Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Il y aura finalement 3 immeubles, de 5 à 7 étages, sur le lot de l’ancien poste d’Hydro-Québec de la rue du Prince-Édouard, dans le quartier Saint-Roch. Ceux-ci seront assis sur un stationnement souterrain d’une centaine de places qui sera surtout réservé à l’usage de la cour municipale et du poste de police en construction tout près.
Peut-être vous souvenez-vous de ce projet immobilier. Le maire sortant, Régis Labeaume, l’avait annoncé à la fin de 2019. L’élu disait s’inquiéter pour les jeunes quittant le réseau de la protection de la jeunesse vers 18 ans, sans ressources. Il voyait 200 logis destinés à cette clientèle en difficulté sur le site abandonné par la société d’État.
Les plans ont changé. En 2020, l’élu parlait plutôt de 40 appartements pour ces jeunes et de 108 autres pour les familles et personnes seules peu fortunées. Donc, autour de 150 portes.
Finalement, il y en aura moins. Selon la plus récente version publiée par la Ville, il y aura 10 chambres et 63 logements pour les jeunes qui étaient pris en charge par la protection de la jeunesse auparavant. Et 48 habitations pour des familles ou des personnes seules à faible revenu. Total : 121.
Dessous, se trouvera un stationnement souterrain. Il sera réservé, durant la semaine, aux occupants de l’édifice F.X. Drolet de l’intersection des rues du Pont et du Prince-Édouard. Celui-ci est presque en face. Les employés du tribunal municipal ainsi que les agents qui l’habiteront dès 2023, après les rénos, manquent d’espace pour leurs voitures. «On y retrouve 87 cases de stationnement, qui seront occupées par les policiers, les juges et les utilisateurs de la cour. Toutefois, le terrain ne permettant pas plus de place, les espaces disponibles dans le nouveau stationnement public, de l’autre côté de la rue Prince-Édouard, viendront compléter et faciliter le stationnement», nous explique le porte-parole municipal David O’Brien.
Pas dans le budget
Cette dépense s’ajoutera au budget de conversion du bâtiment industriel centenaire qui accueillera la cour municipale et les forces de l’ordre. La facture initialement évaluée à 21 millions $ atteint maintenant 25,4 millions $, dixit le site Web de la Ville, mais elle devrait franchir les 26 millions $.
Le stationnement souterrain devrait coûter 5 millions $ de plus, nous écrit David O’Brien.
Puisque ce stationnement sera destiné en priorité à la cour, la Ville aménagera des cases pour les autos des locataires du haut en surface, au rez-de-chaussée de deux des immeubles résidentiels qui seront érigés dessus.
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C’EST OÙ EXACTEMENT ?
Le terrain forme un quadrilatère entouré des rues du Prince-Édouard, Monseigneur-Gauvreau, de la Reine et Sagard. Il fait 4536.6 mètres carrés soit 48 831,6 pieds carrés.
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ON VEUT DES DÉTAILS !
La Ville de Québec a récemment mis en ligne des documents offrant un aperçu du projet résidentiel qu’elle entend construire dans le quartier Saint-Roch. Voici des extraits.
«Le projet consiste en la construction d’un établissement résidentiel composé de trois immeubles liés par un stationnement souterrain. Un nombre de 111 logements et 10 chambres sont projetés pour desservir des personnes seules, des familles et des jeunes en difficulté.»
1) «Le bâtiment « A », localisé le long de la rue du Prince-Édouard, comptera une maison d’hébergement pour une clientèle jeunesse de 10 chambres au rez-de-chaussée et de 63 logements dans les six étages supérieurs.»
2) «Les bâtiments « B » et « C » seront implantés parallèlement à la rue Monseigneur-Gauvreau, d’une part, et à la rue Sagard, d’autre part. Dans chacun de ces immeubles, une aire de stationnement intérieure sera aménagée au rez-de-chaussée et 24 logements seront construits dans les quatre étages supérieurs.»
«Une troisième aire de stationnement sera aménagée en souterrain. Cette dernière servira aux besoins de la cour municipale qui sera localisée à proximité sur le lot […] sis au 750, rue du Prince-Édouard (édifice F.X. Drolet).»
Au fait, combien de deniers publics seront investis pour la construction des trois bâtiments ? «À terme, les coûts de réalisation des trois immeubles du projet de logements sociaux sont estimés à 30 millions $», répond David O’Brien.
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STATIONNEMENT «PUBLIC»
Les 84 cases du stationnement souterrain du 771, rue du Prince-Édouard seront réservées durant le jour, la semaine, aux employés et citoyens qui doivent se rendre à la cour municipale, nous explique David O’Brien.
Les soirs de semaines, plusieurs emplacements seront libérés pour les citoyens «car la cour municipale est en opération réduite».
«La fin de semaine, le stationnement sera entièrement public. Cet ajout de 84 cases publiques souterraines dans le secteur sera bénéfique aux résidants, commerçants et restaurateurs de Saint-Roch les soirs et la fin de semaine.»
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CONSULTATION PUBLIQUE
La Ville doit modifier sa réglementation pour que le stationnement et le projet résidentiel puissent être réalisés.
Un «règlement spécial» autorisera, sans débats, l’implantation des logements sociaux, dont les appartements et les chambres pour les jeunes de 16 à 25 ans.
Il faudra cependant faire passer la hauteur de construction permise de 16 mètres à 24 mètres.
L’administration municipale doit également autoriser légalement l’usage «stationnement institutionnel» sur le site. Une consultation publique écrite est organisée en ligne.
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ÉTIRER LE FILET SOCIAL
Le «Projet 16/25», celui qui occupera le bâtiment en façade de la rue du Prince-Édouard, est piloté par l’Office municipal d’habitation de Québec et le Centre intégré universitaire de santé de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN).
Au cours d’une présentation effectuée jeudi, les intervenants ont répété que ce concept comblera un vide: «À 18 ans, les services de protection [de la jeunesse] prennent fin et les jeunes hébergés doivent majoritairement quitter leur milieu de vie.»
-> Ce projet est une «opportunité d’hébergement offerte par la Ville de Québec pour les jeunes de 16 à 25 ans ayant vécu un parcours d’hébergement en protection de la jeunesse».
-> Il vise à «répondre aux grands besoins des jeunes en matière de stabilité résidentielle».
-> Il serait nécessaire «en raison de l’extrême vulnérabilité des jeunes placés lors de leur transition à la vie adulte exacerbée par le contexte de pandémie». Aussi : «Dans un objectif de promotion de l’autonomie, de prévention de l’instabilité résidentielle et afin d’éviter la détérioration des situations des jeunes une fois devenus adultes».
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