Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Archives pour la catégorie « Histoire »

Un mystérieux coffre

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 14 janvier 2011 7 commentaires

Source : Dominique Hardy, Journal de Québec, le 14 janvier 2010

Des employés s’affairant aux travaux de restauration de la porte Kent, sur la rue Dauphine, intégrée aux murs et fortifications entourant une partie de la ville de Québec, ont fait une découverte étonnante, a appris Le Journal. Ils y ont trouvé un coffre.

Celui-ci est toutefois en très mauvais état. Les intempéries seraient venues à bout de son étanchéité. Parcs Canada, responsable des fortifications, ne peut pas s’avancer sur son contenu. On procédera à des expertises au cours des prochaines semaines.

La porte Kent a été construite vers 1878. Elle fut nommée en souvenir du duc de Kent, père de la reine Victoria, et celle-ci contribua financièrement à sa construction.

l’article

Le « trésor » de la statue de Champlain enfin dévoilé.

Qu’y retrouvera-t-on ?

Voir aussi : Arrondissement La Cité - Vieux-Québec, Histoire, Patrimoine et lieux historiques, Québec La cité.

Le fort des Hurons-Wendat près du fort Saint-Louis à Québec.

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 19 décembre 2010 17 commentaires

Encore un grand merci à M. Pierre Dubeau pour cet épisode historique.

Le fort des Hurons est présent sur ce plan de Jean Bourdon de 1660 et celui de 1663, ci-dessus. Originaires des grands lacs, les hurons occupent entre 1656 et 1668, un emplacement à la haute ville. Voici l’histoire de cette longue et pénible migration.

Partenaires commerciaux privilégiés des français, les hurons-wendat (20,000 entre 1634 et 1650) sont les principaux fournisseurs de fourrures. Les deux parties ont également une alliance militaire contre les iroquois, leurs ennemis héréditaires. Afin de s’emparer de leur fleurissant commerce, les iroquois anéantissent les villages hurons et les missions jésuites au cours de la décennie 1640. Ainsi entre 1648 à 1653, devant cette guerre sans merci avec les iroquois, jumelée aux nombreuses épidémies, nous assistons à la destruction systématique de la Huronnie. Les quelques 600 survivants ont fui la mission Sainte-Marie et sont accueillis d’abord à la mission des Jésuites de Sillery (1650-1651) puis, au sud-ouest de l’île d’Orléans (1651-1656). Le 19 mars 1651, les Pères Jésuites louaient d’Eléonore de Grandmaison, une partie de sa seigneurie de l’île d’Orléans (1).

Ne se sentant pas encore assez en sécurité, ils se sont installés à Québec le 4 juillet 1656, sous la conduite des Jésuites et la protection des canons du fort Saint-Louis. Ce fort était constitué d’une palissade de pieux et avait comme dimension, 150 pieds par 200 pieds. En 1665, la population du fort s’établissait à 85 personnes. Le plan de Jean Bourdon de 1663 indique bien la présence du fort des Hurons-Wendat entre l’église paroissiale et le fort Saint-Louis.

En avril 1668, ils quittent définitivement la haute ville pour se réfugier à Beauport (1668-1669). Le fort est encore mentionné dans le Papier terrier de la Compagnie des Indes Occidentales en 1668 année probable de sa destruction. Par la suite, les hurons s’installent à la Mission Notre-Dame de Foy (1669 -28 décembre 1673), sur la côte Saint-Michel, site actuel de l’Université Laval. C’est là qu’une chapelle fût construite sous le vocable de Notre-Dame-de-Foy. La population s’élevait alors à 210 personnes. Ensuite ils furent relocalisés au village de l’Ancienne-Lorette (1673-1697) et finalement ils s’installèrent à la Jeune-Lorette, aujourd’hui Wendake, de 1697 à nos jours. (2)

(1) Roy, Pierre-Georges et al. L’île d’Orléans, Québec, Commission des monuments historiques, 1928, p. 30

(2) Québec, Commission de toponymie du Québec. La toponymie des Hurons-Wendats, Dossier toponymique no. 28, Québec, 55 p.

Source de l’image: Plan de Québec en 1663 attribué à Jean Bourdon.

Dumas, Silvio, La chapelle Champlain et Notre-Dame-de-Recouvrance, Québec, Société historique de Québec, cahier No. 10, 1958, planche 3 (extrait)Original

Voir aussi : Histoire.

