Exceptionnellement, voici l’article au complet, non disponible sur la Toile.
Source: Antoine Robitaille, Le Devoir, 9 et 10 août 2008.
Québec – Parfois, on a l’impression qu’il a tout le monde contre lui, l’Écolobus, touchant petit véhicule tout électrique, en fonction depuis la mi-juin à Québec. À commencer par les chauffeurs de taxis, ces sympathiques maîtres râleurs, qui le trouvent trop… gratuit. Il y a aussi les amoureux des moteurs virils qui font vroum vroum. Narquois, ils s’amusent de ses ratés. Et ce journaliste ex-«lockouté» de Beauport, le collègue et ami Michel Hébert, star du défunt MédiaMatin Québec, de retour prochainement au Journal de Québec. Michel trouve que ça ne sert à rien, «un Écolobus dans le Disneyland-à-t-shirts du Vieux-Québec quand, à trois ou quatre kilomètres de là, la même ville, les mêmes gestionnaires du territoire, les mêmes forts en thème désorganisent la circulation et provoquent des embouteillages!», a-t-il écrit, pamphlétaire, sur son blogue (hbertenfeu.blogspot.com).
«Et pourtant», chanterait Aznavour. Il est tellement sympathique, l’Écolobus. Et d’ailleurs, il remporte un vif succès. «Tout le monde veut ‘la’ prendre!» (un autobus, c’est féminin dans la Vieille Capitale) lançait jeudi son incroyable chauffeur Jocelyn Gauvin. L’Écolobus est court, on pourrait dire trapu; 23 personnes au maximum peuvent y pénétrer. «Quel surnom on peut lui donner?, demande Jocelyn Gauvin. Je les collectionne. Parfois je l’appelle la papemobile», dit-il en rigolant affectueusement.
Lent, l’Écolobus ne dépasse pas les 33 kilomètres-heure. À cette vitesse, les mouches ne s’écrasent pas sur le pare-brise, mais nous doublent sans doute. Dans le Vieux-Québec, il faut le dire, il y a pire tortue: les calèches, que l’Écolobus contourne allègrement. Et pourquoi irait-on plus vite dans ces vieilles pierres, surtout à cette époque d’insécurité routière?
Les fluctuations du prix de l’essence? L’Écolobus s’en fout. Il consomme un gros 3,25 $ d’électricité par jour, accumulés pendant huit heures, nuitamment. Tout ce qu’il émet? Un bzzzzzzz futuriste. Aucun gaz à effet de serre, évidemment. À lui seul, il donne un avant-goût de ce que seraient les villes si, un jour, les maudits moteurs à explosion étaient mis en minorité. Que des bzzzzzzz discrets. Plus de tuyau d’échappement et de métaux lourds dans notre sang. Bon, à l’intérieur, c’est un peu bruyant quand se déclenche le ventilateur servant à refroidir le moteur (il démarre quand le celui-ci atteint les 62 degrés). «Il y aurait un petit travail d’isolation acoustique à faire», faisait d’ailleurs remarquer Yvan Dutil, candidat Vert dans Jean-Talon, sur le site de QuébecUrbain.qc.ca.
«Elle» est belle!
N’empêche, Jocelyn Gauvin, chauffeur au Réseau de transport de la Capitale (RTC) depuis «25 ans minimum», semble s’être carrément épris de ce véhicule de marque italienne, tant il s’anime lorsqu’il en parle. « »Elle » est belle! Regarde comme ‘elle’ a un beau klaxon!» Et le voilà qui multiplie les «pouet, pouet» en envoyant la main aux passants sous la pluie de cet été 2008. «On dirait le klaxon de Choupette», en référence à la célèbre Coccinelle Volkswagen des films de Disney.
Quand les gens lui demandent s’ils risquent de tomber en panne, M. Gauvin sort son carton de piles alcalines AA et répond à la blague «J’ai ma batterie de rechange!» Il est vrai que lorsque le moteur atteint une température donnée, 65 degrés, «tout arrête». C’est même survenu à quelques reprises depuis le début de l’été, dans les côtes abruptes du Vieux-Québec, alors que plus de 23 personnes s’étaient entassées dans le petit bus. La solution: faire descendre quelques volontaires et laisser refroidir le moteur. Et on redémarre! «C’est pas compliqué, quand ça risque d’arriver, je fais descendre les femmes et je les reprends en haut, ha ha ha», s’amuse Jocelyn Gauvin. «On est victimes de notre succès, dit-il plus sérieusement, je dois refuser du monde tout le temps.» Dans le petit bus pas comme les autres se sont entassés jeudi des touristes français en imperméable, un lecteur de L’Archipel du goulag plutôt revêche, des visiteurs du 400e cherchant le Musée des Beaux-Arts et une bénévole du Musée de la civilisation. On en vient souvent à fraterniser. «D’où venez-vous? – De Magog. Et vous? – D’Ontario.» Ça suscite la bonne humeur du chauffeur, qui avoue parfois faire des petits détours pour satisfaire ses clients. «C’est le bus du bonheur!», s’écrie Louise Bilodeau, photographe et amie qui m’accompagne.
