Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Archives pour la catégorie « Patrimoine et lieux historiques »

Démolition de l’église Saint-Coeur-de-Marie : l’attitude du promoteur dénoncée

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 7 juin 2019 Commentaires fermés sur Démolition de l’église Saint-Coeur-de-Marie : l’attitude du promoteur dénoncée

Jean-François Nadeau
Radio-Canada

Un architecte de Québec, Jacques Plante, demande que le propriétaire de l’église Saint-Coeur-de-Marie respecte les conditions de démolition imposées par la Ville de Québec.

Le promoteur Louis Lessard souhaite démolir l’église pour y construire un immeuble à condos. Il entend contester devant les tribunaux l’obligation de préserver la façade de l’église de la Grande-Allée.

Jacques Plante dénonce cette façon de faire du promoteur.

« Je trouve l’attitude du promoteur particulièrement cavalière et complètement répréhensible et surtout pas acceptable. J’espère que la Ville va tenir son bout. Il ne faut pas se retrouver dans la situation de l’église Saint-Vincent-de-Paul où on détruit un petit eu pour détruire entièrement », affirme l’architecte.

Le conseiller de Démocratie Québec, Jean Rousseau, craint lui aussi qu’on se retrouve avec une répétition de la saga de l’église Saint-Vincent-de-Paul. Malgré les exigences du permis de démolition, la façade n’avait pas pu être conservée.

La Ville a mis la barre très haute en annonçant qu’elle procéderait à une expropriation et elle n’a rien fait. Il faut éviter que la situation pourrisse. Espérons que nous arrivions à une solution plus cohérente dans un délai raisonnable , affirme-t-il.

Conservation trop coûteuse

Le promoteur soutient qu’il lui sera impossible de préserver la façade sans l’octroi de subvention de la Ville de Québec et du ministère de la Culture.

Intégrer la façade de l’église à son projet résidentiel coûterait une dizaine de millions de dollars, selon lui.

Des arguments qui ne convainquent pas Jacques Plante.

« Le promoteur savait très bien ce qu’il achetait et je pense qu’il doit se plier aux recommandations qu’on va lui faire. Dans le cas de l’église Saint-Coeur-de-Marie, c’est particulièrement justifiable. C’est une église unique. C’est probablement le seul exemple au Québec d’une église de style byzantin », estime l’architecte et enseignant à l’Université Laval.

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Et sur le site de la Ville de Québec:

Valeur d’âge et intérêt historique :
L’église Saint-Coeur-de-Marie est construite entre 1919 et 1921. La paroisse fondée et administrée par les Eudistes desservait à l’origine la bourgeoisie et l’élite francophone de la Grande Allée.

Valeur d’usage :
L’église a été fermée au culte en 1997. Ayant changé de propriétaire à quelques reprises, l’édifice a un avenir incertain.

Valeur d’art et d’architecture :
L’église Saint-Coeur-de-Marie est une oeuvre des architectes Arthur Régnault de France et Ludger Robitaille de Québec. Ce lieu de culte est remarquable par la modernité du parti architectural et par la technologie mise en oeuvre pour ériger la voûte de la nef. Le traitement architectural des façades (grands arcs) rappelle les basiliques romaines et se démarque par ses qualités expressives, notamment pour le clocher de style byzantin. À l’intérieur, des fresques, des mosaïques et des vitraux sont l’oeuvre de l’artiste Guido Nincheri.

Valeur d’authenticité :
L’architecture de l’église est demeurée authentique mais le mobilier intérieur a disparu. L’édifice est en mauvais état physique en raison d’un manque d’entretien depuis sa désaffection.

Valeur de position :
Le haut clocher à la forme originale est un important point de repère dans le paysage urbain. Par sa grande visibilité, l’église est très présente sur la Grande Allée.

Éléments caractéristiques incontournables :
· L’architecture extérieure et son clocher de style byzantin.
· Le décor intérieur avec ses voûtes et les oeuvres de Guido Nincheri.

Valeur patrimoniale globale : Supérieure

Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Patrimoine et lieux historiques.