Le parc Montmorency, haut lieu du pouvoir à Québec.

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 15 décembre 2010 6 commentaires

Un grand merci à M. Pierre Dubeau qui nous fournit des ressources pertinentes pour le blog de Québec Urbain.

Gravure de James P. Cockburn, illustrant la côte de la montagne et le palais épiscopal à droite.

« Avec la proclamation de l’Acte constitutionnel de 1791, Québec devient la capitale politique du Bas-Canada, mais sans édifice parlementaire. Le palais épiscopal s’avérant être l’édifice le plus approprié, c’est dans sa chapelle que la première session de l’Assemblée législative siège, le 17 décembre 1792. »

Source:
Caron, Jean-François « Le parc Montmorency : un lieu de pouvoir, un lieu de mémoire » Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 93, 2008, p. 45-48

Texte intégral.

Voir aussi : Arrondissement La Cité - Haute-ville, Histoire.

La chapelle et le tombeau de Champlain: En deçà du mystère.

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 2 décembre 2010 3 commentaires

Je remercie M. Pierre Dubeau, du Comité Champlain 2008 de nous faire parvenir cet article sur le fondateur de notre belle cité.

Cette année, c’est le 375 ième anniversaire de la mort de Samuel Champlain. Malgré 150 ans de recherches, rappelons que la sépulture de l’un des fondateurs de Québec est toujours mystérieusement introuvable. Cependant, suite aux travaux de recherches de l’archéologue Carl Lavoie entre 1997 et 1999, ce dernier remet en question sérieusement ce soi-disant mystère. Le présent exposé a donc pour but de présenter certaines embuches rencontrées lors de cette quête et de situer l’emplacement probable de la chapelle Champlain suite à l’analyse de l’archéologue Carl Lavoie. C’est donc en s’inspirant largement de cette étude que je présente un résumé de l’état de la situation sur le sujet.

Les sources historiques.

Bref, rappel pour dire que le 25 décembre 1635, Champlain meurt et il est enterré dans l’église paroissiale Notre-Dame de Recouvrance. A l’été 1636 le gouverneur Charles-Huault de Montmagny érige une chapelle particulière pour ensevelir la dépouille de Champlain. En juin 1640, cette chapelle est la proie des flammes ainsi que la résidence des Jésuites et l’église Notre-Dame-de-Recouvrance. Seule est reconstruite la chapelle Champlain qui accueillera François Derré de Gand en mai 1641 et le père Charles Raimbault, en octobre 1642.

Les sources historiques qui mentionnent la présence de la Chapelle Champlain sont peu nombreuses, trop peu nombreuses, on n’en compte que deux. C’est la concession du Gouverneur d’Ailleboust et la concession de Mathieu Huboust Sieur desLongchamps. A cela, on peut ajouter le plan de Jean Bourdon de 1660, seul plan qui exprime adéquatement la situation géographique entre 1640 et 1661.

On mentionne l’existence de la chapelle Champlain dans la concession du Gouverneur d’Ailleboust en date du 10 février 1649. Ce terrain, appelé réserve d’Ailleboust est situé à la haute ville correspond approximativement au quadrilatère des rues du Fort, Sainte-Anne, du trésor et de la rue Buade actuelle. La chapelle est située près de cette concession du coté nord-est.

En 1661, la fabrique de la censive Notre-Dame de Québec, concède à l’un des ses marguillers, un lot ayant 45 pieds sur 90 pied au nord-est de la réserve d’Ailleboust. Dans cet acte on mentionne que la chapelle est située de front, du coté est.

Finalement, on peut retrouver trace de la réserve d’Ailleboust sur le plan de 1660 de Jean Bourdon. Ce plan confirme le texte de 1649 par la présence d’une orientation sud sud-est qu’avait la rue du fort à cette époque.


Une quête très émotive et remplie d’embûches.

