Sébastien Tanguay
Radio-Canada
Il y a un siècle, la grippe espagnole frappait le monde, laissant des séquelles sur le visage de Québec qui sont encore visibles aujourd’hui. La crise sanitaire aura mis au monde trois hôpitaux, généré la première prise de conscience de la misère ouvrière et confirmé l’adoption de la « american way of life », avec l’essor des premières banlieues de la capitale. Discussion avec l’historien Réjean Lemoine.
Deux catastrophes affligent la planète à l’automne 1918 : la Première Guerre mondiale qui achève et le début de la deuxième vague de grippe espagnole.
À l’époque, le réseau de la santé n’existe tout simplement pas à Québec. Les communautés religieuses dirigent quelques hôpitaux civiques, mais ceux-ci font davantage office d’oeuvre de charité : ce sont, bien souvent, les plus démunis qui s’y rendent.
« On compte déjà de vieilles institutions qui remontent au régime français, comme l’Hôpital général ou l’Hôtel-Dieu, souligne l’historien Réjean Lemoine, mais ils sont davantage consacrés aux pauvres. »
Les mieux nantis restent à la maison lorsqu’ils tombent malades. Ce sont les médecins et les infirmières qui se rendent à leur chevet, et non l’inverse.
Tout changera après les ravages de l’épidémie de grippe espagnole, qui fauche 500 vies parmi les 110 000 résidents que compte la capitale en 1918.
« Il s’agit de la dernière épidémie où les gens meurent à la maison. Avec la grippe espagnole, les autorités prennent conscience de la nécessité de développer un réseau hospitalier à Québec ». Réjean Lemoine, historien
Le personnel soignant qui va d’une habitation à l’autre et propage malgré eux la maladie, la présence de patients infectés dans des maisons qui deviennent vite des foyers d’infection, la vétusté des installations sanitaires, vites débordées par l’afflux de malades : pour les autorités publiques, la grippe espagnole révèle les carences des soins de santé offerts à la population de l’époque.
Le journal de Jacques-Ferdinand Verret, boulanger et apiculteur, met en lumière les ravages provoqués par la grippe espagnole au sein des familles de l’époque.
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Au plus fort de l’épidémie, à l’automne 1918, les autorités ferment la société, un peu comme ce fut le cas au printemps dernier en raison de la COVID-19. Théâtres et commerces se taisent. Même la puissante église doit interrompre ses messes et taire les cloches qui sonnent les deuils.
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