François Bourque
Le Soleil
CHRONIQUE / Le projet de tramway de Québec vient de prendre un virage important qui devrait permettre d’améliorer l’acceptabilité sociale et de calmer certaines critiques.
Il était temps.
Le «déclic» s’est fait à la mi-décembre, lors du dépôt de l’étude d’impact sur l’environnement. La réflexion s’est poursuivie ensuite pendant le temps des Fêtes, rapporte le directeur du projet, Daniel Genest.
On en mesure depuis quelques jours les premiers résultats tangibles : sorties média de M. Genest pour expliquer le projet; relocalisation probable du pôle d’échange du Phare; mot d’ordre donné à l’interne de «mettre l’emphase sur le confort» des stations.
La commande est venue d’en haut : «Mieux communiquer». Cela se traduira par une plus grande disponibilité du bureau de projet à répondre aux questions des médias et des citoyens.
Ce changement (non officiel) de porte-parole est bienvenu après les ratés de la dernière année.
Si la tendance annoncée se maintient, on devrait sentir plus d’assiduité à répondre, moins d’exaspération devant les questions, plus empathie pour les citoyens et plus de cohérence dans les explications.
Québec va par ailleurs former quatre comités de «bon voisinage» pour suivre le projet. Un pour chaque grand tronçon du tramway soit Charlesbourg–Saint-Roch, Saint-Roch–colline Parlementaire, Montcalm–Université Laval et Université–rue Le Gendre.
Ces comités de 12 à 15 personnes vont réunir des élus, des citoyens, des gens d’affaires, des groupes communautaires et des membres du bureau de projet.
On aurait pu imaginer que le maire voudrait lui-même donner le ton à cette ère nouvelle de communications lors de sa première sortie publique au retour des fêtes en marge du conseil municipal.
Ce fut exactement le contraire. Régis Labeaume a préféré envoyer promener les collègues journalistes qui l’ont questionné sur le récent sondage montrant un recul de l’appui au projet de tramway. Un spectacle désolant. «La bête est comme ça.» Je reprends ici l’expression que lui-même utilise pour se décrire.
M. Genest a révélé cette semaine que la localisation du pôle d’échange du Phare est désormais remise en question. Pas complètement écarté encore, mais il y a maintenant cinq scénarios sur la table, tous entre la rue Lavigerie et la route de l’Église.
L’objectif premier d’un tel pôle est d’assurer l’efficacité des échanges intermodaux (tramway-autobus).
Un pôle d’échange plus près de la route de l’Église permettrait un trajet de tramway plus direct vers le nord; serait moins compliqué à construire; permettrait de raccourcir le tunnel et peut-être l’éliminer, ce qui serait beaucoup moins coûteux.
Déplacer le pôle d’échange éviterait aussi d’ajouter aux problèmes de circulation à l’entrée des échangeurs des ponts.
J’avais soulevé ces enjeux au début de l’automne dernier dans une série de textes et j’ai reposé la question quelques fois depuis. Pas plus tard qu’il y a deux semaines encore.
(…)
AFFRONTER L’HIVER
Russie, Japon, Finlande, France, etc. Il y a d’innombrables exemples de tramways anciens et modernes qui roulent dans des villes d’hiver.
Toutes n’ont pas le climat de Québec avec ses froids, sa neige et ses épisodes de verglas, mais le directeur de projet de tramway de Québec, Daniel Genest, ne s’inquiète pas.
Avec une fréquence de tramway aux quatre minutes en heure de pointe, la neige n’aura pas le temps de s’accumuler sur les voies. Les trams vont balayer la neige à mesure ou presque. Et lorsqu’on annoncera de fortes précipitations de neige ou de verglas hors des heures de service, il explique qu’on fera circuler des véhicules la nuit au besoin.
Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais de déneigement à faire sur les voies, mais il y a peu de crainte de voir les tramways s’enliser.
J’ai trouvé sur YouTube une petite vidéo montrant l’avancée d’un vieux tramway dans les rues de Sapporo après une importante chute de neige.
J’en ai retenu plusieurs choses intéressantes :
1- Les tramways avancent même sur des voies enneigées.
2- Le tram de Sapporo est lent parce que toujours arrêté aux feux de circulation. Québec a fait le choix de donner au tramway une priorité absolue aux feux (sauf pour les véhicules d’urgence). C’est une très bonne idée. Essentielle même pour espérer un peu d’efficacité.
3- Les trams de Sapporo partagent la chaussée avec les voitures, ce qui les force à ralentir et accroît les risques d’accrochage et d’accident. Le tram de Québec sera à l’abri sur une plate-forme exclusive (sauf pour deux courts tronçons). Une autre bonne idée.
Le texte intégral de l’article