Le personnage de Champlain représente un acteur important dans la construction identitaire de la société québécoise. Mathieu d’Avignon a constaté que les historiens du 19e siècle ont bien décrit l’œuvre de Champlain, certains même avec un peu trop de zèle. Ainsi, il n’est pas étonnant que les recherches archéologiques pour retrouver sa sépulture, aient suscité et continue de susciter autant d’intérêts. Les aspects symboliques de cette quête  font l’objet d’une étude par l’ethnologue Sylvie Sagnes, membre du Comité Champlain 2008.
En 1988, le géographe René Lévesque a stimulé les émotions patrimoniales du grand public et des médias, bien que sa démarche ne fût pas reconnue par les milieux archéologiques et scientifiques. Paradoxalement, les recherches prometteuses et plus rationnelles de Georges Gauthier-Larouche (1988) et Carl Lavoie (1999) sont inconnues du grand public. Bref, les enjeux identitaires et la science se confrontent dans le présent dossier, et cela malheureusement, au détriment de cette dernière. L’étude commandée par la Ville de Québec et dirigée par Mme Françoise Niellon, constate cette dialectique et l’exprime en ces termes : « … Il s’agissait plutôt de conceptions différentes de l’archéologie qui se manifestaient : l’immortalité d’un évènement pour les uns et l’absence de contenu scientifique pour les autres. » Et un peu plus loin « Toute couverture médiatique devenait nationale. Le contenu scientifique du projet était moins important dans l’esprit des médias que l’aspect spectaculaire de la découverte. »

En tenant compte de ces enjeux identitaires, signalons que certaines recherches entourant la localisation de la chapelle Champlain ont provoqué des émotions patrimoniales tant chez certains chercheurs que dans le grand public. Ainsi les chercheurs Pierre-Louis Morin et Silvio Dumas ont imaginé respectivement un univers cartographique et archéologique, ignorant parfois certains textes historiques connus. Ces hypothèses ont été par la suite confrontées sur le terrain, par les fouilles archéologiques hasardeuses de Sylvio Dumas d’une part, et la production du plan hypothétique de Pierre-Louis Morin d’autre part. C’est ce qui nous allons aborder maintenant.

Les fouilles de Sylvio Dumas entre 1951 et 1957.

La fouille de Sylvio Dumas n’a pas donné des résultats concluant. Dumas localise la chapelle Champlain dans l’ilot de la réserve d’Ailleboust bien que les textes mentionnent que la chapelle est bien à l’extérieur de la réserve. Il identifie toujours la petite bâtisse le long de la rue du Fort comme étant la chapelle Champlain. Déjà en 1947, l’abbé Provost avait déterminé que cette bâtisse n’était pas la chapelle Champlain mais une cabane en écorce occupée par Martin Boutet, pour l’enseignement du chant.
Malgré cet échec, ces fouilles n’ont pas été vaines car elles révélaient bien l’orientation de la rue du Fort du plan de Bourdon de 1660. Cette orientation sud sud-est est également compatible avec le texte de 1649 concernant la concession d’Ailleboust.


Les fouilles de René Levesque en 1988.

Les études de Thomas O’Leary faites en 1894 ont amené le chercheur René Levesque en 1988, à situer la chapelle Champlain à l’ouest de la rue du Trésor, sous la tour sud de la basilique. Il est étonnant qu’il ait persisté à valider l’hypothèse d’O’Leary malgré les commentaires contradictoires de l’historien Michel Gaumond sur ce sujet. En date du 14 mars 1986, en réponse à une lettre de René Levesque, il affirme :
« La thèse d’O’Leary me paraît très sérieuse et le seul point où je suis en désaccord avec lui réside dans le fait qu’il a pensé que le terrain concédé par la Fabrique Notre-Dame à Mathieu Huboust des Longchamps en 1661 dans laquelle concession est mentionnée la chapelle Champlain est celui sur lequel est aujourd’hui Holt Renfrew. Le bon terrain est en fait celui où est le magasin Darlington au coin de Buade et du Fort…. »

Le plan hypothétique de Pierre-Louis Morin.

Ce plan est découvert en 1976 dans la bibliothèque de la Ville de Montréal, par Madame Raymonde Gauthier. Celle-ci doute de l’authenticité de ce plan car elle ne figure pas dans l’inventaire des plans de Jean Bourdon. Curieusement, sur cette carte de 1640, figurent des bâtiments qui seront construits ultérieurement. D’autre part, d’après le père Lucien Campeau, il n’y a pas de preuve que l’église Notre-Dame-de-Recouvrance occupait l’emplacement de la basilique actuelle. Ceci l’amène à douter de l’authenticité de cette pièce ajoutée récemment au dossier. Autre interrogation, pourquoi ne trouvons nous pas cette même chapelle sur le plan de Bourdon de 1660 ? La chapelle Champlain existait toujours en 1661. Finalement, le rapport de Françoise Niellon commandé par la Ville de Québec en 1990, conclue que ce plan « doit être considéré comme une création de l’auteur, localisant des bâtiments à titre d’hypothèse ».