Voici 10 anciens cimetières situés dans le Vieux-Québec

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 2 juin 2019 Commentaires fermés sur Voici 10 anciens cimetières situés dans le Vieux-Québec

Jean-François Caron
Historien
Société historique de Québec

Les promeneurs du Vieux-Québec ignorent généralement qu’au cours de leurs balades, ils marchent bien souvent à l’intérieur d’anciens cimetières. En effet, depuis sa fondation, la ville de Québec a vu plusieurs lieux de sépultures occuper des emplacements à l’intérieur de ses murs.
En 1855, pour préserver la salubrité publique, une loi interdit désormais les inhumations dans la ville. À l’exception des cimetières des diverses communautés religieuses, ils sont graduellement fermés et les sépultures sont déplacées à l’extérieur des murs. Ces lieux oubliés nous rappellent un volet insolite de l’histoire du Vieux-Québec.

En voici 10 exemples.

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Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Histoire, Patrimoine et lieux historiques.

Patrimoine moderne à Québec : appel à contribution

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 30 mai 2019 1 commentaire

Québec, le 30 mai 2019 – La Ville de Québec procède en ce moment au recensement des bâtiments du patrimoine moderne (1940-1980) sur son territoire. Pour ce faire, elle sollicite la collaboration des citoyens qui souhaitent contribuer à l’exercice à partager des informations à propos des édifices qui pourraient appartenir à cette période.

« En démarrant cette étude sur le patrimoine moderne, la Ville se positionne comme un véritable leader en la matière, puisqu’aucune ville au Québec n’a encore réalisé l’exercice de façon exhaustive sur l’ensemble de son territoire, a déclaré Mme Marie-Josée Savard, vice-présidente du comité exécutif responsable du patrimoine et de l’aménagement du territoire. Cette action traduit un engagement pris dans le cadre de la Vision du patrimoine 2017-2027.

Identification du patrimoine moderne

La Ville a donné le mandat à la firme Patri-Arch, consultants en patrimoine, de réaliser le préinventaire. Jusqu’en septembre 2019, la firme a pour mission de repérer sur le terrain, de documenter et de dresser la liste la plus exhaustive possible des bâtiments et ensembles issus de la modernité, couvrant la période approximative de 1940 à 1980, qui présentent un intérêt patrimonial pour des raisons techniques, sociales ou esthétiques. Ce projet est réalisé dans le cadre de l’Entente de développement culturel intervenue entre la Ville de Québec et le gouvernement du Québec.

Contribution citoyenne

Les citoyens ou propriétaires qui souhaitent contribuer à cet exercice sont invités à partager des informations, des photos ou des documents d’archives de bâtiments qui pourraient être considérés à l’adresse suivante : patrimoineurbain@ville.quebec.qc.ca .

Le mouvement moderne (1940-1980)

L’architecture du mouvement moderne se définit comme l’architecture novatrice du 20e siècle, en rupture avec la tradition. Elle s’inscrit dans les changements sociaux, politiques et industriels qui sont apparus au cours du siècle. Les influences modernes, venues d’Europe et ensuite des États-Unis, apparaissent au Québec principalement après la Seconde Guerre mondiale. Les nouvelles possibilités techniques, entre autres amenées par la production en série, permettent de construire des bâtiments en utilisant des matériaux tels que l’acier, l’aluminium, le béton et le verre.

Pour en savoir plus sur le mouvement moderne et pour voir des exemples concrets, lisez l’article de blogue Survol de l’architecture moderne à Québec.

Le communiqué

Voir aussi : Message d'intérêt public, Patrimoine et lieux historiques.

Le Chronoscope

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 29 mai 2019 Commentaires fermés sur Le Chronoscope

https://youtu.be/Uj-3-S4eCyI

La description du projet

Voir aussi : Histoire, Patrimoine et lieux historiques.

Incursion au coeur d’un trésor architectural québécois, le ministère des Finances

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 29 mai 2019 Commentaires fermés sur Incursion au coeur d’un trésor architectural québécois, le ministère des Finances

Hugo Lavallée
Mathieu Potvin
Radio-Canada

Quel ministre a le privilège d’occuper le plus beau bureau? Posez la question sur la colline Parlementaire et plusieurs vous répondront sans hésiter : le ministre des Finances. Au coeur du Vieux-Québec, son ministère est hébergé dans un édifice richement orné, à quelques pas à peine du Château Frontenac. Cent trente-deux ans après la fin de sa construction, le bâtiment nécessite toutefois des travaux majeurs qui forceront ses occupants à déménager pour plusieurs années. Visite guidée avant que ne débute le grand chantier.