Jocelyn Gauvin adore qu’on le questionne sur son «électrolux» ou «électrobus», autres surnoms. Il dit qu’il «commence à « la » connaître» et qu’il a même mis fin à «une panne l’autre jour». «Regarde, tout est contrôlé par ordinateur. Soixante-deux dégrés : la « fan » va partir, regarde ben!» En descendant la Côte du Palais, il met le pied sur le frein: «Ça, ça recharge la pile. C’est bien fait pareil, non?» À la fin de la journée, celle-ci – conçue en Suisse – a souvent 50 % de sa charge. Jocelyn Gauvin remarque que ses clients sont «très conscientisés». Et se prend à rêver: «Avec des bus de même, à l’électricité, on va finir par les avoir, les pétrolières!», clame-t-il en montant la Côte Dinan à 18, puis 20 kilomètres-heure.
En attendant ce grand soir, il reste quelques mises au point à effectuer. Le RTC a acquis huit de ces autobus dans le cadre d’un projet pilote lié au 400e (tout est lié au 400e à Québec cet été…). Budget: 12 millions, fournis et administrés par les gouvernements municipal, québécois et fédéral, avec les conseils du Centre d’expérimentation des véhicules électriques du Québec (CEVEQ), la mecque du genre au Québec, sise à Saint-Jérôme. Depuis un mois, des pièces brisées et manquantes liées au groupe électrique sont en commande. Pour l’instant, quelques-uns des Écolobus font donc le circuit, des ruines du Manège militaire jusqu’au Vieux-Port. Si bien que le service, au lieu d’être aux 10 minutes, est aux 20 minutes. Mais ça vaut la peine d’attendre. Surtout si c’est Jocelyn Gauvin qui tient le volant!
À consulter, entre autres billets: L’Écolobus ne nuira pas aux taxis, juge le maire. Merci à Antoine Robitaille pour sa précieuse collaboration.
12 août 2008 à 10 h 59
C’est génial ce bus. L’ai encore pris ce matin en revenant de l’espace 400e. Et l’ai fait découvrir à une dame de Portneuf en visite à Québec. Qui va revenir! :)
Signaler ce commentaire
12 août 2008 à 12 h 32
Pourquoi pas!
Mais je me demande quand même comment le RTC va pouvoir incorporer ces autobus au réseau d’autobus régulier. Je vais surement pas payer 2.50$ pour trajet dans un bus qui consomme 3.25$ la journée. Un nouveau type de billet d’autobus? Un réseau de transport en commun propre à la cité?
Signaler ce commentaire
12 août 2008 à 13 h 11
Et pourquoi pas Marc-Olivier? Ça permettrait d’investir ailleurs dans le réseau du RTC.
J’espère juste que ça va réveiller les gens au RTC pour qu’ils transforment quelques trajets en trolley.
Signaler ce commentaire
12 août 2008 à 16 h 33
Le salaire du chauffeur, les coûts d’immobilisation, l’entretien, etc..
Signaler ce commentaire
12 août 2008 à 19 h 11
Plus d’autobus les soirs de festivités…. c’est un 2,50 drôlement bien investi…
Signaler ce commentaire
12 août 2008 à 19 h 29
(un autobus, c’est féminin dans la Vieille Capitale) Hey le comique Robitaille, sort de ta petite ville et cesse d’être condescendant…
Signaler ce commentaire
12 août 2008 à 23 h 38
@antoine : il a quand même raison! et il n’y a rien de condescendant, c’est normal d’être surpris que tant de gens fassent cette erreur!
Outre quelques voyages, j’ai toujours vécu à Québec et dans sa banlieue. Et ça doit bien faire depuis le temps où j’ai quité l’université que je m’efforce de dire « l’autobus » plutôt que « la bus » (je ne suis pas encore capable de dire « le bus », ça fait Parisien il me semble) et de dire « le 7 » plutôt que « la 7 » (quand je ne crois pas être en mesure de fournir l’effort nécessaire, je contourne avec « le parcours 7 » ou « l’autobus 7 » selon le cas).
J’ai déjà les oreilles qui frisent assez comme ça quand j’entend « une avion » ou « la grosse orteille », alors je vais au moins corriger l’erreur que j’ai traînée toutes ces années…
Signaler ce commentaire
13 août 2008 à 03 h 50
Il n’y avait rien là de condescendant. Je viens de Québec. J’habite Québec. J’ai dit «la bus» une bonne partie de ma vie. Et tant Sylvain Lelièvre que Marie Laberge relève, dans leurs oeuvres, que bus est féminin à Québec. Alors c’est quoi le problème, M. le franc tireur anonyme?
Signaler ce commentaire
13 août 2008 à 07 h 22
Moi, je suis un partisan de l’amélioration de notre belle langue française, même si ça fait « fif » ou trop intello, aux yeux et aux oreilles de certains!!
