Québec — Le projet d’écoquartier privé de Cité verte a franchi deux étapes importantes avant Noël: l’accueil de ses premier résidants et le lancement de sa chaufferie urbaine, une première nord-américaine dans le secteur résidentiel.
Il s’agit toutefois d’un démarrage modeste, puisque seulement quatre logements sont habités sur les 800 que comptera le projet une fois achevé. Une trentaine ont été vendus parmi les 63 qui sont actuellement disponibles.
Piloté par le bras immobilier de la compagnie d’assurances SSQ, le projet de Cité verte serait le premier écoquartier à voir le jour dans l’est du Canada. La ville de Québec compte par ailleurs en développer deux autres au cours des prochaines années: D’Estimauville et Pointe-aux-Lièvres.
Le projet comprend une chaufferie urbaine, un système souterrain et automatisé de traitement des déchets, des moniteurs placés dans les résidences pour mesurer la consommation d’eau potable et d’énergie de chacun, des bassins pour recueillir les eaux de pluie, des bornes d’auto-partage, etc.
Or les premiers condos de Cité n’offrent pas toute la gamme des innovations écologiques promises, puisqu’ils se trouvent dans le bâtiment recyclé qui a été conçu à partir de l’ancienne résidence des Soeurs du Bon-Pasteur. Il faudra attendre la construction des bâtiments neufs à partir de 2012 pour voir «la totale», explique la porte-parole Marie Lamontagne.
Par exemple, le système de gestion automatisée des déchets qui doit être construit sous la terre n’est pas encore en place et restera limité dans le bâtiment recyclé, poursuit-elle. Dans les nouveaux condos, les résidants vont pouvoir jeter leurs restes dans des conduites à même leur appartement, tandis que dans le bâtiment recyclé, ils devront se rendre à la réception.
En revanche, le système de chauffage à la biomasse est en état de marche depuis quelques semaines. «On est les premiers à l’offrir dans le résidentiel en Amérique du Nord», a souligné fièrement Mme Lamontagne lors d’une visite des installations un peu avant Noël.
De l’extérieur, la chaufferie ressemble à un silo à grains. Les minuscules copeaux de bois qui l’alimentent sont livrés par camion à l’entrée et acheminés dans le grand silo avant d’être brûlés dans de grands fours. Étant donné qu’une grande partie de Cité verte n’est pas en fonction, un seul des quatre fours est utilisé actuellement.
La combustion n’émet aucun gaz à effet de serre (GES), nous assure-t-on, et toute la chaleur est emmagasinée dans de grands réservoirs. La technologie développée par la compagnie allemande Viessmann permet de répondre à 95 % de la demande en électricité du complexe.
«Ça produit de l’énergie pour le chauffage et pour l’eau chaude de consommation. On a besoin d’électricité [via le système régulier] principalement pour la lumière, et c’est à peu près ça. À pleine capacité, avec les 800 unités, on pense réduire de 30 % la consommation d’énergie.»
Doit-on comprendre que la facture va être de 30 % inférieure? Pas nécessairement. «Ça ne veut pas dire que chaque condo va avoir une facture réduite de 30 %, mais ils vont consommer moins. C’est la copropriété qui va recevoir la facture de la chaufferie, puis ils vont se la répartir.»
Hydro-Québec a investi 5 millions $ en subventions dans ce projet. «Ce qui les intéresse, ce n’est pas tant la biomasse que les moniteurs DHMI qui sont situés dans les appartements pour mesurer la consommation de chaque résidant», poursuit Mme Lamontagne. La société d’État, explique-t-elle, veut analyser le comportement des résidants «en période de forte demande».
Placés à l’entrée des appartements, les moniteurs tactiles mesurent la consommation d’eau, de chauffage et d’électricité. Le gestionnaire de copropriété peut aussi s’en servir pour passer des messages. «Félicitations à M. Stanley pour sa très faible consommation d’électricité!», peut-on lire. «Pensez à réduire la température pendant vos heures de sommeil.»
Or les acheteurs ne se passionnent pas tous pour ces innovations vertes, concède Mme Lamontagne. «À un moment donné, on pensait qu’on aurait des gens avec une conscience un peu plus verte.» Or, «il y en a qui ont un intérêt pour la chose, d’autres pas». Pour certains, le choix de Cité verte est motivé par le désir d’habiter près du centre-ville; pour d’autres, il s’agit d’abord d’un placement, illustre-t-elle.
En plus d’Hydro-Québec, Cité verte a reçu 22,7 millions $ du ministère des Affaires municipales et 5 millions $ du Fonds canadien de l’énergie propre.