Triste disparition de l’un de mes intellectuels préférés dont je me régalais des interventions constructives et réfléchies à une certaine époque. M. Arcand était le genre de personnages qui rehaussent la qualité de la radio, un média qui en a malheureusement pris pour son rhume, ces dernières années, mis à part peut-être Radio-Canada et certaines stations communautaires. En passant: un bolo bien personnel et solidairement militant à un certain Sylvain Bouchard!
À l’occasion du décès de l’anthropologue Bernard Arcand, de l’Université Laval, Le Soleil a choisi de lui rendre hommage en publiant un extrait de l’un de ses ouvrages les plus médiatisés Abolissons l’hiver! édité en 1999 chez Boréal.) «Il n’y a plus d’hiver.» La phrase surgit généralement de la bouche d’un vieux grognon qui aimerait nous convaincre que les temps étaient plus durs autrefois.
(…) Autrefois, l’hiver était une évidence. La plupart des gens vivaient à la campagne où les champs sont blancs et immenses. L’hiver domine la campagne. Mais, depuis 100 ans, celle-ci s’est rapidement vidée et, déjà en 1910, plus de la moitié de la population habitait en ville. Depuis, la tendance se maintient, et la ville n’a jamais cessé de grossir. Or, en ville, il y a partout des maisons, des rues et des trottoirs, quelques arbres, et plusieurs milliers d’automobiles. Il n’y a pas de place en ville pour la neige.
En fait, la ville déteste la neige et la traite comme une souillure. Il faut la balayer et la jeter aux ordures, la transporter vers le dépotoir, la lancer dans le fleuve ou la faire fondre rapidement.
Dès l’instant qu’elle tombe en ville, la neige est usée. Une nuisance. Les équipes de déneigement sont payées aux mêmes tarifs que les éboueurs. Et si les urbains veulent voir l’hiver, il leur faut faire un tour à la campagne en fin de semaine. (…)
La suite. Aussi, entre autres billets: Déneigement des trottoirs: les Québécois, des privilégiés!.