Retour de vacances et voilà que je vois que deux projets sur lesquels je travaille sont grandement critiqués par certains médias et « militants ».
Jamais je ne pourrai défendre l’indéfendable et je suis moi-même souvent le premier à critiquer ce qui est un non-sens. Je suis donc souvent du côté des opposants, sauf quand ceux-ci sont complètement déconnectés et ne voient les choses que par le prisme d’une idéologie.
Il y a d’ailleurs une idéologie dominante au niveau de la conservation du patrimoine au Québec : celle de la conservation de type muséale ou reliquaire, pour dire les choses poliment.
Autrement dit, nous semblons parfois vouloir mettre les choses dans une cloche sous vide, or c’est une grave erreur. Les reliques mises sous vident tendent souvent à dépérir quant à leur héritage physique et à perdre du sens quant à leur patrimoine culturel.
Une autre vision du patrimoine et de la culture existe, celle selon laquelle, afin qu’un élément de culture puisse être conservé à travers le temps, il faut qu’il demeure vivant et que les gens puissent se l’approprier, physiquement et/ou mentalement. Mais ceci ne doit pas se faire n’importe comment, c’est d’ailleurs ce que prône mon amie Annette Viel qui donne depuis des années des conférences de par le monde sur l’esprit du lieu. C’est d’ailleurs dans cette esprit de culture vivante que les musées se sont tranquillement ouverts au public, c’est aussi dans cet esprit que les projets se pérennisent sans devenir des artefacts archéologiques.
Il n’est parfois pas réaliste, ni nécessaire de conserver les moindres moulures, la moindre poignée de porte, le moindre petit détail, afin que l’esprit d’un lieu et que sa valeur patrimoniale soit conservée. Inutile de mettre notre patrimoine dans un sac plastique étanche à toute transformation/altération, il serait temps que l’on comprenne que c’est parfois justement accélérer leur mort par asphyxie.
Prenons le cas des églises au Québec par exemple, combien de fois les gens se sont levés pour la conservation d’églises dans un état inaltéré, refusant toute transformation, refusant tout investissement du privé. Plusieurs de ces églises sont alors demeurées inaltérées… du moins par la main de l’homme, car elles dépérissent parce qu’on a plus les moyens de les entretenir et de les chauffer, c’est donc par la main du temps et du climat qu’elles finissent en ruine. Et combien de fois, de par ce fait, nous avons perdu des trésors patrimoniaux qui ont dû être démolis parce qu’ils devenaient un danger pour le public?
Ceci ne veut pas dire que tout doit être accepté, ceci veut dire que lorsque l’on s’indigne et veut défendre notre patrimoine, nous demeurions critiques et non aveuglés par un sentimentalisme et une idéologie où au final, à vouloir tout conserver, nous nous retrouvons avec des bâtiments fantômes, dont l’âme s’éteint tranquillement et qui finissent oubliés par la mémoire collective.
Plusieurs villes comme Paris, Berlin, Viennes et bien d’autres avec un patrimoine beaucoup plus riche et ancien osent pourtant jouer de contraste dans la conservation patrimoniale, mixant élégamment nouveau et ancien, ici, nous en sommes encore à une vision Viollet-le-Duc du patrimoine, préférant souvent la Disneyfication à l’innovation.