Charles D’Amboise
Radio-Canada (Québec)
Il y a cinq ans, la Ville de Metz a lancé le Mettis, un réseau de « bus à haut niveau de service ». En regardant dans le rétroviseur, les autorités de la ville de l’Est de la France estiment que le succès du Mettis repose en grande partie sur une communication efficace entre les autorités, les citoyens et les commerçants. Retour en trois temps sur des mesures qui pourraient inspirer la Ville de Québec dans l’implantation de son nouveau réseau de transport collectif.
Consultation en amont
Avant de débuter les travaux qui se sont échelonnés sur trois ans, la mairie de Metz a tenu quelque 70 réunions publiques.
« Le maire était présent lors de chaque réunion en compagnie de techniciens en aménagement urbain, indique Stéphane Rossano, porte-parole de METZ métropole, qui regroupe 44 villes dans l’est de la France. Ils ont expliqué les bénéfices de ces nouveaux systèmes et comment allaient se dérouler les travaux. »
« On n’a pas inventé l’eau chaude. Les gens comprennent quand on leur explique en langage simple, avec des schémas », note M. Rossano.
Le Mettis en chiffres
Deux lignes qui s’étirent sur près de 17,8 km;
39 stations et 3 parcs de relais;
des autobus d’une longueur de 24 m dotés de moteurs de type hybride diesel-électrique;
coût du projet : 230 millions d’Euros (350 millions $).Les autorités municipales se sont toutefois butées aux nombreuses inquiétudes de la part des commerçants, qui craignaient de lourdes pertes financières lors des travaux. On appréhendait également une réduction des espaces de stationnement en raison des voies et des espaces réservés au Mettis.
Pour calmer leurs inquiétudes, la Ville de Metz a envoyé une délégation de commerçants à Strasbourg, où la ville possède un système de transport semblable.
« Les commerçants ont réalisé qu’au final, la qualité de vie s’en ressent parce qu’on a réaménagé les rues avec des pistes cyclables et des espaces végétalisés, souligne M. Rossano. À Strasbourg, plus personne ne veut revenir à la situation d’il y a 10 ans [lorsqu’il n’y avait pas de système de transport]. »
Pendant les travaux
Conscient des pertes financières encourues par les commerçants lors des travaux, la Ville de Metz a mis sur pied un comité chargé d’indemniser les commerces touchés. « Les commerçants ont eu des remboursements selon leur chiffre d’affaires », souligne M. Rossan.
Une importante campagne de marketing a également été mise en branle. Partout dans les espaces en construction, on pouvait voir des affiches mettant en vedette Clara, une adolescente portant un appareil dentaire.
« Clara est perturbée par son appareil ; ce n’est pas évident, ce n’est pas beau. Mais dans quelque temps, elle retrouvera son sourire. C’est une période obligatoire, mais au final, c’est un mal pour un bien », illustre M. Rossano.
Après le lancement
Cinq ans après le lancement, le projet de transport s’avère une réussite, aux yeux des autorités. Grâce à plusieurs mesures incitatives – dont une période de gratuité lors du lancement – l’objectif de fréquentation fixé pour 2020 a déjà été dépassé. En tout, 40 000 passagers utilisent quotidiennement le Mettis.
Le portrait des usagers des transports collectifs a aussi évolué. « À l’époque, les gens qui utilisaient les bus, c’était les gens moins nantis, rappelle M. Rossano. Aujourd’hui, la clientèle a changé. Plusieurs cadres supérieurs utilisent le Mettis. Il y a eu des changements de clientèle, mais également une bascule des consciences. »
Par-dessus tout, le projet de transport a permis de réduire la congestion routière au centre-ville. « Les gens ont remarqué que les Mettis circulent beaucoup plus rapidement que les voitures […] Les gens ont naturellement fait le choix des transports en commun. »