Olivier Bossé
Le Soleil
Le gouvernement Legault a trois semaines, au plus un mois, pour conférer à la Ville de Québec les pouvoirs d’enclencher l’appel d’offres de réalisation des travaux du futur réseau structurant de transport en commun. Autrement, un parti anti-tramway porté au pouvoir aux élections municipales de 2021 aura encore tout le loisir de faire dérailler le projet.
«Nous sommes prêts à passer à la prochaine étape, le processus d’appel de propositions. Mais l’autorité pour passer à la prochaine étape est conditionnelle à deux gestes du gouvernement du Québec. Une fois qu’on aura ça, en temps et lieu, on pourra lancer l’appel de propositions», a établi le directeur du bureau de projet du réseau structurant de transport en commun, Daniel Genest, mardi.
M. Genest et le directeur général de la Ville de Québec, Luc Monty, tenaient une conférence de presse virtuelle pour partager leurs réponses aux plus récentes questions de la commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le projet de 3,3 milliards $.
Les travaux doivent s’amorcer en 2022 et la mise en service est prévue pour 2026 et 2027, selon les tronçons.
Dans les documents concernant ces quatre nouvelles réponses transmises au BAPE, on trouve un échéancier actualisé des grands jalons du projet de tramway.
Le «processus d’appel de propositions» apparaît au calendrier au début de septembre 2020. Puis s’enchaînent l’«analyse des propositions», la «clôture financière» et la «signature du contrat». Pour une séquence cruciale qui s’étale sur 12 à 14 mois et se termine entre septembre et novembre 2021.
Les prochaines élections municipales sont prévues le 7 novembre 2021.
Avant le 7 novembre 2021
«Au moment où on lance l’appel de propositions, ça prend 9 à 10 mois pour recevoir les propositions et les prix. Entre le lancement et la confirmation du partenaire privé choisi, c’est 11 à 12 mois. On compte deux mois de plus pour signer le contrat, ce qui nous amène à 12 à 14 mois, qui sont difficilement compressibles», calcule M. Genest.
Tout dépendant du moment où le gouvernement dirigé par François Legault donnera sa bénédiction, il faudra ensuite compter 12 à 14 mois pour que le contrat des travaux, et donc le projet en entier, soit coulé dans le béton. La première semaine de septembre assurerait de régler le dossier avant le 7 novembre de l’année prochaine et les élections municipales.
Un souhait évoqué publiquement dans le passé par le maire Régis Labeaume.
Le gouvernement provincial doit accomplir deux gestes : modifier en ce sens la loi 26 concernant le tramway de Québec et voir son conseil des ministres autoriser la Ville à réaliser l’appel d’offres en question pour d’aussi gros montants.
Un retard dans l’obtention de ces deux clés met-il en péril le projet, l’exposant directement au processus électoral? «On verra dans le futur, mais loin de moi l’idée d’intervenir dans cette sphère», répond M. Genest, qui évite de se mouiller du côté politique.
Glacer le gâteau avant de le cuire
À ce chapitre, le chef de l’opposition officielle à la Ville de Québec, Jean-François Gosselin, ne se fait pas prier. Très critique envers le projet depuis le jour un, M. Gosselin estime cette fois que «l’administration Labeaume veut mettre le glaçage sur le gâteau qui n’est même pas encore cuit!»
«C’est un affront pour la commission d’enquête du BAPE, qui doit remettre son rapport au mois de novembre», poursuit le chef du parti Québec 21. «Le gouvernement du Québec ne doit en aucun cas autoriser la Ville de Québec à passer à l’étape de l’appel de propositions avant que le BAPE remette son rapport et ses recommandations, au mois de novembre.»
Voir aussi : Projet - Tramway.
Le document officiel et un billet précédent sur le mémoire présenté au BAPE par J’y vais en métro
Voir aussi : Projet - Tramway.
Voir aussi : Projet - Tramway.
Le document pour lequel des réponses sont attendues par le BAPE demain (12) à 16:00, et ce, du bureau de projet.
Le document pour lequel des réponses sont attendues dans le même délai, et ce, du ministère des transports.
Voir aussi : Projet - Tramway.
Daniel Dubuc
Opinions
Journal Le Soleil
Pourquoi dépenser des centaines de millions de dollars pour un tramway qui serait tracé sur des voies automobiles déjà congestionnées? Pour les congestionner davantage? Pourquoi ne pas utiliser un transport en commun sans frais, dont les infrastructures existent déjà?
Voici des suggestions
1. Un train démarre à la gare de Lévis, s’arrête à la gare de Charny, puis traverse le fleuve par le pont de Québec pour s’arrêter à la gare de Sainte-Foy pour terminer son trajet à la gare du Palais.
Le pont de Québec ne reçoit présentement que huit trains par jour, il est libre la plupart du temps.