Ce plan de Pierre-Louis Morin fût totalement discrédité en 1992, lors des fouilles touchant la construction de la chapelle dédiée à Mgr de Laval sous le transept sud de la basilique Notre-Dame de Québec. On a bien trouvé le mur d’enceinte détruit en 1843, mais aucune trace de la chapelle Champlain. Ce plan a été complètement écarté du dossier.

Conclusion

Les sources historiques retenues par Carl Lavoie en 1999, l’amène donc à situer la chapelle Champlain au coin des rues de Buade et du Fort à Québec. Cette localisation rejoint finalement celles de Myrand (1898) et de Baby-Casgrain (1909), mais cette fois-ci avec beaucoup plus de précision grâce également, aux relevés d’arpentage de Paul Grimard et au plan précis de Jean Bourdon de 1660.

Vidéo sur la chapelle de Champlain

Pour en savoir plus :
Gauthier Larouche, Georges, Nouvelles précisions relatives au site de la chapelle Champlain, Québec, 1988, 21 p.
Lavoie, Carl, Georges Gauthier Larouche, La Chapelle Champlain  En deçà du mystère. Québec, 2000, 55 pages.
Lavoie, Carl,  Recherche multidisciplinaire sur la localisation du site de la chapelle Champlain à Québec, 1999, 58 p. avec la participation de Paul Grimard, Georges Larouche et Maurice K. Séguin. Publié pour le mouvement Francité
Rapport de Carl Lavoie (1999)
Site du Comité Champlain sur FaceBook

Voir aussi : Histoire, Québec La cité.

La maison historique Salaberry placardée par la boulangerie Multi-Marques

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 31 août 2010 34 commentaires

Cachée derrière la boulangerie Multi-Marques à Beauport sur l’avenue Royale se trouve une maison canadienne ancestrale bicentenaire à l’abandon. La maison des demoiselles de Salaberry aussi connue comme le manoir Juchereau-Duchesnay est située à même le terrain à vocation industrielle de cette usine. Elle est d’une architecture plus élaborée que la maison canadienne moyenne. Elle a un balcon couvert à l’étage supérieur et elle a une large porte d’entrée. Une très belle maison bourgeoise.

Cette maison avait été léguée aux filles du colonel Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry. Elle est située tout près de l’ancienne maison d’enfance de Salaberry, le Manoir Salaberry détruit aux alentours de 1960.

(suite…)

Voir aussi : Arrondissement Beauport, Clin d'oeil de mon quartier, Histoire, Patrimoine et lieux historiques.

Voyage dans le temps: Brasserie Boswell

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 25 août 2010 6 commentaires

Brasserie Boswell en 1921 par Livernois (Collection Musée McCord)

Cette brasserie fondée par John Boswlll en 1852 a été acquise par la Brasserie Dow en 1925. Elle fut construire sur le site des palais des intendants. Elle ferma en 1971 suite à des déboires importants concernant un supposé lien entre la consommation de la bière Dow et une cardiopathie mortelle.

Agrandir le plan

J’ai tombé sur ce petit vidéo amusant d’un ancien camion de livraison Chevrolet 1931 de la brasserie. Il fait le tour des bâtiments toujours existants qu’on voit sur la photo et plus loin dans le reste du Vieux-Québec.

Plus d’infos:

Voir aussi : Arrondissement La Cité - Vieux-Québec, Histoire, Industriel, Voyage dans le temps.

Le Morrin Center: un lieu historique à vocations multiples

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 15 août 2010 9 commentaires

Le Morrin Center a jadis été connu sous différentes appellations dû à ses diverses vocations depuis sa construction. On y a incarcéré les pires criminels à une époque, on y a dispensé des cours universitaires et la première société savante du Canada y a vu le jour. Nous l’avons visité pour vous et nous avons eu la chance d’avoir accès à des sections qui ne sont pas ouvertes au public.

