François Bourque
Le Soleil
CHRONIQUE / Un péage sur un troisième lien serait contre-productif pour réduire la congestion sur les ponts actuels entre Québec et Lévis.
Après avoir rejeté il y a quelques mois l’idée d’un péage sur un troisième lien, le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) se dit aujourd’hui prêt à l’envisager.
Un principe économique élémentaire veut cependant que plus ça coûte cher, moins les gens en achètent.
Imposer une tarification dans un futur tunnel Lévis-Québec aura un effet dissuasif pour sur les futurs utilisateurs. Sauf pour ceux qui y trouveraient un grand bénéfice en leur permettant d’échapper à la congestion.
Les études origine-destination montrent cependant que la grande majorité des utilisateurs actuels des ponts habitent l’ouest de Lévis et vont travailler ou étudier dans l’ouest ou au centre de Québec.
Pour ces citoyens, il y aura peu d’intérêt à faire un long détour par un troisième lien à la hauteur de l’île d’Orléans sur des autoroutes 20 et 40 déjà congestionnées aux heures de pointe.
Si on leur demande en plus de payer pour emprunter le tunnel, il restera de moins en moins de volontaires et l’impact sur la congestion actuelle sera nul.
Même des clients «naturels» d’un troisième lien, résidents de Bellechasse ou de Montmagny par exemple, pourraient choisir d’ignorer le tunnel pour éviter d’avoir à payer.
Je n’ai rien contre le principe de l’utilisateur payeur, mais encore faut-il y mettre un peu de cohérence et ne pas saboter par un péage l’objectif qu’on dit poursuivre.
Si l’objectif est vraiment de soulager la congestion sur les ponts et si le gouvernement est ouvert à un péage, ce n’est pas l’accès au troisième lien qu’il faudrait tarifer, mais l’accès aux ponts actuels. Il n’est même pas nécessaire d’attendre un troisième lien, ça pourrait se faire dès maintenant.
Une tarification sur le modèle du pont de l’autoroute 25 à Montréal avec un droit de passage plus élevé en heure de pointe, pourrait avoir un impact instantané sur la congestion.
Si ça coûte plus cher de traverser à l’heure de pointe, les gens tenteront de devancer ou retarder leur déplacement, ce qui atténuera la pression sur l’heure de pointe.
Une tarification accrue des stationnements sur le territoire de Québec (et de Lévis) aurait aussi un impact sur la congestion. Pour éviter de payer, des citoyens se tourneraient vers le covoiturage ou le transport en commun, ce qui pourrait réduire le nombre de voitures sur les routes et la congestion.
Vous savez comme moi que le gouvernement de la CAQ n’imposera de péage sur les ponts de Québec ou Pierre-Laporte. Ni sur les stationnements.