Oui, ce pont est centenaire et a besoin d’un sérieux entretien, Justin Trudeau nous a promis «qu’il s’en occuperait s’il était élu». Mais peut-être que le prochain gouvernement s’occupera plus sérieusement de ce problème et fera comprendre au CN qu’un entretien est à venir et que l’utilisation du pont devra être partagée avec le transport en commun.
Ainsi, le CN pourra «se vanter» d’avoir contribué au transport en commun de Québec.
2. Si vous voyagez en automobile en Floride à partir de Québec, vous utiliserez l’autoroute 95.
1re solution : Une fois arrivé en approche de Washington, vous pourrez rester sur la 95 et traverser Washington par son centre-ville et subir des ralentissements importants à cause de la densité du trafic. Vous allez perdre des heures.
2e solution : Vous bifurquez sur la 295 qui vous fera passer par les banlieues de Washington. Bon choix si vous êtes hors des heures de circulation, mais si vous êtes dans ces heures, prévoyez quelques heures de plus.
3e solution : Choisissez la 495 qui contourne complètement Washington. Ce sont des kilomètres de plus, mais beaucoup de temps épargné. C’est ce qu’utilise tout le transport de marchandises.
Québec ressemble à Washington pour la circulation!
Tout ce qui vient de l’ouest de Québec (Montréal, Ontario et les provinces de l’ouest) et qui est destiné aux provinces de l’Atlantique (et vice-versa) doit, et ne peut passer ailleurs que par Québec.
Alors oui, les ponts et l’autoroute de la Capitale sont engorgés.
Avez-vous remarqué que lorsque l’autoroute de la Capitale fût construite dans les années 60, on la fit terminer abruptement sur le bord du fleuve pointant directement vers l’île d’Orléans pour rejoindre éventuellement l’autoroute 20 de l’autre côté du fleuve ?
On avait probablement retenu une leçon de Washington et qu’un «troisième lien» permettrait, comme à Washington, au transport de marchandises de contourner Québec plutôt que de traverser la ville en encombrant la circulation de camions de transport.
Voir aussi : Projet - Tramway.
La lettre du BAPE au bureau de projet (7 août 2020)
Voir aussi : Projet - Tramway.
Voir aussi : Projet - Tramway.
Audrey Paris
Radio-Canada
La firme Civilia s’est vue confier le mandat de renouveler l’étude d’achalandage du projet de tramway pour y inclure les plus récents changements, comme l’abandon du trambus.
Le ministère des Transports (MTQ) confirme que le mandat est évalué à 88 000 $ et que les résultats sont attendus dès cet automne.
Le MTQ ajoute que le contrat a été octroyé le 21 juillet. L’analyse de la firme portera sur l’estimation de l’achalandage global et sur le retrait du volet trambus dans le projet de réseau structurant de transport en commun (RSTC).
Le ministère pourra ainsi porter un jugement sur la modélisation de l’achalandage qui a été utilisée par la Ville de Québec, précise un porte-parole du ministère, Nicolas Vigneault.
Le mois dernier, la Ville de Québec avait finalement acquiescé à la demande du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour qu’il y ait une étude d’achalandage renouvelée qui soit produite.
Le MTQ assure que ses équipes qui travaillent sur le RSTC et le 3e lien entre Québec et Lévis travaillent de concert avec la Ville afin de bien arrimer les analyses en cours.
Par le fait même, le ministère confirme que les analyses de l’achalandage pour le tunnel entre les deux rives sont en cours et que les résultats sont attendus également cet automne. Cette étude est effectuée par le ministère et le Groupement mobilité inter-rives, composé des firmes Stantec, Tetra Tech et Hatch.
Il est prévu que cette étude prenne compte l’incidence du 3e lien sur l’achalandage du tramway.
Pas de tracé commun
Le MTQ a aussi remis ses réponses aux questions du BAPE qui visent, entre autres, à préciser le lien entre le projet de tunnel entre Québec et Lévis et le projet de tramway.
Dans ce document de six pages, le MTQ indique qu’il n’y aura aucune portion du tracé qui sera conjointe ou parallèle, entre les deux projets. Toutefois, peu importe le tracé retenu pour le tunnel entre Québec et Lévis, une connexion aux réseaux de transport collectif est prévue, est-il aussi écrit.
Cet énoncé laisse entendre que la fusion des deux projets, comme proposée par Démocratie Québec, est moins probable.
Dans son document de réponses, le MTQ n’a pas pu répondre à une question concernant les mesures concrètes pour intégrer le transport en commun dans le projet de tunnel. Il est cependant précisé que ces mesures sont toujours cours d’analyse et qu’elles seront dévoilées au moment opportun.
Le MTQ rappelle que deux tracés sont toujours à l’étude, dont celui qui relie l’autoroute 20 à Lévis (rue Monseigneur-Bourget) à l’autoroute Laurentienne à Québec; soit le tracé qui est privilégié.
Le tracé passant sous l’île d’Orléans est toujours à l’étude.
Les travaux pour le projet de 3e lien à Québec devraient commencer en 2022.
La réponse du MTQ qui est vraiment à lire
Voir aussi : Projet - Tramway.