La 1re prison commune de Québec

Aquarelle de la prison commune en 1830 par James Pattison Cockburn

C’est certainement la vocation la plus intrigante de cet établissement. La prison fut construite entre 1808 et 1814 sur les fondations de la Redoute Royale qui fut érigée en 1712. Cette prison fut la première au Canada qui mit en application des principes de réhabilitation au lieu de la détention pure et simple. Elle fut l’oeuvre de l’architecte François Baillargé et elle épousa le style néo-palladien fort apprécié par les Britanniques.

La section des cellules est divisée en 2 sections de 5 cellules. Un bloc servait pour la sécurité maximum. On accède aux blocs par d’étroits corridors pour éviter d’affronter 2 détenus à la fois lors d’une évasion. Les murs sont en pierre et les plafonds sont voûtés. Chaque cellule mesure environ 5′ par 7′. Chaque cellule pouvait se transformer en cellule d’isolement en y fixant une porte amovible.

Chaque bloc avait une pièce commune où on y installait un poêle à bois auquel une cheminée en métal longea horizontalement le plafond pour se rendre à l’extérieur.

Les planchers étaient faits en lattes de bois et recouverts de paille. Les planchers de bois sont toujours là d’ailleurs. Le bois est rendu très mou et effritable. De gros anneaux avaient été posés au sol pour attacher les prisonniers malades mentaux.

Il n’avait que des barreaux aux fenêtres de chaque bloc de détention. On devait placer de la paille dans l’embouchure de la fenêtre en hiver pour atténuer les pertes de chaleur et éviter de geler lors de nos rudes hivers.

Chaque cellule était prévue pour un seul prisonnier, mais les problèmes de surpopulation ont poussé la prison à incarcérer 4 détenus dans les minuscules cellules.
Morrin Centre prison Morrin Centre prison Morrin Centre prison

Un sous-sol lugubre

Accessible uniquement par une trappe au plancher, le sous-sol a un plafond d’une hauteur de 4 à 6 pieds seulement. On marche directement sur la terre. Nous avons eu des informations divergentes sur l’utilisation de cet espace. Notre guide nous a informé que des prisonniers handicapés mentaux ont été incarcéré là. Toutefois, l’historien et ancien directeur du Centre nous a fait savoir que le sous-sol a uniquement servi comme caveaux à légumes selon les fouilles archéologiques. Il y a très peu de lumière et l’endroit est suffocant.

Lorsque nous l’avons visité, il nous a donné la chair de poule. Sans avoir eu réellement peur, on se sentait dans un endroit bizarre. On était bien content de remonter les marches et de le quitter.

Les pendaisons publiques

Il y a eu 14 pendaisons publiques à cette prison. La potence était installée sur un balcon en métal fixé au dessus de la porte principale. On raconte qu’environ mille personnes venaient assister aux exécutions incluant des familles avec enfants. Selon notre guide, on exposait sur le trottoir pendant 2 jours pour que les gens le voient bien et surtout qu’ils le sentent. Cette information a été démentie par M. Donovan.

Plusieurs employés qui ont travaillé au Centre et à sa bibliothèque prétendent que le bâtiment est hanté par les esprits de ceux qui y ont perdu la vie.

La prison ferme ses portes en 1867 lorsque la seconde prison dans l’actuel Musée du Québec sur les Plaines d’Abraham fut ouverte.

Morrin College

Morrin College par Fred C. Würtele en mai 1902

Le docteur et maire de Québec, Joseph Morrin, fonda en 1862 le Morrin College affilié à l’Université McGill. On y enseigna les arts et la théologie presbytérienne. On confie à l’architecte Joseph-Ferdinand Peachy la modification de l’édifice pour accueillir le collège dans cet édifice en 1968. On préserve les 2 blocs de cellules, on retire le balcon et on aménage de grandes salles de cours.

En raison du faible nombre d’étudiants, le collège admettra des femmes en 1885 soit 20 ans avant l’Université Laval. La situation financière du collège le force à fermer ses portes au début du 20e siècle.

Morrin Centre College Hall
Le College Hall, là où les cours étaient donné

La Literary and Historical Society of Quebec

Cette société à but non lucratif est installée dans cet édifice depuis 1868. Elle y inaugure une bibliothèque dans la portion droite de l’édifice qui est restée ouverte jusqu’à aujourd’hui.

