidence, c’est pas demain que ça va changer…

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  3. KmaX

    2 décembre 2004 à 04 h 20

    Manu: Ce pourrait être vrai, dans un monde idéal où « les gens » ne serait pas influençable.

    Malheureusement…

    Les gardiennes disent qu’en jouant à faire des hamburgers avec le kit PlayDoh McDonalds, la seule idée qu’elles ont en quittant le boulot, c’est de s’en taper un bien gras.

    Il y a un principe de cohésion chez les animaux sociaux, et c’est celui d’imiter ses semblables.

    Apparemment, les experts marketing sont aussi de fins anthropologues…

    K

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  4. Manu

    2 décembre 2004 à 11 h 20

    Je dois te donner raison à ce sujet KmaX…

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  5. Mimi

    2 décembre 2004 à 11 h 34

    En fait, ce n’est pas la présence en tant que telle des ces franchises qui est dérangeante. C’est leur uniformité et leur localisation.

    Toutes les artères principales des petites villes se ressemblent. Une route provinciale passe au travers et de chaque côté poussent les franchises. Ce sont McDonald, Burger King, Tim Horton’s, Dunkin Donuts, La cage aux sports, East Side Marios’s, toujours les mêmes. Et le plus souvent pour une enseigne donnée toujours la même architecture du bâtiment.

    Viennent ensuite les îlots commerciaux avec leurs immenses stationnement. La Vie en Rose, Walmart, Bureau en Gros, Aldo Entrepôt, Jacob Connexion, Tristan et America Entrepôt…

    Et cela dans toutes les villes ce qui fait qu’entrer dans St-Hyacinthe, St-Jérôme ou Drummondville revient au même.

    Ensuite, les magasins du centre-ville ferment. Et les pauvres habitants ne peuvent plus aller magasiner qu’en voiture, n’ayant plus de commerces à proximité ou de commerces où on peut circuler aisément à pied. Ce qui exclue les routes provinciales bordées de ces chaînes commerciales déjà nommées.

    Et bien sûr, malgré notre désaprobation, nous allons dans ces boutiques/magasin/cafés parce que nous sommes des consommateurs et pour consommer il faut se rendre là où sont les produits.

    Il ne reste plus qu`à se plaindre de ce développement envahissant et uniforme de ville en ville.

    La solution? Je ne la connais pas. Je ne sais même pas s’il y en a une.

    La seule piste que je propose est la revitalisation des centre-villes. Trottoirs élargis, pots de fleurs, beaux lampadaires et boutiques locales.

    Merci.

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  6. Patrick

    2 décembre 2004 à 23 h 07

    La solution c’est de ne plus magasiner dans ces trucs, de ne plus aller voir des films au Cinéplex Odéon à l’Ancienne-Lorette. Il faut faire le geste d’aller vers les entrepreneurs locaux qui essayent de se façonner une image individuelle. La sélection est moins grande, les prix sont parfois plus élévés, mais ta conscience est claire à la fin de la journée et on se dit qu’on ne contribue pas à l’étalement.

    Il y a trop de gens qui chialent contre la laideur et vont s’approvisioner à même cette laideur. Certains déménagent même en plein coeur de celle-ci, ce qui rend une action intègre encore plus difficile.

    La revitalisation des centres-villes ne peut se faire si les gens continuent de s’installer de plus en plus loin. Des pots de fleurs sur les trottoirs servent à rien si un lieu n’est pas frequenté. Allez-donc faire votre magasinage de Noel au centre-ville au lieu d’aller à Place Laurier cette année.

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  7. csavard

    3 décembre 2004 à 01 h 27

    Place Laurier est un moindre mal si on compare au powercenter!!!

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  8. La Grimouille

    3 décembre 2004 à 11 h 06

    Tu viens juste de décrire toutes les rues principales des villes qui cernent Montréal.

    C’est désastreux, mais c’est un constat très pertinent.

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  9. Serge Alain

    3 décembre 2004 à 21 h 29

    Es-tu certain, Manu, que c’est ce que les gens « veulent »?

    Oui, je sais, c’est un débat sans fin. Mais je pense que les gens en général regardent ce qu’on leur offre et prennent ce qui fait leur affaire. Ce n’est pas nécessairement toujours ce qu’ils « veulent ». En fait, souvent, ils ne savent pas ce qu’ils veulent, ou n’osent pas trop le demander. Les entreprises prennent l’initiative (comme les postes de radio, du reste…) et essaient de deviner leurs « désirs » ou leurs « besoins » et proposent des idées: les gens adoptent ou rejettent.

    Tu comprends ce que je veux dire: les gens attendent passivement leur paye aux deux semaines et regardent ce que le monde de la consommation leur offre et ils sélectionnent dans le tas. Il y a une légère nuance entre ce qu’ils veulent et ce qui leur est proposé.

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  10. Manu

    3 décembre 2004 à 23 h 36

    En effet Serge, ça rejoint le point de KmaX au début de cette discussion, à propos de l’influence et du marketing.

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  11. Jean

    4 décembre 2004 à 14 h 33

    Pour vous reposer du décor uniforme de tous les boulevards Taschereau du Québec, la blogueuse a déniché ceci pour vous :

    http://monkeydyne.com/lj/bienvenue_a_montreal.jpg

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  12. Sébastien

    1er juillet 2007 à 18 h 10

    Drôle de voir qu’en haut de cet article il y a une pub de… Home Depot…

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  13. Charles Édouard Jeanneret

    4 janvier 2008 à 03 h 37

    Salut, la ville est entrain de mourir à petit feu. Dans quelques décennies nos enfants ne connaitront plus jamais ce que c’est vivre dans un quartier traiditionnel…La laideur s’empare de nos plus beaux trésors…

    La seule consolation: J’irai jamais magasiner et bouffer dans ces commerces et restaurants…

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