Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Archives pour la catégorie « Histoire »

Le Bistro 1640

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 22 mai 2011 1 commentaire

Une chronique historique n’attend pas l’autre. Cette fois, découvrez les origines véritables de ce restaurant très connu à Québec. Bonne lecture à tous gracieuseté de M. Pierre Dubeau.

Le Restaurant Le Relais, sur la rue Sainte-Anne, a changé de nom pour le Bistro 1640 récemment.

Ce plan de 1640 de Pierre-Louis Morin serait peut-être à l’origine de ce changement de nom. Selon ce plan, en E, la maison des cent-Associés correspond à l’emplacement exact du restaurant Bistro 1640. Cependant, ce plan est fortement contesté car on n’a jamais trouvé l’original soi-disant de Jean Bourdon. Pour plus de détails, voir cette page.

On a peu d’information sur la localisation de la maison des cent-Associés. On présume qu’elle occupait le site du Sénéchaussée, construite par le Gouverneur Lauzon vers 1651.

Plan de Bourdon de 1660 (détail). En pointillé, anciennement, la terre du Gouverneur d’Ailleboust.

De fait, Il s’agit plutôt de la maison de Jean Jobin construite sur son terrain acquis de Louis d’Ailleboust en date de juin 1658. Cette bâtisse est bien présente sur le véritable plan de Jean Boudon de 1660.

Extrait de cet acte :

« Une place sise en cette ville de Québec contenant demi arpent de terre ou environ faisant moitié d’un arpent de terre au dit sieur bailleur appartenant, joignant d’un côté à la rue qui passe entre l’église paroissiale et la dite terre, d’autre côté à Jacques Boisselle en partie et à Louis Côté, d’un bout à une rue qui passe entre le Fort des Sauvages et la ditte terre, et d’autre bout à la place Abraham Martin en partie et aux terres non concédés »

Près du fort des Hurons, c’est la cabane en écorce occupée par Martin Boutet, maître de chapelle. Nous savons ces précisions par l’apport de l’abbé Provost qui a analysé cette lettre de Mme D’Ailleboust à Mgr de Laval, datée de septembre 1661.

En 1947 Honorius Provost conclu :

« A part l’école de Martin Boutet, qu’y avait-il alors, en fait de constructions, sur la réserve de M. d’Ailleboust? Sa veuve nous parle du « sieur Jobin ». Il s’agit d’un nommé Jean Jobin, tailleur d’habits, à qui l’ancien gouverneur avait accordé en concession, le 30 juin 1658, rien moins que la moitié de sa réserve, un demi-arpent en superficie, détaché dans la direction nord-sud et le long de la rue du Trésor. Jean Jobin s’était tout de suite installé sur son emplacement… En fait, comme on le voit par la suite, il s’est bâti une maison sur là ou se trouve à peu près le restaurant Old Homestead, sur la rue Sainte-Anne. »

Conclusion.

Pour respecter les sources historiques, le restaurant aurait eu avantage à être nommé Bistro Jobin.

Sources documentaires :

Provost, Honorius, « La réserve de M. d’Ailleboust à Québec », Bulletin des recherches historiques, Lévis, 1947, vol. 53, no.6, pp. 178-187

Plan de Pierre-Louis Morin (1811-1886) aux archives de la Ville de Montréal.
Déposé dans un premier temps à la Bibliothèque de la Ville de Montréal le 3 décembre 1881.
Cote de rangement: BM5,S3, D39, Inv. 1909, Cartable 71 no. 172-01-12

Plan de Jean Bourdon de 1660. Archives nationales d’outre-mer (ANOM). Dépôt des Fortifications des Colonies, Amérique septentrionale, no. 341.

Greffre de Pauvret, Bail à rente à Jean Jobin, 30 juin 1658.

Voir aussi : Histoire, Les commerces de ma ville, Message d'intérêt public.

Ile Saint-Laurent: son origine

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 21 mai 2011 1 commentaire

Nous poursuivons nos chroniques historiques grâce à la collaboration de M. Pierre Dubeau. Un grand merci.

JUCHEREAU DE SAINT-DENIS, CHARLOTTE-FRANÇOISE, dite comtesse de Saint-Laurent, fille de Nicolas Juchereau* de Saint-Denis et de Marie-Thérèse Giffard, baptisée à Québec le 4 février 1660, décédée au même endroit le 28 décembre 1732, inhumée le 30.