Voici une description provenant de leur site web :

Fondée par Lord Dalhousie en 1824, la Literary and Historical Society of Quebec est la première société savante au Canada. Après avoir été relocalisée plusieurs fois et avoir essuyé deux incendies, la Société s’installe dans l’aile nord du Morrin College, en 1868.

À l’origine, les orientations et objectifs de la Société sont variés. La Société collectionne des documents sur l’histoire du Canada et réédite plusieurs manuscrits rares. La recherche dans tous les champs de connaissance est fortement encouragée. Des essais érudits sont régulièrement publiés dans les Transactions; certains de ces textes contribuent considérablement à l’avancement du savoir.


Dans le hall d’entré est suspendu les portraits d’ancien président de la société

Une bibliothèque magnifique

La bibliothèque est probablement la plus belle dans la Ville de Québec. Les étagères tapissent chaque pouce carré des quatre murs. Un balcon au 2e fait le tour de la salle où l’on retrouve des livres datant de l’ouverture de la bibliothèque il y a 150 ans.
Morrin Centre library Morrin Centre James Wolf statue

Les anglophones à Québec

Cet organisme est un point central de la communauté anglophone dans la Ville de Québec. Les anglophones ont déjà représenté 41 % de la population de la ville en 1861. Les problèmes économiques de Québec à la fin du 19e siècle ont encouragé ces citoyens à quitter Québec pour migrer vers d’autres régions. L’exclusion de Québec du Grand Tronc du chemin de fer canadien nuisait beaucoup à son essor économique. Leur langue a facilité leur intégration dans d’autres régions à majorité anglophone ailleurs au Canada. Aujourd’hui, ils représentent 2 % de la population et ils sont pour la très grande majorité parfaitement bilingue et impossible à identifier mis à part leur nom de famille.

À ce sujet, je vous invite à regarder cette émission de Tout le monde s’en fout (TLMSF) animée par Matthieu Dugal qui a été filmé dans la bibliothèque du Morrin Center. L’émission comprend une entrevue (à 16m30s) avec l’historienne Louisa Blair sur la présence des anglophones dans la Ville de Québec.

Le Centre Morrin aujourd’hui

Le Centre Morrin est un centre culturel appartenant depuis 2004 à la Literary and Historical Society of Quebec. Cet organisme a acquis l’édifice de la Ville de Québec dans le but de le promouvoir à divers usages (tourisme, location de salles, etc.). Des visites guidées sans rendez-vous sont organisées pour les visiteurs. On vous encourage à découvrir ce lieu méconnu et chargé d’histoire.

On tient à remercier la Literary and Historical Society of Quebec pour son accueil chaleureux pour ce reportage.

Sites d’intérêt et références :

MAJ 2010-08-15 21:00 : Patrick Donovan, historien et ancien directeur exécutif du Centre Morrin, m’a écrit pour rectifier certains faits. J’ai modifié le texte en conséquence.

Voir aussi : Arrondissement La Cité - Vieux-Québec, Histoire, Lieux magiques, Patrimoine et lieux historiques, Voyage dans le temps.

Bourg-Royal: désastre de mise en valeur d’utilisation unique du territoire?

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 11 août 2010 9 commentaires

Voici un long mais très intéressant commentaire de Richard Lamarche, fait dans le billet « Où est passé le Château Bigot? »

Je l’extrais pour en faire un billet en vous donnant deux références pour l’analyser:

Je viens juste de tomber sur cette page web hier soir. C’est complètement renversant cette histoire. J’ai habité au bout de la rue des Thuyas à deux pas de là, de 1985 à 92 et, voilà presque deux ans maintenant, je suis embarqué dans un projet tout à fait de loisir personnel de plonger et découvrir la riche histoire de ce cet espace unique qu’est Charlesbourg et le Québec Métro en général, où j’ai grandi, via Internet de mon domicile actuel à Calgary, et sur le terrain quand je viens en vacances. Pourquoi ce projet d’histoire ? Parce qu’à Québec, paradoxalement la ville la plus historique en Amérique du Nord et dont les banlieues furent les toutes premières seigneuries, on ne nous l’enseigne pas notre histoire locale. Dans n’importe quel autre endroit, les gens de la localité conaissent tous le folklore et les mythes locaux. Mais pas à Québec. Jamais je n’aurais pensé que le quartier Château-Bigot à Charlesbourg recelait une telle légende! J’ai à peu près tout appris ce que je sais maintenant lors de ce projet. Et là cette sordide histoire. Ça alors! Quand j’étais jeune, j’allais des fois me promener en bicycle dans les rues de Château-Bigot pour le fun, et pour monter dans la Montagne des Roches; j’allais à l’accommodation le Polyvalent acheter de la gomme Bazooka Joe et des bonbons; et plus tard j’ai fait mon secondaire à l’école Les Sentiers… sans jamais savoir qu’il y avait là les ruines d’une demeure construite en 1718, en plein régime français!

