La Ville de Québec procède en ce moment au recensement des bâtiments du patrimoine moderne (1940-1980) sur son territoire. Pour prendre part à l’exercice, faites parvenir des informations, des photos ou encore des documents d’archives de bâtiments de cette époque à l’adresse : patrimoineurbain@ville.quebec.qc.ca.
La banlieue, un nouveau mode de vie
Il est presque impossible d’aborder la modernisation de la Ville de Québec sans parler de ses infrastructures routières. Ce réseau imprime alors son influence sur l’aménagement de la Ville, mais aussi et surtout sur le développement des banlieues. En 1929, en plein contexte de crise économique, les infrastructures sont à l’origine des premières initiatives de modernisation du centre-ville. L’érection de l’édifice Price (Ross et Macdonald, 1931) de style Art déco marque cette période.
Comme dans le reste de l’Amérique, les années quarante marquent la croissance spectaculaire de la population dans les banlieues. Durant cette période de baby-boom, l’exode des jeunes familles vers les banlieues est facilité par l’essor de l’automobile et la construction de grands axes. L’aménagement du campus de l’université Laval à Sainte-Foy (Édouard Fiset, 1950 à 1960) et la construction de son premier centre d’achat (Place Sainte-Foy, 1957) contribuent à ce développement. À cette époque, la création de la Société centrale d’hypothèque et de logement (SCHL) est vouée à favoriser la construction de résidences unifamiliales pour la classe moyenne. Le type dominant des banlieues, le bungalow (1947-1963) est une petite maison de tradition californienne inspirée du modèle des Prairie Houses de Frank Lloyd Wright. L’aménagement de ces villes nouvelles permet la création de nombreux groupes résidentiels coopératifs comme le Parc Boudreau (1954-1965) dont le plan d’ensemble est alors dessiné par l’urbaniste Jean-Claude La Haye, le même qui présidera au réaménagement de la colline Parlementaire dans le contexte des années soixante. Le parc Boudreau est identifié comme un aménagement exemplaire de cette époque avec son échelle humaine, ses rues au tracé sinueux et son noyau religieux institutionnel et communautaire.
Dans le même registre, il est pertinent de mentionner la contribution de la première femme architecte au Québec, Pauline Roy-Rouillard, qui a ouvert son propre bureau en 1961 et qui réalisera de nombreux plans d’intérieurs et les plans de plusieurs résidences de Sillery.
L’émergence d’un nouveau paysage
Nombre d’édifices civiques et commerciaux sont aujourd’hui reconnus comme ayant participé à la modernité architecturale du paysage la Ville de Québec, ainsi que de son environnement urbain. En plus des hôtels de ville et bâtiments institutionnels, ces réalisations comptent aussi des installations sportives (Colisée de Québec, Blatter et Caron, Rinfret et Bouchard, 1950 ), des équipements et des caisses populaires à l’architecture audacieuse (la Caisse Notre-Dame-du-Chemin, 1963, Jacques Racicot et la Caisse populaire Saint-Pascal de Maizerets, 1972, André Robitaille). Les églises modernes font elles aussi partie du paysage architectural des banlieues. L’originalité de certaines réalisations révèle l’existence de « bâtisseurs d’églises » novateurs et incontournables pour l’histoire de l’architecture moderne à Québec. C’est le cas de Jean-Marie Roy ou du groupe d’architectes Laroche Richtot Déry. À Québec comme ailleurs dans la province, les églises modernes connaissent les défis contemporains que présente leur reconversion. Certaines de ces réalisations prouvent que ces lieux connaissent l’affection de la population. Par exemple, la reconversion de l’ancienne église Saint-Denys du Plateau à Sainte-Foy (Jean-Marie Roy, 1964) en bibliothèque Monique Corriveau (2014, Dan Hanganu architectes) est considérée comme exemplaire.
Les précurseurs de la modernité à Québec
Parmi les réalisations novatrices, il faut mentionner les villas réalisées par des architectes précurseurs de la modernité à Québec. Parmi les plus connues, la maison Kerhulu de l’architecte suisse Robert Blatter et Fernand Caron. Cette villa située dans le site patrimonial de Sillery est érigée entre 1939 et 1945. Elle présente une esthétique cubiste alors peu répandue au Québec. Entre autres exemples remarquables, la résidence d’André Robitaille (1957) présente aussi une esthétique en phase avec celle du mouvement moderne à l’échelle occidentale (pilotis, dalles continues, plan libre, abondante fenestration et intégration au site). Enfin, la résidence du ministre de l’Éducation Paul Gérin-Lajoie (1964) figure parmi les résidences modernes remarquables du site patrimonial de Sillery. Elle est conçue par la firme Papineau Gérin-Lajoie Leblanc architectes qui réalisent alors d’importants projets, notamment le pavillon du Québec à l’Expo 67.
Après un exode obligé des étudiants vers Montréal depuis la fin des années 1920, le renouveau moderniste à Québec prend un nouveau souffle lors de l’ouverture de l’école d’architecture à Québec en 1960 sous la direction de Noël Mainguy. Le programme emploie alors une équipe de professeurs-architectes qui figurent parmi les protagonistes modernes de la Capitale : Evans Saint-Gelais, Jean-Marie Roy et André Robitaille.
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