Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Arrondissement où l’on dénombre le moins d’arbres dans la capitale, La Cité-Limoilou fait l’objet d’une attention particulière du service de la foresterie urbaine. Mais les spécialistes ne peuvent pas inventer des lieux de plantation à l’infini là où le pavage et les constructions occupent l’espace. Il y aura néanmoins des ajouts d’arbres cet été. Découvrez combien.
«En 2021, le calendrier de plantation prévoit que 790 arbres seront plantés dans l’arrondissement La Cité-Limoilou, soit 204 au printemps et 586 à l’automne», dénombre le chef d’équipe aux communications, David O’Brien. «La quantité est semblable à 2020 où 788 arbres ont été plantés au total dans cet arrondissement.»
«Le gros de l’exercice se fait à l’automne», observe-t-il.
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UN SEUL POUR LE VIEUX-QUÉBEC ET LA COLLINE
Tous les quartiers centraux ne recevront pas une part égale. Loin de là. Sur le grand territoire couvert par le quartier du Cap-Blanc, le Vieux-Québec et la colline Parlementaire, un seul arbre sera ajouté. Ce sera 180 dans Montcalm.
Plantations projetées – Arrondissement de La Cité-Limoilou
Quartier Année 2021
Lairet 163
Maizerets 123
Montcalm 180
Saint-Jean-Baptiste 12
Saint-Roch 84
Saint-Sacrement 98
Saint-Sauveur 42
Vieux-Limoilou 112
Vieux-Québec/Cap-Blanc/Colline Parlementaire 1
Total général 2021 pour l’Arr. LCL 790
«Il est important de mentionner que plusieurs de ces quartiers centraux ont une capacité d’espace de plantation “libre” (sans déminéralisation) très faible», fait valoir David O’Brien. «L’ajout d’arbres dans ces quartiers passe donc par une série d’interventions et non par un simple ajout d’une plantation.»
Au centre-ville, il faut souvent enlever de l’asphalte, retirer des espaces de stationnement et rétrécir les rues. Il arrive même que l’on choisisse d’éliminer des bâtiments pour libérer le sol, expliquait au Soleil l’ingénieur forestier de la Ville Ghislain Breton dans un dossier sur l’état de santé de la forêt de Québec à lire ou relire ici. L’accroissement de la canopée requiert donc beaucoup de ressources pour de petites avancées.
Par exemple, dans Saint-Sauveur, un bout de la rue Bouffard a disparu l’automne dernier, au coin de la rue de l’Aqueduc. Un petit aménagement paysager est apparu en lieu et place; des arbres devraient y être installés ce printemps.
Le nombre d’arbres ajoutés dans un quartier varie également en fonction du nombre de frênes coupés l’année d’avant parce qu’ils étaient jugés trop infestés.
«Dans le cadre de sa lutte à l’agrile du frêne, la Ville a toujours comme objectif de remplacer l’ensemble des arbres qui sont abattus, lorsque possible», indique David O’Brien. «Comme le retrait de frênes est souvent concentré et localisé en fonction des niveaux d’infestation, les abattages réalisés l’année précédente peuvent aussi avoir un effet important sur les chiffres de plantation de l’année suivante.»
«Cela explique que, par exemple, pour le secteur Vieux-Québec/Cap-Blanc/Colline Parlementaire, il y a eu une vague de plantations en 2019, avec 269 réalisées, en quasi-totalité des remplacements de frêne abattus, et que pour 2021, l’espace de plantation public disponible étant totalement utilisé, une seule se fera.»
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PEUT-ÊTRE PLUS QUE PRÉVU
«Les quantités [d’arbres plantés dans] certains quartiers pourraient cependant encore augmenter en 2021 en raison des ajouts budgétaires annoncés à l’automne», note David O’Brien. «En effet, 1000 arbres supplémentaires ont été ajoutés à la planification annuelle.»
Leurs emplacements futurs n’ont pas encore été identifiés, par contre. Mais ils seront distribués sur l’ensemble du territoire de la capitale et sont destinés à «des sites déjà disponibles», où il y a déjà de l’espace pour recevoir les végétaux.
M. O’Brien souligne, en outre, que les données transmises pour La Cité-Limoilou ne concernent que les travaux réalisés par la Ville elle-même. Des programmes d’aide permettent à différents organismes d’effectuer des plantations, dit-il. En plus, des citoyens recevront cette année 3000 arbres gratuitement à l’occasion des deux journées de distribution. La première a eu lieu le 8 mai. «Une deuxième aura lieu le samedi 11 septembre. Les citoyens peuvent trouver la liste des différents sites de distribution sur le site Web de la Ville au ville.quebec.qc.ca/plantation.»
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OBJECTIF 15 % AU CENTRE-VILLE
L’espace étant limité dans les quartiers centraux, la Ville espère réussir à y atteindre une canopée de 15 %, ce qui signifie que le feuillage des arbres couvrirait 15 % d’une carte vue du ciel. En périphérie de la capitale, l’administration municipale vise plutôt 50 % de canopée.
Selon les données les plus récentes, la canopée est d’environ 17 % en moyenne dans l’arrondissement de La Cité-Limoilou, mais de 10 % dans le quartier Saint-Jean-Baptiste, 12 % dans Saint-Roch et de 13 % dans le Vieux-Limoilou ainsi que Saint-Sauveur.
Dans l’ensemble de la Ville, l’administration vise une canopée moyenne de 35 % d’ici 2025, soit 3 % de plus qu’en 2015. Un objectif qu’il sera très difficile à atteindre, voire impossible, notamment parce que l’agrile du frêne décime la forêt municipale.
Aussi parce que le tiers, peut-être la moitié, des arbres plantés par les villes comme Québec meurent avant d’atteindre leur 15e anniversaire.
La mairie a néanmoins accru ses efforts. «La Ville a annoncé l’automne dernier des investissements supplémentaires de 30 millions $ sur 7 ans afin de pouvoir atteindre un objectif de 100 000 arbres plantés d’ici 2027», rappelle David O’Brien.
Également, l’administration versera 2 millions sur 3 ans à l’Université Laval pour la création d’une Chaire de recherche sur l’arbre et son milieu. «Cette Chaire a pour mandat de développer des connaissances et concevoir de nouvelles méthodes et outils de conservation et d’intégration de l’arbre en milieu urbain.»
La Ville a finalement acheté la pépinière Moraldo, installée depuis plus de 60 ans à l’extrémité ouest du chemin Saint-Louis, pour 2,4 millions $. On y fera de l’expérimentation et de la vulgarisation.