(suite…)

Voir aussi : Arrondissement Charlesbourg, Histoire.

Où est passé le Château Bigot?

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 5 août 2010 16 commentaires

Château Bigot c’est le nom d’un quartier et le nom d’une artère municipale. Toutefois, ça provient d’un véritable manoir qui a existé à l’angle des rues Vice-Roi et Bourg-la-Reine. Ses pierres sont toujours bien visibles malgré qu’il est tombé en ruines il y a 100 ans.

Le château est construit en 1718 par l’intendant Michel Bégon de la Picardière. Cette maison lui servait de maison d’été. Elle resta dans sa famille jusqu’en 1753. Le bâtiment portait initialement le nom de « Beaumanoir », a plus tard été nommé par les anglais « Ermitage » ou « Hermitage » et était aussi décrit très simplement par les habitants des environs par « la Maison de la Montagne ». Le manoir était situé à l’angle des rues Vice-Roi et Bourg-la-Reine à Charlesbourg. Elle avait une dimension de 50 pieds par 30 pieds sur 2 étages. Elle changea successivement de propriétaires jusqu’à son abandon en 1850. À partir de cette date, la maison commença à dépérir rapidement et à tomber en ruines.

L'Hermitage ou Beaumanoir - L

Château Bigot en 1870

La fiction dépasse la réalité

La maison hérita de l’appellation « Château Bigot » suite à la publication de deux romans en sur le dernier intendant François Bigot. Le premier roman, « L’Intendant Bigot », de Joseph Marmette, paraît en 1872 et « The Golden Dog », de William Kirby, est publié en 1877 (En référence au même chien d’or de l’Auberge sur la rue du Fort). Voici un récit historique de Jean-Marie Lebel sur le site de la CCNQ :

Caroline de Saint-Castin se fait offrir les fleurs empoisonnées (illustration du roman de Kirby)

Selon William Kirby, François Bigot, le dernier intendant de la Nouvelle-France, de 1748 à 1759, y aurait tenu captive la belle Caroline de Saint-Castin, petite-fille d’un chef abénaquis. Angélique des Méloizes, jalouse, aurait voulu se débarrasser de sa rivale et l’aurait empoisonnée avec un bouquet de roses imprégnées d’aqua tofana. Bigot aurait trouvé le corps de l’Amérindienne dans une chambre secrète du château et, éploré, l’aurait inhumé dans une voûte souterraine. Il aurait soupçonné Angélique mais n’aurait pas voulu l’accuser.

En 1890 Arthur Brousseau, le propriétaire du terrain de l’époque, met en valeur les ruines du manoir et en fait un site touristique suite au gain dl’intérêt suscité par ces deux romans populaires. L’imaginaire dépasse la réalité, car les touristes viennent d’aussi loin que les États-Unis pour voir où Bigot aurait enfermé la pauvre Caroline. Malgré tout, il n’y a aucune preuve que François Bigot aurait réellement mis les pieds dans ce manoir.

Château Bigot en 1895 par Fred C. Würtele

Château Bigot en 1895 par Fred C. Würtele

Château Bigot en 1900

Chateau Bigot Toronto and Buffalo W.G. Macfarlane (date inconnue)

Chateau Bigot Montréal Illustrated Post Card Co (date inconnue)

Chateau Bigot Carte Postale Pruneau et Kirouac (date inconnue)

La fin du Château Bigot

La population attribue son dépérissement progressif à l’oeuvre des esprits qu’il enfermerait. Les murs qui tiennent toujours debout sont un danger pour les personnes qui fréquentent les lieux pour faire des pique-nique sur le bord du cours d’eau.  Le dernier mur des ruines est démoli entre 1908-1913. On prétend dans un article du Soleil qu’il aurait subi les foudres de la population, mais on n’a rien trouvé qui prouve cette affirmation.