Aujourd’hui siège du ministère des Finances, l’édifice Gérard-D.-Levesque a d’abord été un palais de justice. Situé à l’angle des rues Saint-Louis et du Trésor, face à la place d’Armes, le bâtiment a été construit entre 1883 et 1887.

C’est un édifice de style Second Empire, caractérisé par sa symétrie parfaite, son toit mansardé, ses tourelles élégantes et ses contreforts imposants. Le bâtiment est revêtu de calcaire, de grès vert et de cuivre; des matériaux nobles.

Un mur et une partie du toit en cuivre.

« Le style Second Empire, c’est un style du 19e siècle, nous explique l’historien Jean-François Caron. On pense au Nouveau Louvre. Qu’est-ce qui le caractérise? C’est son prestige. On ne construit pas de petites maisons de style Second Empire. Ce sont des édifices prestigieux. »

Une signature québécoise

Au centre de l’édifice, une tour d’horloge en avant-corps s’élève au-dessus de l’entrée principale.

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* L’endroit est fa-bu-leux ! Et il est et sera toujours malheureux qu’il ne soit accessible qu’au Ministre des finances et non au public amoureux de belle architecture.

Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Histoire, Patrimoine et lieux historiques.

La saison 2019 de La Promenade des écrivains : neuf parcours pour découvrir des lieux d’écrivains et leurs espaces imaginaires.

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 17 mai 2019 Commentaires fermés sur La saison 2019 de La Promenade des écrivains : neuf parcours pour découvrir des lieux d’écrivains et leurs espaces imaginaires.

Québec, le mardi 14 mai – La Promenade des écrivains est fière de présenter sa saison 2019 qui sera inaugurée ce dimanche 19 mai. Un nouveau volet s’ajoute cette année aux habituels circuits littéraires. « Lieux d’écrivains » offre une visite biographique des sites fréquentés par un grand auteur classique. Cet été, les marcheurs pourront découvrir les endroits familiers de Philippe Aubert de Gaspé. En tout, neuf parcours seront proposés pour découvrir les lieux réels et imaginaires d’auteurs amoureux de la capitale.

Volet « Lieux d’écrivains » : avec Jean-Marie Lebel

Parcours Le nostalgique Vieux-Québec de Philippe Aubert de Gaspé
Tous les dimanches, du 19 mai au 25 août, de 10 h 30 à 12 h 30
Départ : Maison de la littérature, 40, rue Saint-Stanislas, Québec

Philippe Aubert de Gaspé (1786-1871) est un personnage complexe et fascinant : à la fois aristocrate et bourgeois, citadin et campagnard, il a fréquenté l’élite francophone et anglophone, il a été shérif et également prisonnier. Son roman Les Anciens Canadiens (1863) et ses Mémoires (1866) sont encore de nos jours constamment réédités. Dans le Vieux-Québec, de nombreux éléments rappellent toujours le destin du célèbre écrivain qui y résida de très nombreuses années, et où il rédigea ses œuvres. L’historien Jean-Marie Lebel fera revivre le premier auteur de romans historiques de notre histoire par la visite des lieux où il a grandi, étudié, écrit, participé à la vie mondaine et littéraire de son temps.

Volet « Espaces imaginaires » : avec Marie-Ève Sévigny

Huit parcours littéraires dans cinq quartiers
Du 20 juillet au 31 août, les samedis, de 10 h 30 à 12 h 30
Tous les samedis et dimanches de septembre, de 10h30 à 12h30
Départ : consulter le site Internet promenade-ecrivains.qc.ca

Marie-Ève Sévigny sera de retour en juillet avec huit de ses balades littéraires, consacrées à la reconstitution de la ville imaginaire de Chrystine Brouillet, Anne Hébert, Sylvain Lelièvre, Roger Lemelin, Jacques Poulin et une vingtaine d’autres plumes d’ici et d’ailleurs. Ces lectures publiques d’œuvres littéraires explorent les plus beaux quartiers de Québec d’après les fictions qui y sont déployées.