Le 27 février 1702, avec l’autorisation du roi, elle se porta acquéreur, pour la somme de 41 333ª, cours de France, de l’île d’Orléans, vendue par Mgr de Laval en 1675 à François Berthelot, secrétaire du roi ; celui-ci avait obtenu lors de son anoblissement que l’île fût érigée en comté, dit de Saint-Laurent. Charlotte-Françoise Juchereau, devenue propriétaire de l’île, prit le titre de comtesse qu’elle conserva après son mariage avec La Forest [Dauphin] ; elle fit porter le titre de comte à son fils aîné, né Pachot. Cependant, n’ayant pu satisfaire à ses obligations envers Berthelot, elle dut entreprendre de longues procédures, tant au Canada qu’en France, où elle fit plusieurs voyages, et se révéla une plaideuse acharnée. Sa longue lutte devant les tribunaux dura de 1704 à 1713. Ayant épuisé sans succès les moyens judiciaires, elle cessa ses démarches sur l’ordre exprès du roi, qui l’obligea à rentrer au Canada. Cette affaire, dans laquelle Berthelot eut finalement gain de cause, contribua, semble-t-il, à la destitution de Ruette d’Auteuil, beau-frère de la comtesse, qui avait pris, contre Raudot, la défense de cette dernière.

De nombreux actes notariés passés entre 1698 et 1704 montrent que Charlotte-Françoise Juchereau fut une femme d’affaires active et entreprenante. Épouse séparée de biens de La Forest, en 1702, dûment autorisée à agir en son nom, elle continua d’effectuer des transactions de toutes sortes (ventes, achats, prêts, emprunts, fret de navires, contrats de construction), en son propre nom et par personnes interposées, pour des sommes parfois considérables, tout en veillant avec soin aux intérêts de ses enfants. Elle connut néanmoins des embarras d’argent : en 1704, pour rencontrer une obligation envers Pierre Le Moyne d’Iberville, elle dut vendre tous ses biens meubles contenus dans ses propriétés de l’île d’Orléans ; en 1705, elle vendait à René Lepage, seigneur de Rimouski, le fief de la rivière Métis, qu’elle avait hérité de son premier mari.

Le 17 décembre 1680, à Beauport, elle avait épousé François Viennay-Pachot*, seigneur et commerçant, veuf de Jeanne Avamy ; elle eut de lui 16 enfants. Le 11 novembre 1702, elle se remariait avec le capitaine Dauphin de La Forest.

Charlotte-Françoise se fit une renommée peu flatteuse : Pontchartrain [Phélypeaux] la considérait comme une « femme dangereuse », tandis que Raudot la qualifia de marchande « hautaine et capricieuse », qui se croyait tout permis comme comtesse. « On lui aurait peut-être pardonné sa vanité et l’usurpation de son titre de comtesse, ajoutait-il, si au moins elle avait payé son achat. »

Antonio Drolet
Source: Dictionnaire biographique du Canada en ligne, Antorio Drolet.

Charlevoix, Histoire de la N.-F., I : 465.— Jug. et délib., passim.— RAC, 1899 : 205s.— Tanguay, Dictionnaire, I : 328, 457.— P.-G. Roy, La famille Juchereau Duchesnay (Lévis, 1903), 135–138.— P.-B. Casgrain, Une autre maison Montcalm à Québec (1759), BRH, VIII (1902) : 329–340.— Ignotus [Thomas Chapais], Notes et souvenirs, La Presse (Montréal), 5 et 19 avril 1902.— É.-Z. Massicotte, Les Juchereau Duschesnay, BRH, XXXVIII (1932) : 409.— P.-G. Roy, La famille Viennay-Pachot, BRH, XXI (1915) : 336–342.

La carte de Robert de Villeneuve de 1685-86 (détail). Le toponyme Ile Saint-Laurens proviendrait du propriétaire de l’île, Mme Charlotte-Françoise Juchereau de Saint-Denis, comtesse de Saint-Laurent. Merci à Catherine Ferland pour la recherche documentaire.

Source de l’image

Voir aussi : Histoire.

Le réaménagement de la rivière Saint-Charles

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 20 mai 2011 3 commentaires

Cet article fait partie d’une série portant sur le premier plan d’urbanisme pour la Ville de Québec commandé par le maire Lucien Borne réalisé par Jacques Gréber, Edouard Fiset et Roland Bédard entre 1949 et 1956.