Voici une photographie aérienne de 1948 sur laquelle on peut voir un ilot déboisé avec une structure quelconque au nord du Bourg-Royal:

Que reste-t-il du Château Bigot?

Les fouilles archéologiques

Plan de fouilles archéologiques du Château Bigot par Carl Lavoie

Les fondations du manoir y sont présents jusqu’au début des années 1980. Des fouilles avait été fait à l’automne 1979 et en 1980 par les archéologues Carl Lavoie et Lucien Guimond financé par le Cégep François-Xavier-Garneau et le Ministère des affaires culturelles. Le rapport archéologique de 1981 nous apprend que les fondations se trouvaient sur le terrain du 1524, avenue Bourg-la-Reine (le coin de rue) et sur un terrain vendu à la Ville de Charlesbourg en 1964. Les numéros de lots du cadastre mentionnés dans le rapport sont 1040612 et 1041147.

Les fondations sont entièrement enfouies lors des fouilles archéologiques. Ils mesurent environ 4 pieds de haut et 3 pieds d’épaisseur. D’après l’archéologue Carl Lavoie à qui nous avons eu la chance de parler, il croit que toutes les fondations ont été retirés de terre depuis la construction de cette maison en 1989.

Les fouilles n’ont pas permis de trouver beaucoup d’artefacts. Le vol de biens et de matériaux provenant de l’édifice se faisait depuis longtemps. On retrouve une bague de troc qui a été volée plus tard dans une exposition à la salle paroissiale du Trait-Carré à Charlesbourg. On découvre aussi un bouton de chemise en argent qui provenait de l’Angleterre. On constate tout de même qu’il aurait eu peu d’activité faste dans cette maison donc très peu de traces d’objets de luxe pourtant décrit dans divers actes notariés et les deux romans mentionnés plus haut. Dans le rapport, les archéologues notent une brèche dans le mur de fondation du Nord qui servait peut-être à l’origine de la légende de l’emprisonnement de Caroline.

Une seconde vie au Beaumanoir

Maison Albert Potvin

Ancienne maison d'Albert Potvin construite avec les pierres du Château Bigot

En 1979, Albert Potvin, le propriétaire des terres depuis 1944, construit sa maison sur la rue du Vice-Roi. Il réutilise une portion des pierres provenant des ruines du Beaumanoir pour le revêtement extérieur de sa propre maison. Le Château Bigot n’est donc pas véritablement effacé. D’une façon, il a eu une seconde vie.

Voir aussi : Arrondissement Charlesbourg, Histoire, Patrimoine et lieux historiques, Résidentiel, Voyage dans le temps.

Le funiculaire de la Chute Montmorency

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 4 août 2010 12 commentaires

Vue aérienne de la Chute Montmorency, de la maison Kent et du Cotton Mills

Un lecteur du blogue nous a fait part de l’existence d’un funiculaire au pied des Chutes Montmorency pour se rendre à la maison Kent (Manoir). Il a trouvé un billet très détaillé et recherché qui a été publié sur un blogue français dédié aux funiculaires à travers le monde. L’auteur avait en sa possession une carte postale couleur ayant le titre : Incline Railway at Montmorency Falls. Il a donc fait des recherches sur le web et grâce à la magie de l’internet il a pu rédiger un texte avec beaucoup de précision en y ajoutant des photos d’époque.

Il nous fait découvrir que le chemin de fer entre Québec et Saint-Anne-de-Beaupré avait une dérivation en « Y » qui se rendait au pied de la chute. Une station de train permettait alors aux passager d’emprunter le funiculaire pour se rendre plus haut à la maison Kent et sur la promenade le long de la falaise pour se rendre au sommet de la chute.

Le billet nous fait découvrir qu’il avait beaucoup de bâtiments et d’infrastructure au pied la chute il y a 100 ans dans la photo du Museé McCord. Le funiculaire aurait été en place entre 1901 et 1953.

Voir aussi : Arrondissement Beauport, Histoire, Lieux magiques, Parc, Patrimoine et lieux historiques, Québec vu d'en haut, Voyage dans le temps.