Promenades à la carte
Sur rendez-vous, du 2 juin au 30 septembre

Vous prévoyez une activité en famille ou entre amis? Vous organisez une rencontre professionnelle et désirez visiter la capitale d’une façon ludique et poétique? Les parcours du volet « Espaces imaginaires » s’offrent sur rendez-vous aux groupes de 10 personnes et plus. Information et réservation : promenade.ecrivains@yahoo.ca

Sur réservation : 418 641-6797
Tarif : 20 $ par personne (taxes et frais de service inclus)
Information : promenade.ecrivains@yahoo.ca

Détails et calendrier des parcours

Marie-Ève Sévigny, auteure et directrice de La Promenade des écrivains, a une formation en littérature. Avec la romancière Chrystine Brouillet, elle a publié Sur la piste de Maud Graham, Promenades et gourmandises (Parfum d’encre, 2014), Prix Marcel-Couture 2014. Son roman, Sans terre (Héliotrope, 2016) a été sélectionné au Prix France-Québec et a été finaliste au Prix coup de cœur des Amis du polar 2017. Doctorante en littérature à l’Université du Québec à Montréal, elle mène une recherche sur la représentation de Québec dans le roman québécois.

L’historien Jean-Marie Lebel a consacré une bonne partie de sa carrière à faire connaître et apprécier l’histoire du Vieux-Québec. Il continue à relever ce passionnant défi par ses cours à l’UTAQ de l’Université Laval, ses conférences, ses chroniques dans le magazine Prestige, ses promenades commentées, ses formations pour les guides touristiques, ses implications comme vice-président de la Société historique de Québec, ses recherches et ses publications. Son Vieux-Québec : guide du promeneur (éditions du Septentrion) permet de découvrir l’arrondissement historique au fil des rues.

La Promenade des écrivains est présentée en collaboration avec la Maison de la littérature, ainsi qu’avec le Morrin Center.

Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Conférences / évènements, Histoire, Patrimoine et lieux historiques.

Conférences sur le patrimoine

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 9 mai 2019 Commentaires fermés sur Conférences sur le patrimoine

La Ville de Québec vous invite à assister à deux conférences gratuites : l’une portant sur le patrimoine bâti du secteur de Charlesbourg et l’autre sur celui de Beauport.

Animées par les consultants ayant réalisé les inventaires pour le compte de la Ville, les conférences porteront sur les résultats obtenus dans le cadre de leur travail et feront découvrir certains bâtiments d’intérêt et des particularités architecturales de chaque secteur. Les conférenciers partageront aussi leurs bâtiments « coups de cœur ».

Le patrimoine bâti de Charlesbourg

M. Martin Dubois de la firme Patri-Arch, conférencier

Mercredi 15 mai 2019, à 19 h

Moulin des Jésuites, 7960, boulevard Henri-Bourassa

Le patrimoine bâti de Beauport

M. Claude Bergeron de la firme Bergeron Gagnon, conférencier

Mercredi 29 mai 2019, à 19 h

Bibliothèque Étienne-Parent, 3515, rue Clemenceau

La Ville profitera de l’occasion pour présenter la section Patrimoine du site internet de la Ville de Québec, un outil qui permet d’en savoir davantage sur plus de 14 000 bâtiments à valeur patrimoniale.

Renseignements : 418 641-6411, poste 2619

Voir aussi : Conférences / évènements, Histoire, Message d'intérêt public, Patrimoine et lieux historiques.

Protéger le patrimoine avec une loi qui a manifestement besoin d’être revisée

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 7 mai 2019 Commentaires fermés sur Protéger le patrimoine avec une loi qui a manifestement besoin d’être revisée

Jean-François Nadeau

Le Devoir 04.05.2019

Après la démolition intempestive de la maison du patriote Boileau à Chambly, la perspective de voir rasé le monastère des Moniales à Berthierville a eu l’effet d’un électrochoc dans les milieux voués à la protection du patrimoine. « Les municipalités ne sont pas outillées pour répondre à la nécessité de protéger le patrimoine », explique en entrevue au Devoir Renée Genet, directrice d’Action patrimoine, le plus important regroupement d’organismes du genre au Québec.

« Ce n’est pas juste Berthierville », partout au Québec, « chaque année, chaque semaine », nous nous trouvons dépossédés de nos bâtiments patrimoniaux, en moins de deux, rappelait le 29 avril Catherine Dorion, députée de Taschereau, à l’occasion d’une séance d’étude des crédits du ministère de la Culture et des Communications dirigé par Nathalie Roy. Celle-ci, très attentive, a affirmé qu’elle en arrivait aux mêmes conclusions : « Les conclusions auxquelles vous arrivez, je suis en train de les vivre, je vis les mêmes », lui a répondu la ministre Nathalie Roy, en ne cachant pas un certain désarroi devant le manque d’attention portée au patrimoine dans plusieurs municipalités.