Ce texte est une contribution de Réjean Lemoine, historien, chroniqueur urbain à la radio et à la télévision et conseiller municipal du quartier Saint-Roch à la ville de Québec de 1989 à 1997.

Pollution de la rivière St-Charles

La rivière Saint-Charles et ses abords font l’objet d’une attention particulière des urbanistes Gréber-Fiset. Les auteurs du plan d’aménagement souhaitent transformer « ce cloaque charroyant déchets et débris exposant un sol fangeux et ampuanti (sic) en une rivière agréable attrayante et utile ». La rivière Saint-Charles sert d’égout à ciel ouvert depuis le milieu du XIXe siècle, tant pour les déchets industriels que par ceux produits par les humains.

Dans un premier temps, les urbanistes souhaitent que l’on arrête toute navigation sur la Saint-Charles en amont du pont Samson. En effet dans les années 1950, la Saint-Charles était navigable jusqu’au pont Scott. Il propose alors un aménagement différent pour la rive nord et la rive sud de la rivière. Ils proposent donc sur la rive nord, après avoir nettoyé le lit de la rivière, d’aménager une promenade « qui suivra la berge du pont Samson jusqu’à la Petite Rivière » aujourd’hui Duberger.

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Voir aussi : Environnement, Histoire, Parc, Voyage dans le temps.

Améliorations au réseau des rues proposées par Gréber & Fiset

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 19 mai 2011 8 commentaires

Cet article fait partie d’une série portant sur le premier plan d’urbanisme pour la Ville de Québec commandé par le maire Lucien Borne réalisé par Jacques Gréber, Edouard Fiset et Roland Bédard entre 1949 et 1956.

Pour faire suite aux recommandations d’améliorations routières, le rapport Gréber propose une section spécifique pour le réseau des rues de la Cité de Québec.

Classification des rues

On recommande de créer des rues de pénétration (ou de dégagement ou d’échange interurbain) qui se distingueront des artères commerciales (ex. : Charest, St-Vallier, etc.). Ces nouveaux boulevards et rues se connecteront aux routes nationales et permettent une vitesse plus grande. On doit limiter le nombre d’accès aux propriétés qui les bordent. La Ville doit aussi respecter leur vocation au fur et à mesure que la Ville s’urbanise. On spécifie qu’elles doivent avoir 3 voies dans chaque sens au minimum.

On décrit aussi la largeur des rues dans les parcs industriels. On cite en exemple celles du nouveau parc industriel St-Malo qui ont 80 pieds de large pour faciliter la circulation des camions lourds.

Rues piétonnières

Le rapport propose aussi que certaines rues trop étroites et trop commerciales deviennent piétonnières. On prend en exemple la rue St-Joseph dans St-Roch. Les façades des magasins se sont déplacées vers le boulevard Charest et l’enlèvement des rails du tramway a considérablement réduit l’achalandage sur cette rue. L’idée est restée, car elle s’est finalement réalisée légèrement différemment avec la construction d’un toit sur cette rue et le Mail Centre-Ville.

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Voir aussi : Histoire, Québec La cité, Voyage dans le temps.

Le réseau routier de la capitale imaginé par Gréber & Fiset

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 18 mai 2011 22 commentaires

Cet article fait partie d’une série portant sur le premier plan d’urbanisme pour la Ville de Québec commandé par le maire Lucien Borne réalisé par Jacques Gréber, Edouard Fiset et Roland Bédard entre 1949 et 1956.

Dans le dernier billet, nous avons exposé que la Ville de Québec dans les années 50 ne comprenait aucun grand axe routier. Seule la rue St-Vallier, la Grande-Allée/chemin St-Louis, le chemin Canardière et 1re avenue permettent de sortir de Québec.

Ce que Gréber appelle le réseau de routes est devenu très urbain de nos jours. Sachez, la Ville de Québec comprenait les quartiers Montcalm, le Vieux-Québec, St-Roch, St-Sauveur et Limoilou. Le reste c’était les voisins ou ce qu’on nommait le Québec métropolitain. On admirait de grands pâturages avant de se rendre à prochaine municipalité (Ste-Foy, Charlesbourg, Beauport, les Saules, Loretteville, etc.).

