Une chronique historique n’attend pas l’autre. Cette fois, découvrez les origines véritables de ce restaurant très connu à Québec. Bonne lecture à tous gracieuseté de M. Pierre Dubeau.
Le Restaurant Le Relais, sur la rue Sainte-Anne, a changé de nom pour le Bistro 1640 récemment.
Ce plan de 1640 de Pierre-Louis Morin serait peut-être à l’origine de ce changement de nom. Selon ce plan, en E, la maison des cent-Associés correspond à l’emplacement exact du restaurant Bistro 1640. Cependant, ce plan est fortement contesté car on n’a jamais trouvé l’original soi-disant de Jean Bourdon. Pour plus de détails, voir cette page.
On a peu d’information sur la localisation de la maison des cent-Associés. On présume qu’elle occupait le site du Sénéchaussée, construite par le Gouverneur Lauzon vers 1651.
Plan de Bourdon de 1660 (détail). En pointillé, anciennement, la terre du Gouverneur d’Ailleboust.
De fait, Il s’agit plutôt de la maison de Jean Jobin construite sur son terrain acquis de Louis d’Ailleboust en date de juin 1658. Cette bâtisse est bien présente sur le véritable plan de Jean Boudon de 1660.
Extrait de cet acte :
« Une place sise en cette ville de Québec contenant demi arpent de terre ou environ faisant moitié d’un arpent de terre au dit sieur bailleur appartenant, joignant d’un côté à la rue qui passe entre l’église paroissiale et la dite terre, d’autre côté à Jacques Boisselle en partie et à Louis Côté, d’un bout à une rue qui passe entre le Fort des Sauvages et la ditte terre, et d’autre bout à la place Abraham Martin en partie et aux terres non concédés »
Près du fort des Hurons, c’est la cabane en écorce occupée par Martin Boutet, maître de chapelle. Nous savons ces précisions par l’apport de l’abbé Provost qui a analysé cette lettre de Mme D’Ailleboust à Mgr de Laval, datée de septembre 1661.
En 1947 Honorius Provost conclu :
« A part l’école de Martin Boutet, qu’y avait-il alors, en fait de constructions, sur la réserve de M. d’Ailleboust? Sa veuve nous parle du « sieur Jobin ». Il s’agit d’un nommé Jean Jobin, tailleur d’habits, à qui l’ancien gouverneur avait accordé en concession, le 30 juin 1658, rien moins que la moitié de sa réserve, un demi-arpent en superficie, détaché dans la direction nord-sud et le long de la rue du Trésor. Jean Jobin s’était tout de suite installé sur son emplacement… En fait, comme on le voit par la suite, il s’est bâti une maison sur là ou se trouve à peu près le restaurant Old Homestead, sur la rue Sainte-Anne. »
Conclusion.
Pour respecter les sources historiques, le restaurant aurait eu avantage à être nommé Bistro Jobin.
Sources documentaires :
Provost, Honorius, « La réserve de M. d’Ailleboust à Québec », Bulletin des recherches historiques, Lévis, 1947, vol. 53, no.6, pp. 178-187
Plan de Pierre-Louis Morin (1811-1886) aux archives de la Ville de Montréal.
Déposé dans un premier temps à la Bibliothèque de la Ville de Montréal le 3 décembre 1881.
Cote de rangement: BM5,S3, D39, Inv. 1909, Cartable 71 no. 172-01-12
Plan de Jean Bourdon de 1660. Archives nationales d’outre-mer (ANOM). Dépôt des Fortifications des Colonies, Amérique septentrionale, no. 341.
Greffre de Pauvret, Bail à rente à Jean Jobin, 30 juin 1658.