« Il y a une loi actuellement qui s’appelle Loi sur le patrimoine culturel, a expliqué la ministre. La loi a été adoptée. Il y a eu une réforme en 2011. […] Elle a été mise en vigueur en 2012. Et une loi, c’est en l’appliquant qu’on voit dans quelle mesure on peut travailler avec, ce qui existe à l’intérieur, ce qui n’existe pas à l’intérieur. Les constats auxquels vous arrivez, je fais pas mal les mêmes. […] Qu’on agisse à la pièce, en catastrophe, ça devient vraiment problématique. »

En vertu des pouvoirs conférés par la loi de l’État québécois, les municipalités ont le pouvoir de citer des bâtiments pour les protéger, au nom de l’intérêt collectif. Or, dans bien des cas, constatent les spécialistes, les municipalités prêtent moins attention à la protection du patrimoine qu’aux intérêts des promoteurs.

Un bel exemple

À cet égard, le monastère des Moniales de Berthierville, construit en 1934 selon les plans d’un architecte de l’École des beaux-arts, apparaît exemplaire. Après avoir décidé d’accorder très rapidement un permis de démolition au nouveau propriétaire, la municipalité a vu sa décision être contestée par des groupes de défense du patrimoine, avant d’être invalidée par le ministère de la Culture. La ministre Nathalie Roy a finalement annoncé, le 29 avril, qu’elle demandait au Conseil du patrimoine de classer ce lieu à titre de patrimoine national.

Tout comme dans plusieurs autres cas du genre dans d’autres municipalités, Berthierville se défend d’avoir mal agi. « Pendant près de sept ans, Berthierville a agi pour tenter de trouver une solution dans le dossier du monastère pour éviter sa démolition », affirme au Devoir la directrice générale de la Ville, Sylvie Dubois, au lendemain de l’annonce faite par la ministre. « Entre 2012 et 2018, la Ville a été interpellée par divers promoteurs pour discuter du zonage du secteur en rapport avec leurs projets, explique Sylvie Dubois. La Ville s’est toujours montrée réceptive à tout projet afin de préserver le bâtiment. »

Une vingtaine de représentants de groupes communautaires et d’organismes voués à la santé s’étaient réunis le 16 janvier 2019 pour structurer un projet de reconversion du monastère. « Nous n’avons eu aucun encouragement de la mairesse [Suzanne Nantel], qui était présente à cette séance et qui était très négative face à tout projet de relance du site », affirme au Devoir un des participants de cette rencontre.

L’avocat Louis-V. Sylvestre avait pour sa part présenté dès 2014 un autre plan de reconversion du site, en prenant en compte, lui aussi, le fait qu’il « ne se trouve plus de centre communautaire multifonctionnel à Berthierville ». Il affirme avoir été accueilli très froidement par l’administration municipale. En entrevue au Devoir, M. Sylvestre soutient que la mairesse avait tout de suite rejeté ce projet. Pour l’avocat, ce dossier illustre bien « le conflit entre la préservation du patrimoine bâti et l’appât fiscal ». Les municipalités, censées protéger le patrimoine commun, sont essentiellement tributaires de revenus perçus par les taxes foncières. Comment concilier la protection du patrimoine commun avec la recherche de revenus de taxation supplémentaires ?

Citation au combat

La municipalité de Berthierville, confirme au Devoir sa directrice générale, n’a jamais considéré citer ce bâtiment, comme la loi lui permet de le faire et comme la Municipalité régionale de comté (MRC) d’Autray l’encourageait à le faire. Pourquoi ? « Ce n’est pas l’option qui a été retenue », se contente de dire Sylvie Dubois.

La citation est un statut légal qu’une municipalité peut attribuer à un bien patrimonial. En citant un bâtiment, explique le ministère, « la municipalité reconnaît formellement sa valeur patrimoniale. Elle assure la protection du bien et favorise sa transmission aux générations futures ». Le bien patrimonial cité est inscrit au Registre du patrimoine culturel, ce qui contribue à sa mise en valeur auprès de la collectivité. Il empêche légalement sa destruction. Et le lieu peut alors profiter, à certaines conditions, de subventions gouvernementales pour la restauration de l’ordre de 25 %.