Bravo pour la qualité, la couleur et la sensibilité de tes textes qui révèlent bien ton amour pour ma ville, Antoine!
Signé: un lecteur occasionnel du Devoir et du Journal « du » Québec! ;-)
Signaler ce commentaire
13 août 2008 à 09 h 40
Je souhaites que les vieux murs soient équipés essentiellement d’Écolobus mais il faut un réseau qui l’alimente mieux que ce que j’ai constaté. Quant à moi, je n’ai jamais pu les emprunter car ils étaient bondés.
Le circuyit de l’écolobus passe à la gare intermodale. Intermodale, ca veut dire quoi ???
C’est un train de banlieu qui peut s’interconnecter avec le réseau de minibus. C’est aussi des circuits d’autobus convergents vers la gare. Non seulement le réseau des autobus Voyageur qui viennent de partout en province mais aussi le RTC. La diminution du flot de véhicule au centre-ville passe par un réseau efficace et coordonné. C’est seulement comme ca que les autois se gareront pas avant même si des hurluberlus veulent diminuer les nvoies de coirculation sur le pont de Québec, ils vont s’attirer les foudres des automobilistes prius dans les embouteillages encore plus mondtre. Vous savez quand une auto marche au ralenti…
Comme je l’ai toujours dit on improvise et on se ramasse avec des demi mesures. En voulant plaire à tous on manque le bateau. Quantd verra t’on quelqu’un qui aura des solutions ordonnées et visionnaires.
Le vieux quartier est devenu une trappe à touristes et le foyer d’étrangers qui achètent et transforment les édifices centennaires en condos à louer pour les visiteurs pour contourner le réseau d’hôtellerie qui payent de lourdes taxes.
Je ne parle pas du tramway qui n’a pas sa place dans les vieux murs. D’ailleurs les projets sur la table arrêtent à la colline parlementaire et ne pénètre pas les vieux murs et pour cause. C’est le caractère vieillot qui attire pas un rutilant tramway tout neuf…
Signaler ce commentaire
13 août 2008 à 10 h 13
Bien dit Fernand. Mais ca prend quand même des places de parking.
Le parking de l’espace 400 en lien avec la navette 400ème est un bon exemple de cela. Que des commentaires positifs.
Signaler ce commentaire
13 août 2008 à 15 h 02
@Fernand
Bien dit. Ils auraient du appeler la gare du palais « multimodale » plutôt que « intermodale » car même si Orleans Express y côtoit VIA Rail, je ne crois pas qu’il y ait grand monde qui y trainsitent du bus au train. Si jamais on a le TGV elle deviendra peut-être vraiment intermodale…
Cà, c’est à l’échelle interurbaine, mais à l’échelle urbaine c’est une autre histoire. Ca fait longtemps que j’ai arrêté de rêver à des trains de banlieue pour Québec. Le bug c’est que la gare du palais n’est pas du tout à l’endroit ou se dirigent les travailleurs, elle est à la basse ville alors que le monde travaillent majoritairement à la haute ville. Pas moyen d’y faire monter un lourd train conventionnel (train de banlieue). Des trains légers (métro, tramway) peuvent se farcir la côte, mais ils sont incompatibles avec les autres trains (CN/VIA). Reste donc l’option d’un transfert train+bus, train+tramway ou train+métro, mais ca prendreait quelquechose d’extrèmement efficace pour compenser la perte de temps reliée au transfert. Il n’y a que l’option « train+metro » qui serait peut-être assez efficace cette pour compenser le temps de transferts, les autres options sont moins efficaces qu’un autobus direct.
De plus l’autre problème, pour justifier un train de banlieue ca prend énormément de voyageurs. En bas de 200 ou 300 voyageurs par train, pensez-y même pas. Québec est loin d’être assez populeuse pour ca.
Signaler ce commentaire
13 août 2008 à 18 h 49
Il n’y avait rien là de condescendant. Je viens de Québec. J’habite Québec. J’ai dit «la bus» une bonne partie de ma vie. Et tant Sylvain Lelièvre que Marie Laberge relèvent, dans leurs oeuvres, que bus est féminin à Québec. Alors c’est quoi le problème, M. le franc tireur anonyme?
Signaler ce commentaire
14 août 2008 à 11 h 07
« Le bug c’est que la gare du palais n’est pas du tout à l’endroit ou se dirigent les travailleurs, elle est à la basse ville alors que le monde travaillent majoritairement à la haute ville. »
Oui, et non!
La gare est quand même située à la porte du nouveau quartier branché, St-Roch. Il y a quelques édifice à bureaux à proximité. Il y a également possibilité de construire en hauteur au-dessus de l’échangeur de train (à côté du Moulin à Images). Effectivement, pour l’instant la plupart des gens ne travail pas exactement dans le secteur mais ça pourrait changer avec une bonne gestion du territoire.
Signaler ce commentaire