Dans le rapport Gréber déposé en 1956, on propose des solutions novatrices et visionnaires. La plupart ont été réalisées ou récupérées dans des plans successifs comme ceux de Talbot (1959) et Vandry (1968). On dessine un plan régional qui est inclus dans le rapport (excusez la qualité) :

Plan régional avec recommandations du rapport Gréber & Fiset

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Voir aussi : Histoire, Voyage dans le temps.

Planifier le développement de Québec

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 17 mai 2011 3 commentaires

Cet article fait partie d’une série portant sur le premier plan d’urbanisme pour la Ville de Québec commandé par le maire Lucien Borne réalisé par Jacques Gréber, Edouard Fiset et Roland Bédard entre 1949 et 1956.

Ce texte est une contribution de Réjean Lemoine, historien, chroniqueur urbain à la radio et à la télévision et conseiller municipal du quartier Saint-Roch à la ville de Québec de 1989 à 1997.

Le rapport des urbanistes Jacques Gréber et Édouard Fiset est rendu public à la fin du mois de mai 1956. Le journal L’Action catholique titre en page éditoriale « Les urbanistes ont foi en l’avenir de Québec ». Le journal se réjouit de constater que le plan directeur n’est pas rigide et qu’il peut se plier au changement. Son application va dépendre de la bonne volonté de la municipalité et de l’opinion publique. L’éditorialiste fait le constat de la pauvreté de la législation en matière d’urbanisme au Québec.

Avec le rapport Gréber-Fiset débute le règne des spécialistes à Québec au détriment de l’expertise des citoyens. Le journal L’Action Catholique souligne que ce rapport est : « une solution objective, basée sur des études conduites scientifiquement pendant plusieurs années par des hommes d’une compétence reconnue ». (suite…)

Voir aussi : Histoire, Patrimoine et lieux historiques, Voyage dans le temps.

Le tailleur John Darlington

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 16 mai 2011 4 commentaires

Une autre capsule historique gracieuseté de M. Pierre Dubeau.

Sur le mur du magasin John Darlington, on retrouve le support pour le chapeau, bien visible sur ce dessin de 1830 de
James Pattison Cockburn. La maison Darlington a été construite en 1775, un record de longévité pour ce commerce de la rue Buade.

Source de l’image: Cameron, Christina, Trudel, Jean. The drawings of James Cockburn : A visit through Quebec’s Past, Gale Publishing, 1976, p. 113

Voir aussi : Histoire.

Voyage dans le temps: Place Laurier 1971

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 16 mai 2011 13 commentaires

* Merci à un fidèle lecteur (Jean-Pierre Duval) pour cette photo de la construction du stationnement Sears, à Place Laurier (maintenant Laurier) en 1971. D’autres photos suivront dans un avenir rapproché.

Voir aussi : Arrondissement Ste-Foy / Sillery / Cap-Rouge, Commercial, Histoire, Voyage dans le temps.

Québec avant les boulevards et les autoroutes

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 16 mai 2011 30 commentaires

Cet article fait partie d’une série portant sur le premier plan d’urbanisme pour la Ville de Québec commandé par le maire Lucien Borne réalisé par Jacques Gréber, Edouard Fiset et Roland Bédard entre 1949 et 1956.

Intensité de la circulation à Québec en 1949

L’augmentation de la popularité de l’automobile au début du siècle a apporté bon nombre de problématiques à notre vieille ville mal adaptée à ces nouveaux et nombreux chars d’acier. En 1950, on dénombre 10 000 voitures dans la région métropolitaine de Québec. Ce nombre grimpe à 60 000 vers 1960. Les bouchons de circulation et les difficultés de se rendre à bon port font partie des préoccupations des citoyens de l’époque. En 1950, il n’existe aucun lien routier périphérique. Si un voyageur interurbain provient du Saguenay ou la côte de Beaupré, il doit emprunter les rues municipales pour se rendre au Pont de Québec. On rapporte de nombreux accidents puisque toute la circulation de transit devait emprunter les rues étroites de Québec. Ces mêmes rues étaient souvent des artères commerciales très achalandées. Dans le rapport Gréber, on explique qu’il n’existe aucun réseau logique et fonctionnel de voies de circulation dans la région.
(suite…)

Voir aussi : Histoire, Voyage dans le temps.