Le 5 avril dernier, le nouveau propriétaire du site, l’entrepreneur André Saint-Martin, affirmait que dès l’été 2018 « un inspecteur en urbanisme et environnement de la MRC d’Autray » lui avait confirmé « qu’il serait possible de démolir le bâtiment » si tel était son souhait.

Le permis de démolition, affirme au Devoir la directrice générale de Berthierville, « a été délivré en vertu de la réglementation en vigueur à l’issue de la transaction entre le promoteur et les propriétaires ». Comme la municipalité s’était refusée à citer le bâtiment tel qu’on le lui avait pourtant recommandé, le nouveau propriétaire pouvait donc en disposer. Le même scénario se rejoue, à des échelles différentes, partout et tout le temps sur le territoire québécois.

« Si on prend l’exemple de la France, ils ont procédé à l’inverse, affirme la ministre Nathalie Roy. Tout est protégé d’emblée. Ils ont décidé de tout protéger, de tout classer. Lorsque quelqu’un achète quelque chose, il le sait que c’est patrimonial. Il le sait qu’il y a une valeur, qu’il y a une protection. Pas ici. Ici, c’est l’inverse. Ici, on classe à la pièce. » On laisse aux municipalités le soin de faire les premiers pas en matière de protection. Un pas que la plupart ne font pas.

Réécrire la loi ?

La députée de Taschereau faisait remarquer, dans ses questions lors de l’étude des crédits, qu’il devrait y avoir, en matière de patrimoine, des mesures incitatives mais aussi punitives. Ce à quoi la ministre Nathalie Roy rétorquait à raison qu’il y en a déjà. « Dans la loi, il y en a ! Mais la question est de savoir dans quelle mesure il est pertinent de les appliquer. Entre autres, il y a cette ordonnance que j’ai utilisée à quelques reprises depuis que je suis arrivée en poste. […] Il y a [aussi] une mesure dans la loi qui fait que je pourrais envoyer des amendes de 190 000 $. Mais on arrive à quoi avec une amende de 190 000 $ si la personne ne s’occupe pas davantage du bâtiment ? »

Il est bien, croit la directrice générale d’Action patrimoine, que la ministre Nathalie Roy se pose des questions sur l’efficacité de la loi dans sa forme actuelle. « On n’oblige pas les municipalités à se munir des outils juridiques et réglementaires pour protéger le patrimoine. C’est bien de faire des inventaires des biens patrimoniaux exceptionnels, comme la MRC d’Autray l’a fait dans le cas du monastère de Berthierville. Mais, au bout du compte, les municipalités ne les protègent pas. Il y a beaucoup de lacunes. »

Voir aussi : Patrimoine et lieux historiques.

Le Vieux-Québec et le tourisme

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 20 avril 2019 2 commentaires

François Bourque
Le Soleil

CHRONIQUE / La venue du navire de croisière Disney Magic au Port de Québec l’été dernier fut un des faits saillants d’une année touristique record. Québec courtisait depuis quatre ans ce fleuron de la compagnie de croisières «la plus recherchée au monde», avait raconté l’Office du tourisme. Ce n’est pas les 1800 passagers qui ont fait événement ce jour-là (Québec accueille souvent de plus gros navires), mais son prestige et l’effet d’entraînement espéré. Une réussite donc. Mais pas seulement une réussite. Le symbole Disney est fort, mais ambigu. Il représente le succès de masse auquel aspire Québec, mais est aussi l’incarnation exacte de ce que le Vieux-Québec ne veut pas devenir : un parc d’attractions pour touristes.

C’est le dilemme des quartiers historiques habités : essayer attirer toujours et toujours plus de visiteurs sans se laisser submerger.

L’équilibre n’est pas facile. Plusieurs villes y ont échoué et cherchent depuis comment réparer les dégâts.

Venise a dû imposer des sens uniques pour piétons sur certaines rues du centre pendant le Carnaval et en interdire d’autres aux visiteurs.

Elle vient de bannir de sa lagune les gros bateaux de croisière, a imposé un moratoire sur les hôtels et tente de réduire les permis Airbnb.

Madrid a aussi décrété des sens uniques pour piétons sur des artères commerciales pendant la période des fêtes 2017.

Cela a fait débat. Des résidents y ont vu une entrave à leur liberté. Ils avaient l’impression d’être pris dans une manifestation ou dans un troupeau de moutons.

