Marie Gagnon
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Avec l’inauguration récente du théâtre Le Diamant et la réhabilitation du Grand Théâtre, la ville de Québec se positionne aujourd’hui comme une capitale culturelle et une destination incontournable dans l’univers du spectacle québécois. Mais avant que le rideau ne se lève sur ces scènes emblématiques, il aura d’abord fallu déployer des trésors d’ingéniosité pour en faire des lieux de diffusion inspirés et inspirants.
À commencer par Le Diamant, où le concept architectural imaginé par le consortium Coarchitecture, Atelier in situ et Jacques Plante architecte s’inspire de la mémoire du lieu tout en rendant hommage à l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy, à qui l’on doit l’ancien YMCA, dont la façade a été conservée. Jouant avec la théâtralité, la lumière et la transparence, les concepteurs ont en outre coiffé l’édifice de 8 000 mètres carrés d’un atrium de verre dont la forme biscornue évoque celle d’un diamant.
Le projet, qui a nécessité un investissement de 57 millions de dollars, comportait plusieurs enjeux. En plus de conserver certains éléments patrimoniaux, les concepteurs devaient superposer deux salles, soit une salle de diffusion de 650 places et une salle de création, toutes deux pouvant être utilisées simultanément. Et, par conséquent, ne devant pas se gêner mutuellement.
Coup de théâtre
« Même si on avait voulu tout conserver de l’ancien YMCA, ç’aurait été impossible puisque les théâtres sont des établissements classés A-1 selon le Code, mentionne d’entrée de jeu Marie-Chantal Croft, architecte principale pour Coarchitecture. On ne pouvait donc pas conserver la structure de bois mais, en référence au passé, on a mis en valeur au premier étage les arches de bois qui encadraient auparavant les fenêtres de l’édifice, qui a entièrement été démoli. »
La vocation particulière du théâtre Le Diamant a nécessité des prouesses techniques et architecturales.
À l’exception toutefois de la façade d’origine, qui a été étayée avant la démolition puis consolidée au moyen d’une croute de béton coulé de 40 centimètres. Pour faire disparaitre les outrages du temps, certaines pierres trop abimées ont été remplacées, les autres ayant retrouvé leur air de jeunesse grâce à un nettoyage en règle.
La toiture, qui avait été recouverte de bardeaux d’asphalte à une certaine époque, a également repris son look d’origine avec des tuiles d’ardoise et des garnitures de cuivre étamé.
Voltige structurale
Mais les principaux défis découlaient de la vocation et de l’aménagement mêmes de l’édifice. Le volume de diffusion principal, qui partait du rez-de-chaussée et s’élevait jusqu’au quatrième niveau, devait être parfaitement insonorisé afin de ne pas interférer avec la salle de création, aménagée aux sixième et septième niveaux. « Compte tenu de la vocation du lieu, on a opté pour une structure de béton pour des raisons acoustiques, signale Pierre Laliberté, chargé de projet pour Tetra Tech. Si ce n’avait pas été un théâtre, on l’aurait fait tout en acier, un matériau plus facile à travailler. »
Pour les mêmes raisons, un étage tampon a été aménagé entre les deux salles. Cet étage joue par ailleurs un rôle structural dans l’aménagement de la salle de diffusion de 25 mètres sur 25 mètres, conçue sans colonne. « Les dalles des niveaux 4 et 5 sont jointes par des murs-poutres en béton pour ne former qu’une seule structure », précise l’ingénieur, qui ajoute que le projet comptait trois grilles techniques, soit les équipements de levage, d’éclairage et de sonorisation, retenues aux fermes d’acier de la toiture au moyen d’un jeu de suspensions, tout comme les dalles des deux derniers niveaux.
Rideau de verre
La réhabilitation de l’enveloppe du Grand Théâtre a donné lieu à une solution encore plus spectaculaire. Et pour cause : le bâtiment construit à la fin des années 1960, qui abrite la Maison du Trident, l’Opéra et l’Orchestre symphonique de Québec, a été entièrement revêtu d’un écrin de verre afin de stopper la dégradation des panneaux de béton préfabriqué qui composent ses murs extérieurs.
« Le problème a commencé à se manifester sur les têtes des colonnes de béton préfabriqué qui ceinturent le bâtiment avant de se propager à l’ensemble de l’enveloppe, relate Albani Boudreau, chef du service de l’immeuble. Des morceaux de béton, parfois de la taille d’une rondelle de hockey, s’en détachaient et menaçaient les passants. On a d’abord embauché des cordistes qui, au moyen de leurs piolets, faisaient tomber les morceaux sur le point de se détacher. »
Mais la dégradation, loin de s’arrêter, prend de l’ampleur. Des sondages ont mis en évidence la présence de condensation et de glace dans les murs ainsi qu’une isolation quasi inexistante. « Les études thermographiques ont montré que les murs étaient de vraies passoires », souligne le gestionnaire. Il faut donc agir, et vite, car la corrosion attaque les ancrages de métal qui retiennent les panneaux de béton. Mais comment ?
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