Des résidents de Barcelone ont manifesté contre le tourisme en 2017; Santorini (Grèce) a dû limiter le nombre de débarquements sur l’île; Cinque Terre (Italie) ferme des sentiers publics les jours de trop forte affluence.

Florence (Italie) arrose les marches des monuments historiques à l’heure du lunch pour empêcher les pique-niques intempestifs, ai-je lu dans l’édition du soir de Ouest France (avril 2018).

Québec n’en est pas là, mais on ne voudrait pas y arriver, car il est difficile alors de revenir en arrière.

Il y a longtemps que des résidents du Vieux-Québec s’en inquiètent, mais pour la première fois l’automne dernier, la critique est venue d’un commerçant.

«Trop de monde, trop cher, trop de tourisme de masse, on marche porté par la foule et on ne voit rien», ont confié des visiteurs à Romuald Georgeon, propriétaire du Château Fleur de Lys.

Cette fin de semaine là (début octobre), sept navires de croisière ont débarqué à Québec avec plus de 10 000 touristes.

La saison 2018 s’est soldée par un record de 230 000 croisiéristes, chiffre que le Port espère doubler d’ici 2025.

Le Port semble croire que le second terminal qui ouvrira en 2020 derrière les silos de la Bunge va aider à désengorger le secteur de la Pointe-à-Carcy. Peut-être pour les opérations sur les quais, mais où pensez-vous que les visiteurs vont aller sitôt débarqués?

(…)

L’enjeu du tourisme de masse a été soulevé dans plusieurs des mémoires déposés cette semaine aux audiences publiques sur le Plan de conservation du Vieux-Québec du ministère de la Culture.

Le ton y est parfois très dur, trop peut-être, mais il témoigne d’un niveau d’exaspération certain. Le conseil d’administration des Maisons de Beaucours, un ensemble résidentiel luxueux voisin du Château, écrit par exemple ceci :

«Derrière l’écran d’une ville pétaradante de bruit et de feux d’artifice à 95 000 $ le quinze minutes, et cotée haut à la bourse mondiale des attractions touristiques, la vérité crue est que notre Vieux-Québec est de plus en plus invivable».

Bruit, appropriation de l’espace, absence de familles, pas d’épicerie et de boucherie, malaise écologique, débordements festifs, départ de l’Hôtel-Dieu. La liste de leurs griefs est longue.

(…)

Le plus récent épisode est celui du projet (insensé) de passerelle aérienne pour vélos à la Pointe-à-Carcy, que Québec vient de mettre sur la glace.

Cette passerelle avait été improvisée en désespoir de cause pour régler un conflit d’usage entre les vélos et l’industrie des croisières.

On a beaucoup débattu des coûts (démesurés) de cette passerelle et de son impact (injustifiable) dans le paysage du fleuve. Mais très peu (pas assez peut-être) de l’enjeu derrière ce «besoin» de passerelle : l’appétit de croissance de l’industrie portuaire.

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Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Patrimoine et lieux historiques, Tourisme.

Ces bâtiments qu’il nous ferait mal de perdre…

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 20 avril 2019 1 commentaire

François Higgins
Le Soleil

Quels bâtiments de Québec serait-on le plus triste de voir disparaître?

Sombre question à soupeser, s’il en est une! Mais toute curiosité n’est pas malsaine.

L’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris plus tôt cette semaine a brisé le cœur des Français, sonnés qu’ils étaient de perdre ce pilier du paysage parisien depuis huit siècles. Alors nous sommes en droit de nous demander la perte de quels édifices provoquerait pareille désolation chez les habitants de Québec. En concédant évidemment que toute comparaison est boiteuse…

Notre chroniqueur François Bourque a osé un début de réponse, au lendemain du drame. «On se croise les doigts pour le Château Frontenac, le Séminaire, l’édifice Price, le Parlement. On ne veut pas y penser. J’y ajouterais le pont de Québec et quelques autres immeubles essentiels […] Nous rebâtirons Notre-Dame, parce que c’est ce que les Français veulent et parce que notre histoire le mérite, a dit le président Macron. […] De combien de nos bâtiments pourrions-nous dire la même chose?» demandait-il pour finir.

Le Soleil a donc fait un rapide coup de sonde — tout ce qu’il y a de non scientifique — auprès d’architectes et d’historiens de la capitale. Voici leur palmarès des bâtiments qu’il nous ferait mal de perdre.

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Voir aussi : Histoire, Patrimoine et lieux historiques.